Vous êtes ici › Les groupes / artistesDDadawah › Peace And Love (Wadadasow)

Dadawah › Peace And Love (Wadadasow)

  • 1975 • Trojan TRLS 103 • 1 LP 33 tours

lp • 4 titres • 38:49 min

  • 1Run Come Rally
  • 2Seventy-Two Nations
  • 3Zion Land
  • 4Know How You Stand

informations

Enregistré à Federal Recording Co. Ltd. ; 220 Marcus Garvey Drive, Kingston, Jamaica, W.I. - Produit par Lloyd Charmers pour X Y Z Production Corporation - Ingés-son : B. Davidson, George Raymond - Masterisé par Paul Khouri

Photo de pochette par Richard Khouri

line up

Willie Lindo (guitare), LLoyd Parks (basse), Federal Soul Givers (fanfare), Paul Williams (batterie), Lloyd Charmers (piano, orgue), Ras Michael (chant)

chronique

Qu’il inspire méfiance, ce pourtant radieux Dadawah, alias Ras Michael, avec son titre hippie et sa musique ruisselante… Présentations succinctes : l’homme n’est autre que le mentor des futurs Congos, qui iront eux-aussi, 2 ans plus tard, pondre un chef d’œuvre de reggae illuminé et au son jouissif. Encore que… Ce n’est pas vraiment du Reggae que propose cet album. Est-ce pour cela qu’il est sorti sous le nom de Dadawah, et non Ras Michael & the Sons of Negus, patronyme habituel de la troupe ? On pourrait parler plutôt de dub halluciné, médusé, et agrémenté d’un toasting cérémoniel et lent… Mais en fait non. Il n’y a ici ni le métronome typique du reggae (cette guitare aiguë appuyant le contretemps), ni les effets studios du dub. On est dans un territoire inédit, à ma connaissance, voire ovniesque, et pourtant si naturel. Run Come Rally est bâti sur une hypnotique tournerie où percussions et guitares légères convolent en symbiotiques noces avec la basse, reine de ce royaume intérieur, pour mieux créer le tapis volant sur lequel Ras Michael semble improviser son exhortation à un pèlerinage sans retour, pour fuir la décadence de l’occident. Le côté prophète, mis en avant, est totalement supporté et rendu crédible par la musique, exercice absolument unique de "space-reggae", monolithique et en décollage vertical permanent comme du Hawkwind, rien moins. Les litanies rasta en lieu et place de la théâtralité s-f, et la suffocante canicule remplaçant la saturation motorisée. Car oui, ce disque est une étuve, on y transpire, la tête nous tourne, on cherche en vain le moindre appui, le moindre instrument solide qui ne se dérobe pas à nos oreilles façon montre-molle dans le désert de Dali, tandis que le chaman propulse tranquillement la caravane galactique en continuant ses "lalalala" qui sont en fait des formules magiques millénaires destinés à entraîner ce tournoiement des sens qui hisse cette face A au firmament des 6/6 psychédéliques et insurpassables. Car dans cette ascension vers les cimes étoilés, le sommet est peut-être atteint par le truchement de 72 Nations, porté par une ligne de basse post-punk avant la lettre, avec laquelle viennent jouer des nuées de percussions échevelées, de wah-wah argentées, et de piano limpides. C’est un trip total, qui n’a rien à envier aux galettes planantes des babas sévissant alors en terre babylonienne/européenne… Un grand voyage que seront bien tentés d’imiter les ténors de l’ambient-dub (The Orb en tête), sans en avoir la portée ni la volonté mystique, bien sûr. C’est qu’en cet age d’or du roots reggae et de ses dérivés, cramage de bulbe à coup de ganja n’allait pas sans emportement à la gloire de Jah le père, amarrant ainsi l’état second à un rituel bien terrestre, alliant agenda politique et morale rigoureuse. On ne peut qu’inviter l’auditeur prompt à ricaner – dont je ne suis pas le dernier, qu’on se le dise – à creuser un peu le cas si souvent raillé de la religion et de l’éthique Rastafari, et surtout de son histoire, avant de coller l’étiquette "hébété naïf" aux paroles surement en partie improvisées de cet album. La face B est carrément ambient, reprenant certains mantras (et riddims aussi, peut-être, on ne sait plus trop bien) de la face A, comme un album de krautrock, finalement ! Zion land se dévoile comme prière, recueillement du pasteur ayant terminé son prêche-fleuve, avant un Know How You Stand mélangeant les reflets aveuglants de la face B dans un tourbillon sans fin. Le disque est traditionnellement considéré comme du Nyabinghi, mais tout comme l’album des Congos, il va bien plus loin que ce style de percussions afro-jamaïcain, de par sa grande aisance instrumentale. Et puis il y a les divagations de cette voix… Le reggae, parfaitement conscient de ses origines épiscopales, et surtout Gospel, avait à cœur de recréer une autre théologie, qui lui soit propre. Ce n’est plus vers Jesus qu’on se tourne pour trouver le salut mais vers la terre-mère, l’Afrique, vue comme une Jerusalem totalement idéalisée. Dans la lenteur et la ferveur à l’œuvre ici, c’est donc du gospel qu’on entend, un gospel de plein air, nimbé de pureté et de lumière.

note       Publiée le mardi 28 janvier 2014

Dans le même esprit, dariev stands vous recommande...

Gong - You (radio gnome invisible part 3)

Gong
You (radio gnome invisible part 3)

Je racole, je racole, mais vous voyez un meilleur équivalent à Gong, en reggae ? Moi non. Comment ça, c’était pas la question ?

dernières écoutes

Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Peace And Love (Wadadasow)" en ce moment.

tags

Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Peace And Love (Wadadasow)".

notes

Note moyenne        4 votes

Connectez-vous ajouter une note sur "Peace And Love (Wadadasow)".

commentaires

Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Peace And Love (Wadadasow)".

Alfred le Pingouin Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin

Cette intro tellement pas dans les clous du reggae, hyper mélancolique, avec la basse dans les aigus... D'ailleurs en 75, y avait pas vraiment de "clous", tout était encore imaginable. En tout cas incroyable ce truc.

Note donnée au disque :       
Alfred le Pingouin Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin

j'aime beaucoup!!

Note donnée au disque :       
allthatglitters Envoyez un message privé àallthatglitters

Sublime