Nautilus › Along the Winding Road

Plus progressif et poétique qu’électronique, ce dernier effort de Nautilus est une œuvre posthume pour un ami tué en Iraq, au printemps 2004. Une sombre réflexion sur les guerres et ses effets collatéraux, sur une musique électronique fort différente de ce que nous avons l’habitude d’écouter. Très lyriques les guitares remplacent les envolées des synthés, sur de bons séquenceurs aux rythmes fluides et des mellotrons enveloppants qui sont au cœur de cette mélancolique et harmonieuse saga musicale répartie sur 12 titres.
Pourtant c’est avec un air d’euphorie, de joie que débute ce 6ième opus de Nautilus. Winding Road vous accrochera les oreilles avec une guitare acoustique vivante, aux harmonies accrochantes sur fond d’orgue passif. Nous plongeons aux limites d’un New Age à la Checkfield ou encore Lanz & Speers. Mais Free Flying Spirits replace un peu plus la musique dans son contexte. Un long titre sur des séquences à la Mergener /Weisser (Software) avec beau mellotron enveloppe cette ambiance mi Berlin School, alors que les cordes d’une guitare pleureuse sont pincées avec une tranchante dextérité, établissant les couplets et refrains musicaux qui nous hantent tout au long de Along the Winding Road. Ce titre, ainsi que Cycle of Life et le très électronique Green was the Colour sont un habille mélange d’harmonies accrochantes sur de belles séquences roulantes et hypnotiques.
Avec Strawberry Dream nous pénétrons dans l’univers plus sombre de ce dernier opus de Nautilus. Un mouvement statique qui coule sur un sombre mellotron et des guitares aux sonorités posthumes. Heaven’s Call croule sous une sombre noirceur nostalgique, avec une guitare plus bluesy. Ce côté sombre de Along the Winding Road est le parfait balancier aux titres plus légers. Des titres comme Running Through The Storm, avec une approche tribale surprenante, les lourds et tristes Burning Head et Improvised Requiem, Sweet Darkness et The End, Isn’t it…offrent un côté poétiquement sombre où la tristesse et l’indignation se sentent à fleurs de cordes. Un beau mélange d’électronique sombre et lyrique qui traîne sa tristesse sur des souffles de mellotrons obscures et de très belles guitares.
Bien qu’aussi harmonieux que In Search of Castaways, Along the Winding Road trempe dans une lourde atmosphère qui saisit l’âme. Un superbe mélange d’un mélancolique Mike Oldfield et des Moody Blues sur des séquences à la Software, dans un décor sombre et envoûtant. Un bel album, tout ce qu’il y a de plus lyrique, axé sur de belles guitares, des ambiances brumeuses profondes et nostalgiques et des séquences accrochantes qui donnent le cachet électronique nécessaire pour éviter les comparaisons avec le New Age. Sombre, poétique et beau pour la grisaille de l’âme.