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KINDERTOTENLIEDER

par Wotzenknecht › samedi 10 novembre 2007

Conception : Gisèle Vienne. Texte : Dennis Cooper. Musique : KTL (Stephen O'Malley & Peter Rehberg), + enregistrement de 'The sinking belle(dead sheep)' par Sunn0))) & Boris. Plus d'information ici : http://www.les-subs.com/gisele-vienne.htm

Une chronique de spectacle sur Guts ? Oui, simplement parce qu’il est étroitement lié à la musique, par la collaboration conjointe de Stephen O’Malley (Sunn0))), Khanate & autres joyeusetés sismiques) & Peter Rehberg (du projet ‘Pita’ & directeur du label Mego) qui unissent leur force sur ‘KTL’, duo formé pour l’occasion, avec déjà quelques sorties à leur actif, et qui jouent certains titres en accompagnement de la pièce, réalisée par Gisèle Vienne en collaboration avec Dennis Cooper (écrivain dont les thématiques rappellent les sphères de Burroughs ou Sotos). Outre le grand plaisir de voir des bourgeoises intello puant le snobisme et le Chanel se faire démonter les oreilles par O’Malley, Kindertotenlieder parle d’inconscient collectif, de fantasmagorie, d’univers irréel où les corps de jeunes adultes en vêtements de métalleux partagent la scène avec de troublantes poupées taille réelle, aussi immobiles que les comédiens au début de la pièce. L’œuvre se veut totale, depuis les drones monocordes de SOMA à la neige artificielle et aux effets de lumière, tout favorise l’immersion et exagère la dimension ‘artificielle’ (au premier sens du terme) des fêtes païennes, de la représentation de la mort et du sexe. Ils sont une quinzaine, au début, à se partager une scène embrumée qui empêche le spectateur de savoir où et combien il y a d’acteurs parmi les faux personnages. Puis certains vont bouger, très lentement, souvent de façon distractive afin de nous empêcher de voir les mouvements des autres. On se retrouve souvent surpris de voir tel personnage debout alors qu’il était au sol ; bref, la coordination est bluffante et l’intérêt toujours ravivé, notamment par certaines scènes violentes et spontanées, sorte d’élan sexuel dans le vide, comme le tabassage d’un garçon par deux autres, le coup de pied à la face d’un mannequin ou l’humiliant déshabillage d’un des acteurs, obligé de se rouler dans la neige au pied de son agresseur. Les adolescents vivent au rythme du ‘concert’, ne veulent pas grandir ni sortir de leur irréalité : ''« I’m boring. You’re boring. Sex is boring. Being tortured is boring. Being killed is boring.»'' Le réel a perdu tout intérêt, seul subsiste cette fascination du fantasme devenu spectacle : la mort est une danse, le sexe est une violence. KTL remplit l’espace pour un très beau final où la comédienne principale qui avait alors le jeu le plus désarticulé et inhumain se met à vouloir ressentir quelque chose de l’ordre du vivant, se dénude, s’ouvre les veines, pour finalement vainement tenter d’atteindre l’angle où se situent les musiciens ; à chaque fois violemment retenue par le dernier personnage ‘humain’ encore debout. ''« KILLER BOY DOLL : So are you cool with being dead ? SUICIDAL BOY DOLL : Not really.»'' Immersif, contemplatif et beau.

''Extraits © Dennis Cooper, Photo © Les subsistances & Gisèle Vienne''

Mots clés : spectacle vienne pita rehberg o\'malley

Dernière mise à jour du document : samedi 10 novembre 2007

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