Ritual Howls › Rendered armor

‘We were alone together’… Voilà le changement que l’on perçoit sur ce troisième opus des Américains. Il y a soudain de la place pour deux, une âme-soeur possible dans cet univers désolé, dépouillé, rythmé par une boîte sèche, des guitares post-twang aux réverbérations lugubres et une basse obscure. Franchement, j’adore Ritual Howls pour cette capacité à tisser des mélodies fortes, prenantes, en parallèle d’ambiances froides mais organiques. Rien de clinique chez eux, aussi paradoxal que puisse sonner mon explication, c’est pourquoi je ne puis me départir de l’impression d’un film tourné caméra au poing, la nuit, dans les friches industrielles de Detroit, une forme de lieu où la civilisation et la sauvagerie au sens noble se disputent le territoire. Pour autant, une légère brise souffle sur ce tableau rendant imperceptiblement moins lourde cette noirceur pagano-industrielle (il y a même un délicieux et discret choeur féminin sur le refrain de ‘Devoured decency’, ‘Thought talk’ dégage une vraie mélancolie vespérale) mais rien qui ne doive vous tromper. Les bidouillages électroniques n’en demeurent pas moins tranchants, le silence pesant permet juste d’entendre les larmes et les gémissements dans ce chaos d’herbes et de ferraille. On s’y complait car comme le chante Paul Bancell de sa voix grave, ‘we are chronic romantics’.