Lole › Sugary and Dry

Lole est suisse. Et ce n’est pas une blague. Lole chante en anglais, et c’est très bien ainsi. Si la musique folk reste le fil rouge qui agrémente le parcours de ce "Sugary and Dry", la belle rousse étale au grand jour son goût du risque en s’essayant à des exercices de style aussi variés que la samba minimaliste de "A Maybe Is Not a No" ou encore le jazzy blues de "Please". Pari réussi. De fait, il y a de très belles choses sur ce disque ; des chansons simples, d’une beauté lasse et évidente comme "Let It Go", "Pay" ou "Crawl Alone". Il y a aussi des chansons avec un peu plus de corps comme "Instead" ou le très Portishead old-school "Dawn", capables de distiller des ambiances vénéneuses tout à fait délectables. Et puis, et c’est toujours la même histoire ; sous prétexte de donner une pulsation à une musique, dans l’unique but d’attirer le chaland que l’on croit à tort trop demeuré que pour pouvoir la déceler dans ses nuances, il y a cette foutue batterie plate et terne qui vient gâcher la fête sur quelques compositions calibrées radio friendly ("Anyway", "A Home I Cannot Grasp" ou "Wake Up"). Personnellement, vous aurez compris que je me serais passé volontiers de ces quelques titres racoleurs, mais il faut bien se rendre compte que tout ceci découle d’une démarche on ne peut plus logique, limpide. C’est à dessein qu’elle ratisse large. Ça cherche le succès et ça fait tout pour l’avoir. Vous dire qu’elle a ouvert pour des artistes tels que Joe Cocker, Paul Simon, Elysian Fields, Marianne Faithfull et Alain Bashung, c’est prendre la mesure du potentiel de la suissesse à confédérer autour d’elle un large panel de sensibilités diverses.