Grand Mal › Binge purge

C'est par le Grand Mal que débuta la Chevauchée vers la Mort...69 of course, baby ! Tout ça pour vous expliquer qu'avant de fonder Death Ride 69, Don Diego et Linda Le Sabre avaient déjà joué au sein d'une autre formation crée en 1982 sous le nom de Wurm Baby aussitôt rebaptisée Grand Mal. Le combo officiait dans la scène punk de Washington mais, comme bien d'autres à cette époque, portait bien mal cette étiquette réductrice. Si la musique est effectivement rythmée, elle ne sonne en aucun cas comme du punk rock traditionnel et il n'est pas évident de l'écouter aujourd'hui sans y chercher les prémices de ce qui deviendra Death Ride 69. Il faut dire que dès le départ, Linda affirme un jeu de batterie très personnel, dépouillé à l'extrême, exempt de cymbales, axé sur la frappe de la caisse claire avant tout, avec selon les compositions les embryons de roulements tribaux qui deviendront coutumiers de par la suite. Rien d'étonnant, la jeune femme joue debout en plaçant les toms face à elle comme un kit de percussions (technique également adoptée par la batteuse/chanteuse des Sleeping Dogs Wake). Don Diego affiche déjà un goût marqué pour les riffs de basse simples et lourds tournant en boucle pour créer un effet hypnotique et les structures de 'Apologies' seront à peine modifiées pour écrire 'State of Decay'. Les guitares puisent leur inspiration dans les formes les plus sombres et extrêmes du garage et du blues à coup de réverbs fantomatiques ('Fear to feel'), sans négliger une approche plus saturée et glauque typique du deathrock ('Fever dream') même s'il est clair que certaines attaques directes se profilent dans la lignée de Black Flag, TSOL ou Dead Kennedys (en moins speed). Inutile pourtant de nier que la coloration punk du disque repose avant tout sur le chant car l'ambiance générale se veut passablement sombre et plombée. Ce qui est certain, c'est que ce disque est vraiment bon, assez varié dans ces climats, entre la violence passionnée de l'excellent 'DNO' et le blues urbain rampant et malsain de 'Fear to feel'. La fusion absolue entre les deux artisans de la rythmique saute nettement aux oreilles ; rien d'étonnant donc à ce que Don Diego et Linda Le Sabre décident de ne pas en rester là...La route de Los Angeles s'ouvrait à eux.