Markus Stockhausen › Still light

Markus Stockhausen n'est autre que le fils du célèbre Karlheinz Stockhausen, une des grandes figures de la musique contemporaine du vingtième siècle. Du père, il a hérité l'approche abstraite et contemporaine - et nous aurions été étonné du contraire - mais il a cependant préféré jeter son dévolu sur une autre musique, toute aussi belle, et dont la plénitude laissera elle aussi tout l'espace sonore nécessaire à son jeu tout en nuance. C'est donc dans le jazz que Markus va laisser parler son amour pour les atmosphères tendues. Trompettiste discret, son jeu, tout en retenue, vient souligner le silence qui l'entoure pour lui donner plus de gravité. Ayant joué au sein des formations éprouvées par son père, il en a retiré les systèmes métriques à la fois complexes et logiques, la notion élastique du temps et comment repositionner chacun de ses éléments les uns par rapport aux autres pour tendre vers cet équilibre instable. Il s'inscrit, de fait, dans la grande lignée de ses artistes jazz qui ont toujours privilégié la note juste et sa qualité intrinsèque, plutôt que la quantité. On songe dès lors à Miles Davis, Don Cherry ou Jon Hassell, empruntant peut-être à ce dernier le dépouillement extrême de ses arrangements. "Still Light" n'a donc pas usurpé son titre ; lumineux et dense à la fois, la musique de ce disque s'échappe de votre lecteur pour se suspendre dans les airs, phénomène que les interventions, elles aussi toutes mesurées, de Miroslav Tadic et Mark Nauseef, du groupe fusion Dark, chroniqué dans ces mêmes colonnes, ne font qu'accentuer.