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William S. Burroughs/Kurt Cobain › The "Priest" They Called Him

lp/cd • 1 titre • 09:42 min

  • 1The « Priest », They Called Him9:42

informations

Enregistré aux studios Red House, Lawrence, Kansas, par Brad Murphy, le 25 septembre 1992 (Burroughs) et directement sur DAT aux studios Laundry Room, Seattle, état de Washington par Barrett Jones, en novembre 1992 (Cobain). Mixé par E.J. Rose et James Grauerholz aux studios Red House. Produit par James Grauerholz

Photo (traitée) de la pochette par Mark Trunz. Photo de William S. Burroughs (livret) par Gus Vant Sant, tirée de son livre « 108 Photographs ». Photo Kurt Cobain par Mark Trunz. Design et mise en page par Steve Connell. Le personnage du « Prêtre », sur la photo de la pochette, est incarné par Chris Novoselic. L’édition LP est un disque 10” gravé sur une seule face.

line up

William S. Burroughs (voix, texte), Kurt Cobain (guitare)

chronique

Burroughs et Cobain. Quelques obsessions et habitudes en commun – l’héroïne et les flingues, par exemple… Ça ne leur réussira certes pas pareillement, l’un et l’autre – Burroughs vivra quatre-vingt-trois ans sans jamais vraiment, longuement décrocher ; Cobain, comme on sait, s’invitera moins d’un an après la sortie de ce disque à cette foutaise de club des vingt-sept, signant sa carte de membre au plomb de chasse. Sinon, à part ça… ? Eh bien : c'étaient aussi, ces deux gars là, deux visions pas sereines de l’Amérique – de ses valeurs balourdes (la masculinité pas ambiguë – « on n’est pas des pédés ni des gonzesses » etc., le style quarterback/flics à lunettes-miroirs) ou bafouées (la liberté… encadrée par le marché, toutes les idées aussi tôt empaquetées, mises en vente). Les deux, là encore, ne s’en sortiront certes pas pareillement. Burroughs restera « culte », révéré – célèbre mais peut-être pas si souvent lu que ça, y compris par ceux qui chanteront ses louanges. Cobain n’atteindra jamais au détachement suprême de l’autre – distance pas glaciale, au vrai, mais toujours parfaitement articulée, sens de la panique décrite très tranquillement. Le vieux fascinait l’autre – comme il fascinait nombre d'artistes, littérateurs, imagistes, paroliers. Les deux hommes, à vrai dire, ne se sont pas côtoyés, pour l’enregistrement de ce disque. Deux studios, deux villes, deux dates – entre la voix et la guitare. Le contraste y est, pourtant – les deux tensions qui se complètent, se répondent, font profondeur de champs. Burroughs lit une de ses nouvelles (tirée d’Interzone) – de sa diction posée, inquiétante autant qu'apaisante. Ça cause de came, une fois de plus – d’un vieil accro surnommé « Le Prêtre », qui cherche désespérément son gramme un soir de réveillon. Cobain attaque par un O Tannenbaum distordu, expédié (Mon Beau Sapin… ça se tient, vue la date de « l’action ») ; puis dérive en noise, en larsens improvisés. Ça déraille comme souvent chez l’Oncle Bill vers un climat d’horreur semi-surréaliste, semi-documentaire ; du genre « noir » (comme on dit « roman noir ») tiré vers le métaphysique, sardoniquement. Ça flotte sur le bruit blanc – l’impression que Cobain a dû écouter le texte une fois ou guère plus et se lâche en gardant en mémoire les moments clés, les phases du récit. Une valise trouvée, deux jambes coupées à l’intérieur. Un jeune Chicano en manque, lui aussi. Un médecin réticent… « Pas d’ordonnance ! ». La gratte qui siffle et puis vrombit. Ça change de Nirvana – c’est encore autre chose aussi que quand le gars Kurt se laisse aller un peu pour rien chez ses potes des Melvins. C’est aussi spontané mais – paradoxalement ou pas – la plus grande bizarrerie, l’incongru de la chose fait que ça prend mieux. La musique, curieusement, fait ici bien moins "prétexte" que sur d’autres disques où Burroughs récite aussi – moins décor, davantage substance. La « morale » de la fin n’est peut-être pas ironique, au fond – coup de justice immanente qui est peut-être un hasard, peut-être un bizarre tour de « karma ». Tout se dissout encore dans la lumière qui crame – bout du tunnel etc. … Burroughs, donc, reste encore un peu, s’éteindra plus tard. Cobain lâchera bientôt l’affaire, clic clic boum. Ce disque, sans doute, tombera quelque peu dans l’oubli – ou finira au mieux chez quelques collectionneurs, maniaques, « complétistes », après le drame... Toutes cendres depuis longtemps refroidies, ce bout de plastique gravé reste un drôle de bidule.

note       Publiée le vendredi 3 août 2018

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