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Synergy › Cords

cd • 12 titres • 45:36 min

  • 1On Presuming to be Modern 3:06
  • 2Phobos and Deimos go to Mars: Phobos 3:45
  • 3Phobos and Deimos go to Mars: Deimos 3:29
  • 4Sketches of Mythical Beasts 3:32
  • 5Disruption in World Communications 4:18
  • 6On Presuming to be Modern II 2:58
  • 7A Small Collection of Chords 1:25
  • 8Full Moon Flyer 7:43
  • 9Terra Incognita 3:50
  • 10Trellis 3:38
  • 11On Presuming to be Modern III 3:25
  • 12Phobos and Deimos- Radio Edit (Bonus Track) 4:12

informations

Composé et programmé entre Septembre 1977 et Avril 1978. Enregistré au Synergy Studio et au House of Music à West Orange au New Jersey

L'histoire de Cords est sur le site web de Synergy: http://synergy-emusic.com/cords.html

line up

Larry Fast (Moog, Oberheim Electronics, 360 Systems, Musitronics, Eventide Clockworks, le Synergy Sys. Paia, Russ Hamm Guitar Synth, Mos Technology (KIM-1). Apple Computer Corp., Aphex Sys., Loft Modular Devices)

Musiciens additionnels : Peter Sobel (synthétiseurs et guitare synthétiseurs)

chronique

Ça faisait longtemps que je voulais vous parler de Synergy; l'un des plus importants bastions de la MÉ moderne. Et j'ai décidé d'enfoncer le clou lorsque j'ai écouté, par ennui pour ces doux jours oubliés dans le coin de ma mémoire, l'édition remasterisée de “Cords” offerte par Polydor. Et comme en 1978, je suis tombé sur le cul! La musique de “Cords” est un intense voyage entre l'abstrait et les perversions atmosphériques d'un univers sonique où les maîtres de l'époque n'avaient osé encore aller. “Cords” c'est une symphonie électronique. Une vraie symphonie électronique où les sons, les gargouillements, les crissements et les lamentations des machines forment une étonnante symbiose. Et Larry Fast dissèque cette ossature harmonique qu'est le voyage de Phobos et Deimos en multitude de petits segments qui au final peuvent se ressembler mais ont juste ce qu'il faut dans les tons et les nuances pour se distancer et offrir un panorama musical dont l'évolution instaure un climat de hantise qui s'accroche à chaque fibres de nos tympans. Et peu importe les histoires qui entourent “Cords”, lorsque nous avons les oreilles immergées dans sa musique nous savons que nous sommes dans le cœur de sa bête aux milles fils et boutons: le Moog et le Oberheim.
En 1978, le vinyle est blanc. Et lorsque le bras Itok le percute doucement, c'est un étrange filet de bruits blancs qui émerge des haut-parleurs. Et tombent les strates de synthé dont les arabesques surfent sur les roulements de grosses caisses. "On Presuming to be Modern " transcende les approches symphoniques des deux premières œuvres de Synergy sur cette ouverture de “Cords”. Les couches de synthé sont oblongues et leur descente est vertigineuse. Déjà le monde métaphysique de “Cords” s'étend et s'entend dans nos oreilles avec une foule de bruits suspects, dont des murmures absents, qui suintent parmi les grosses frappes de percussions et les chants des oiselets éraillés. L’ambiance? Tétanisante! Entre l'euphonie et les crissements des synthés, l'angoisse (ou l'émotion?) étendra son piège de cristal qui graduellement tiendra nos deux hémisphères en alerte d'une écoute hallucinante. Bienvenue dans “Cords”! Et "Phobos and Deimos go to Mars" percute nos oreilles avec une bataille de touches de séquenceur qui s'entrechoquent dans leurs tonalités les plus disparates, forgeant un puissant et étonnant rock électronique qui n'a jamais été égalé à ce jour. Faut entendre cette ligne de basse, hargneuse et vicieuse, mordre tout sur son passage. Que ce soit la douceur des strates qui tentent d'étendre des filets harmoniques sur ce rythme débridé ou ces séquences qui éclatent comme des frappes de dactylos prises dans un tsunami, la ligne de basse reste furieuse et imite à merveille les courses effrénées que Tony Levin fait sur son manche. Elle court et grimpe sur un rythme lourd et dont la superbe transition avec le voyage de Deimos est un des points les plus percutants de “Cords” qui tempère à coup de chagrin la fureur de son rythme endiablé dans les bourrasques des solos torsadés d'un Moog qui se lamente comme un nourrisson en manque. Stupéfiant! "Phobos and Deimos go to Mars" est, à mes oreilles, le titre le plus percutant et incisif de l'histoire de la MÉ moderne. Des accords isolés tombent comme des flocons de neige noire et les synthés étendent leurs strates philarmoniques, entraînant "Sketches of Mythical Beasts" dans une lente valse où tout tourne dans des cercles saccadés et érodés. Sournoises et ondulantes, les lignes de basse grommèlent un dialecte de bête agonisant dans les méandres du filage d'un Moog qui multiplie des lignes aux odes contradictoire, fusionnant mélodies Straussiennes et lamentations utérines dans un canevas musical devenu de plus en plus angoissant. Spectrale, les délicates notes qui ouvrent "Disruption in World Communications" font penser à une ritournelle pour gamins gambadant dans des corridors où dort justement la bête aux milles fils et boutons. Un très beau clavecin amplifie cette approche d'innocence qu'un lourd mouvement de synthé croque de ses cris démentiels qui tournent en cercles dans un intense et bruyant décor musical.
"A Small Collection of Chords" ouvrait la face B avec de fines notes carillonnées qui sont dessinées dans la candeur d'un clavecin. Elles chantonnent avec naïveté sur une belle structure harmonique. Nous entrons dans le volet plus atmosphérique de “Cords”. On plonge dans les ambiances baroques du temps des vampires (Le Bal des Vampires) avec cette courte mélodie qui asperge de son innocence les pans de "Full Moon Flyer" dont l'intro est aussi envoûtante qu'un concerto pour cors et violons. Mais la bête sort de son œuvre. Elle sort avec des roulements de tambour pour gémir dans un dialogue organique où les gargouillements se mêlent à de véritables pleurs d'un synthé qui alimente cette scène dramatique avec des coups de strates qui valsent comme des tombées de feuille dans un automne sec. C'est abominablement intense et poignant. Et c'est superbement tissé dans la hantise la plus viscérale. La finale inonde nos oreilles de sirènes hurlantes, qui couvrent les harmonies d'une orgue oubliée dans ce décor surréaliste et empiètent sur le festin des lamentations qu'est "Terra Incognita". L'intro de "Trellis" tombe dans nos oreilles avec sa grosse ligne de basse et ses morsures gémissantes qui roucoulent lourdement dans de amples oscillations. Tout est de folie dans ce court titre qui tente une percée mélodieuse dans ce bouillon instable qui finit dans un tintamarre somme toute assez harmonieux. "On Presuming to be Modern III" diffère de ses deux petits frères avec une approche plus sombre et théâtrale. C'est une finale imprégnée des rythmes et ambiances, finement disséqués, d'une œuvre qui vous poursuivra toute votre vie. Cette édition remasterisée offre la version radio de "Phobos and Deimos" qui est ici plus axée sur son rythme endiablé.
Avec ses rythmes et ses ambiances aux diapasons de leurs démences “Cords” explique à lui seul toute les possibilités d'une forme musicale dont l'arrivée du numérique a tué dans l'œuf ses innombrables possibilités. Lorsque nous entrons dans “Cords”, nous savons que nous sommes dans un endroit unique. C'est un peu comme si nous étions littéralement dans le cœur d'une immense bête musicale et que nous l'entendons lutter pour sa survie et dont ses larmes et gémissements se cristallisent avec toute ses émotions en forme musicale dans l'air ambiant. C'est un chef d'œuvre et un incontournable de la MÉ moderne qui fait parti de mon top 10 à vie. Chapeau Larry Fast!

note       Publiée le mercredi 27 mars 2013

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Gros Bidon Envoyez un message privé àGros Bidon

Voila un vinyle qui était resté dans mes archives sans que j'y prête une attention particulière comme beaucoup d'autres albums de mes jeunes années. Il faut un Phaedream pour le déterrer et bien lui en a pris. Par chance, l'album est disponible en 24/96 sur Qobuz ce qui m'a évité un gros nettoyage de vinyle et un énervement à chaque craquement. Alors ce disque est-il aussi bien que ça ? Les compositions sont d'inspiration classiques (musique classique) donc très harmonieuses et agréables à écouter. Parfois on pourrait croire à un orchestre symphonique enrobé dans de superbes fresques synthétiques. Il y a bien une grande habilité dans cette composition pourtant elle est très loin des grands génies de cette époque (Jazz ou Rock). Même si son travail est celui d'un bon élève, il manque toutefois à Larry Fast une certaine audace créative qui lui aurait permis de franchir le seuil des albums historiques.

Note donnée au disque :       
Rudi Envoyez un message privé àRudi

J'ai aussi commencé à jeter une oreille sur Youtube (mais à peine commencé). Intéressant ! C'est typique de certaines découvertes, sans la critique de Phaedream je n'aurais pas écouté ce genre de truc plus de 1 minute. Pfff, les sons ! Mais du coup ça m'intrigue je vais écouter ça un peu en boucle et je vous dis plus tard comment je trouve. En tout cas encore chapeau et merci Phaedream pour tout ce que tu me permet de découvrir. Longue vie à toi !

Phaedream Envoyez un message privé àPhaedream
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C'est vrai, j'avais oublié de faire les liens avec Peter Gabriel qui, selon ce que j'ai appris, a choisi le nom des titres sur Cords. Mais j'ignorais par contre que Larry Fast avait joué avec Kate Bush. Merci pour l'info mangetout :-)

mangetout Envoyez un message privé àmangetout

Je ne connaissais pas ce projet ni d'ailleurs ce qu'avait pu faire Larry Fast en solo mais par contre en tant qu'amateur de Peter Gabriel ce nom ne m'était pas inconnu (il joue aussi sur un album de Kate Bush), il serait bien, je trouve, cher Phaedream, de faire des liens avec ces disques donc (de mémoire les 4 premiers Peter Gabriel et "Never for ever" de Kate Bush). Étant en train de découvrir cet album par l'entremise de youtube je ne me permettrais pas de donner un avis définitif, tout ce que je peux dire c'est que ça s'annonce bien.