Kill The Vultures › Ecce Beast

Trois ans après l'album de la révélation, Kill the Vultures sortait ce qui fut longtemps considéré comme son dernier album – jusqu'à aujourd'hui, à vrai dire. « Ecce Beast » fut une saloperie d'album insidieux. Claudiquant, à mi-vitesse, donnant l'impression de se traîner, perdu sur les routes floues des bas côtés trop nombreux, il fallait se laisser apprivoiser pour qu'il nous emmène dans les recoins obscurs du dessous de la ville. Refusant de réitérer la puissance instinctive de « Careless Flame », les deux rescapés d'Oddjobs invitèrent des compères pour s'ajouter aux samples collant de l'inusable Anatomy. C'est à se demander où est-ce qu'il est allé fouiner pour nous sortir des trucs aussi boiteux, cassés, des trucs qui tiennent à peine debout. Un groove en décomposition, des riffs de contrebasse qui fondent littéralement devant vos yeux, les néons qui ne clignotent plus, ça sentait carrément le moisi. La fumée âcre qui attaque les narines, les questions sans réponses, le temps qui se barre en couille. Un disque désespéré, en vrai. Un deuil qui n'en finit pas. Le deuil de quitter New York la folle pour cette connerie de Minneapolis, trou à rat où les gens meurent en série à cause de l'ennui. Des gens statiques comme des clochards vissés sur le trottoir. Des junkys vides d'envie, même de drogue. La fuite a laissé place à l'errance. De courir on croupît le cul sur l'arrêt de bus, la nuit. La force venimeuse de la nuit. La rage inclus toujours la vie ; la défaite la mort. La lune est pleine, la nuit est affamée. Adieu Kill the Vultures.