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Nine Inch Nails › The Downward Spiral

cd • 14 titres • 65:10 min

  • 1Mr Self destruct04:30
  • 2Piggy04:24
  • 3Heresy03:54
  • 4March of the pigs02:58
  • 5Closer06:13
  • 6Ruiner04:58
  • 7The becoming05:31
  • 8I do not want this05:41
  • 9Big man with a gun01:36
  • 10A warm place03:22
  • 11Eraser04:53
  • 12Reptile06:52
  • 13The downward spiral03:56
  • 14Hurt06:13

informations

Le pig of Beverly Hills, A&M studio, The record plant

Réédité en 2004 en version Dual CD (face audio+face DVD). la face DVD reprend l'album remasterisé en version 5.1 surround + les clips de "Closer", "March of the pigs" & "Hurt". Egalement réédité en 2004 en version 2xCD/SACD, le second CD comprenant des raretés et faces B de maxis.

chronique

'The downward spiral', ou l'art de pondre un chef-d'œuvre ultime, sombre, torturé, violent, recueilli, réfléchi, spontané, instinctif... La liste des qualificatifs pourrait être encore bien longue tant cet album concentre toute l'œuvre de Trent Reznor et ses démons. Un son énorme, une prod nickel et crade à la fois. Débutant sur les chapeaux de roues avec le speedé 'Mr self destruct', on s'inquiète d'ores et déjà pour nos neurones. 'Piggy' part à contrepied, telle une session de rock psyché, ambiance alcoolisée piano/orgue hammond et des sales nappes noise montant crescendo à mesure que la batterie s'emballe. Les tubes electro-goth-indus que sont 'Heresy' (certainement le morceau de NIN le plus joué en club) ou l'excellent 'Closer' et son fameux 'I wanna fuck you like an animaaallll !!!' placent cet album au pinacle de l'hybridation rock-machines. Épique et rampant ('Ruiner', l'angoissant morceau-titre ou encore 'Eraser', trip Swans sous acide), punk de 'bad guy' ('March of the pigs', 'Big man with a gun'), electro old school (le puppien 'The becoming') ou metal indus lourd ('I do not want this', 'Reptile'), Reznor crache sur toute étiquette définie pour créer son propre style, 'retro' et clairvoyant à la fois. Les moments touchants que sont 'Hurt' ou 'A warm place' nous démontrent s'il y avait encore besoin que Reznor est un compositeur hors pair, maniant l'émotion et la mélodie d'une manière toute personnelle. Un incontournable pour qui voudrait s'essayer au rock industriel et un joyau tout court...

note       Publiée le dimanche 2 mai 2004

chronique

Difficile de rajouter quoi que ce soit à tout ce qui a déjà été dit sur The Downward Spiral, sinon son propre vécu avec ledit album, l'album d'un Christ qui aurait demandé à être cloué face à sa Croix, après avoir multiplié les pains (dans sa gueule entre autres gueules) et transformé son vin en sang. Un jour, vierge et encore soucieux de posséder les classiques, vous l'achetez un peu fébrile - et vous découvrez cet emballage bizarrement fichu, mystérieux, et cet artwork très organique, presque olfactif. Peu après, vous découvrez que le son l'est autant sinon plus - découvrez aussi que Reznor dispose des passages explosifs-saturés et d'autres rampants quasi-silencieux de façon abrupte pour donner tout son sens au réglage du volume hi-fi - et vous bloquez méchamment (avec chorégraphies en solitaire) sur "Mr Self Destruct", le tube funky-goth immortel "Heresy", ou sur "March Of The Pigs", a.k.a. l'E.P. Broken - parfaitement trouant quand on a entre 14 et 18 ans - rendu obsolète en un court titre surpuissant. Un jour, un peu trop adolescent fasciné par la vieillesse et la survivance et trouvant ça tellement plus classe (ce qui est toujours bien plus facile vu de loin), vous croyez que Johnny Cash a rendu l'originale de "Hurt" un peu fadasse - et puis quelques années après vous réalisez avec un soupçon de honte que Reznor, plus encore que Dave Gahan ou Danzig, n'a en réalité pas du tout à s'inquiéter. Un jour, découvrant fraîchement internet, vous découvrez Guts of Darkness et lisez la chronique de Marco à laquelle vous vous dites qu'il n'y a rien à ajouter malgré sa très succinte passion - plus tard vous vous dites que cela mérite quand même une confirmation, comme pour toute communion. Un jour vous trippez sur "Closer" en vous disant que c'est la meilleure parade sexuelle possible - des années plus tard vous la réécoutez en vous disant que c'est la plus sincère, et qu'elle est du pur Barry White dans l'esprit, sans le gosier, mais sans se soucier de pincettes ou de politesse. Un jour, alors que vous êtes étudiant, une colocataire goth sosie de Zooey Deschanel et fan de NIИ vous avoue entre deux tequ-frap', avec la plus éthylique des sincérités, qu'elle se masturbe en pensant à Trent Reznor, et puis vous signale que "Big Man With A Gun" est une satire des gros rappeurs paradant avec leur arme à feu, avant de lécher son sel avec une allure de petit chat sûr de lui - des années plus tard vous y repensez encore quasi-systématiquement en écoutant du gangsta rap. Et vous repensez à cette nénette bipolaire qui connaissait tout de Trent sauf son goût (et encore...il subsiste un doute), si souvent internée, si maladive, et si obsédante, avec qui vous auriez dû baiser sur "Closer" passée en boucle au lieu de fusionner avec une pulpeuse fan de Skunk Anansie. Les regrets ont la peau dure, mais choisir ses relations féminines sans contrarier ses goûts musicaux est un luxe pour nous autres tocards mélomanes. Aux premières écoutes vous vous dites que "Piggy" est chiante - la vie suit son cours, et vous en découvrez toute la soul vicieuse avec un plaisir de pacha, regrettant de ne pas posséder de fauteuil cuir aux coudes usés pour la savourer. "Ruiner" vous plaît beaucoup - un jour vous réalisez que son final est rien de moins que du Calva Y Nada joué à l'américaine. Que "The Beginning" est du Front Line Assembly pour sociopathe. Que "A Warm Place" est du niveau des plus touchantes et intimes mélodies créées par Martin Gore. Que l'entêtante "Eraser" nous fait réaliser combien orthodoxes sont Swans, Ministry ou Foetus. Et puis un jour, vous avez le même âge que Trent au moment où il a sorti cet album, ça vous travaille un peu la cafetière, et à cet instant vous vous dites que tout de même, cette ordure avait réussi sans le vouloir le hold-up intégral sur trois secteurs combinés : musique pour dancefloor, musique pour baise et musique pour solitude. Un jour, vous le ressortez de son fourreau, tout usé et déchiré sur les bords, et vous vous prenez la même claque grisante que lors de la première écoute, avec peut-être encore plus de puissance, car vous vous y attendez un peu comme l'homme marié attend son coït routinier, mécaniquement, oubliant qu'il peut encore s'étonner de redécouvrir des sensations. 1994 : Manson dormait toujours sur ses deux oreilles, l'autre Manson allait pleinement bénéficier des services de Trent, qui était loin d'être guéri, mais quelque chose de sublime avait jailli du plus profond et du plus noir de la merde humaine, comme ce fût rarement le cas depuis un certain The Cure, voire même - toussements autorisés pour les plus prudes - depuis Voyage au bout de la Nuit. The Downward Spiral c'est le Voyage de Trent Reznor au bout de SA nuit, et celle-ci regorge d'érotisme trouble, de sexe sans protection, de sueur, de peur, de menace, de dégoût savouré comme cognac, de déprime totale affrontée en homme, histoire de voir comment ça va faire si on la regarde les yeux dans les yeux, p't'être même la transformer en groove, avec toute la cruauté possible. Un album qui dans le texte flirte avec la dépression la plus profonde, mais qui peut vous sauver la peau bien plus sûrement que des paroles de réconfort ou des cachetons, en cas de coup dur dans la vie - et ceci n'a rien d'un paradoxe même si ça en a tout l'air. Comprendre et vouloir atténuer une douleur, sachant que chacun à la sienne comme ses empreintes digitales, sachant qu'on ne saisit pas soi-même la sienne dans toute son horreur, son relief, sa... pornographie ? "T'avise surtout pas de me dire comment je me sens : tu ne sais pas". Vie suppose douleur, et on va lui mettre sa branlée au corps à corps pour changer, à cette salope, puisque Vie est baston et que Vie doit être extase - voilà peut-être ce que voulait nous dire Trent en ouvrant son cerveau pour laisser suinter sur nous ce qui y bouillait et macérait. Piranha diem.

note       Publiée le mercredi 6 mai 2015

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flashback, de "Piggy" (graffiti morbide de la Manson Family) à "Piggies"

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atog meister Envoyez un message privé àatog meister

Le chef d’œuvre de NIN. Rien à jeter (malgré une durée de plus d'une heure), ambiance malsaine et dépressive ou au contraire psychopathique. Un must have.

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Rideaux bien fermés.

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Aladdin_Sane Envoyez un message privé àAladdin_Sane

Un bout de temps que je n'avais pas réécouté ce chef d’œuvre intemporel.

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Nicko Envoyez un message privé àNicko
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Je le découvre cet été, je l'écoute pas mal ces derniers temps et même si à la base, je ne suis pas trop branché musique industrielle et que je trouve la boîte à rythmes un peu too much par rapport à mes goûts, y'a un côté vraiment envoûtant ici, à la longue avec une excellente ambiance et on sent bien le souci du détail ainsi que ces jeux sur les textures et les contrastes. Ça sent bon aussi les années 90. Vraiment super intéressant ! Je commence à comprendre l'engouement pour ce disque, qui m'avait complètement laissé de marbre pendant mes années lycée...

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Aladdin_Sane Envoyez un message privé àAladdin_Sane

Réécouté aujourd'hui, cela faisait des années... Toujours aussi impressionnant et génial. Dans son genre, cette oeuvre n'a d'ailleurs jamais été égalée ou surpassée à ma connaissance (même par son auteur).

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