Peter Brötzmann › Ein halber Hund kann nicht pinkeln

"Ein Halber Hund Kann Nicht Pinkeln" : Eine grosse bordel. Brötzmann retrouve Bennink, et c'est déjà pour ne plus jamais se quitter. Le combat des deux hommes sur scène est plus chaotique que jamais et la somme des performances réunies sur ce disque, répartie entre des dates au Quartier Latin de Berlin et son Académie des Beaux-Arts, nous laisse entendre à quel point les deux hommes sont complémentaires dans leur approche, pour ne pas dire tout simplement indissociable. En l'absence de Van Hove, les deux jazzmen peuvent se relayer au piano. Mais c'est une fois de plus Bennink qui impressionne par l'aisance avec laquelle il peut passer d'un instrument à l'autre (piano, banjo, clarinette, violon et, bien sûr, percussions) sans jamais paraître superficiel. Des interventions toujours justes, un drive qui se cristallise dans l'attitude et qui donne l'impulsion fondamentale, nécessaire, pour que les titres décollent. Extraordinaires troisième et quatrième mouvements de "Musik Am Abend" où l'explosivité de l'hollandais, sans parler de son exceptionnelle inventivité, pousse l'allemand à aller au bout de lui-même. C'est dire si c'est loin. La suite "Music Am Nachmittag" n'est pas en reste et si elle démarre en trombe, partant du climax surlequel nous étions restés pour s'effacer progressivement, on retiendra surtout de forts beaux moments d'introspection notamment quand les deux hommes dialoguent à la clarinette, comme par exemple sur le second mouvement, ou encore quand le violon fait son entrée (mouvements trois et cinq). Moins enclin aux concessions que leur précédent effort en commun, plus formellement à la recherche de sentiments extrêmes qui ont besoin d'être exacerbés, "Ein Halber Hund Kann Nicht Pinkeln" se révèle être un disque en duo des plus recommandables.