Kill The Vultures › Carnelian

La renaissance. Six ans après sa mort, Kill the Vultures revient sans crier gare. Personne n'avait vu les gaziers arriver. Tout juste si on avait aperçu Crescent Moon en compagnie d'Oktopus chez Numbers not Names. Après « Ecce Beast », disque terminal, il n'en était même pas question. Sans nouvelles on les pensait disparus, retournés mourir dans une ruelle ou servir des pizzas froides aux habitants de la banlieue huppée de Minneapolis. Et puis voilà « Carnelian », qui s'ouvre sur un « Shake your bones » qui va vous shaker, en mode revanche. Pour mieux vous embrouiller : oubliez vos envies de bagarres, vos envies de suicides, vos envies de disparaître et de débrancher la prise dans l'injection intra-veineuse. Vous êtes ici en territoire positif. Sans ironie aucune. « Carnelian » est lumineux. Bourré d'espoir. Comme sa pochette, la peau dure, la carapace, les écailles. De celui qui revient de trop loin. De celui qui veut désormais savourer la routine. De petite frappe lunée devenue papa. De toxico dépressif se mariant à l'église. Car s'il garde son étrangeté manifeste (la vie des hommes change, mais pas les hommes), Kill the Vultures ne vise plus du tout la même chose : du storytelling à la poésie, des tranches de vie au surréalisme, entouré de vrais musiciens, il cherche à s'élever dans la hiérarchie, dans le lien social, la classe sociale. « Carnelian » est cérébral, s'écoute peut être un peu trop – pas comme votre serviteur, qui écrit cette chronique à la première écoute. Il va certainement se dévoiler au fil des jours, des mois, comme « Ecce Beast » avant lui, qu'il a fallu faire vieillir en vieux fût – et tant pis pour mon enthousiasme. Il va falloir se laisser apprivoiser, encore. Accepter d'aller dans d'autres lieux inconnus, étranges, malgré la bonne humeur – fausse ? - malgré les sourires en coins. Bandes de petits malins.