Thievery Corporation › Sounds from the thievery hi-fi

Même si 4AD n'a plus l'aura qui était sienne il y a une bonne décennie de cela, c'est tout de même relativement significatif si on trouve dans leur catalogue actuel des artistes aussi tendance que ces Thievery Corporation qui ont largement fait leurs preuves depuis. Tout dépend sous quel angle on aborde la question ; soit on fait encore confiance aux choix artistiques du label qui n'a tout de même plus rien sorti d'impérissable depuis un bon moment, et alors c'est un gage de qualité. Soit on se fait une fois pour toutes à l'idée que 4AD s'accroche désormais à tout ce qui passe à sa portée et qui semble être encore dans ses cordes ; par conséquent plane sur cette opération une forte odeur de mercantilisme opportuniste qui, en toute logique, a de quoi débecter. "Sounds from the thievery hi-fi" est un album construit comme à l'ancienne ; une collection de singles auxquels on a greffé une série de plages inédites. Mais les programmations de Rob Garza et Eric Hilton sont tellement millimétrées et prévisibles que l'ensemble coule de source, seulement entrecoupées par notre irrépressible envie de nous décrocher la mâchoire. Entendons nous ; "Sounds from the thievery hi-fi" est un produit bien torché, mais clairement, il ne s'adresse pas à nous. A l'instar des King Kooba et milliers d'autres déclinaisons mielleuses qui pullulent depuis, le peu d'éléments vraiment trip hop qui demeurent encore sont ici réduits à une peau de chagrin ; une vague accointance avec le dub, et cette légère réverbération si caractéristique sur des instrumentaux toujours très classe mais proprement inoffensifs. Le Massive Attack de "Protection" dans ses passages les plus neurasthéniques ou, au mieux, quand ça ose timidement s'aventurer au-delà d'un downtempo convenu, les remixes que Mad Professor réalisa pour ces derniers à la même époque. Bref, le genre de truc insipide, incolore, inodore qui fera mousser les quelques nantis qui roulent des mécaniques sur Paris Première. Pas déplaisant à l'oreille, mais très vite oublié.