Twilight Angelhood › Post Tenebras Nox

Des coups sont frappés dans l'obscurité... des bruits répondent, ici et là ; un courant froid, puis quelques notes très lointaines, étouffées... La bulle du silence, qui envahit le monde et enfle jusqu'à ce que surgissent ex nihilo choeurs et clavecin ; le tout dessinant une atmosphère funèbre qui disparaîtra aussi vite qu'elle est apparue, ne laissant derrière elle qu'une présence au discours inintelligible et clôturé par des tintements de cloches lourdes. Arrivent les ruines gothiques déjà arpentées par Raison d'Etre quelques années auparavant, ici présentées sous la forme d'un seul chemin, menant à nouveau à une procession funéraire à la construction minimaliste mais sensiblement plus apaisante et moins sinistre que la première. La marche se poursuit, lentement, sans heurts, rythmée par un tambour et une lente boucle récitant un mantra ralenti, jusqu'à atteindre les rives du Styx... clairement le meilleur segment du voyage dans cet outre-monde, plus éthéré et spectral que ses comparses, dont la lenteur est aussi sa force ; on navigue à vue dans une semi-transe, guidé par un psychopompe poussant les cadavres bloquant la voie vers notre destination finale... arrive une étape sous-marine dans laquelle j'ai un peu trop de mal à me projeter ; le petit poisson sur le dessin correspondant n'arrangeant pas les choses... mais passons : voici venu l'offrande aux suicidés ; sur le même air que pour 'Theology of Gothic Arches' en plus rapide toutefois. Malgré son titre, 'Post Tenebras Nox' dégage une atmosphère gothique et funèbre proche d'une certaine période de Raison d'Etre (1993-1998) avec toutefois une facon de composer beaucoup plus dépouillée et répétive que le susdit. Si cela fonctionne à merveille sur 'Christian Styx', le manque d'éléments supplémentaires ou peut-être simplement de timbres acoustiques (la grande majorité des sons semblent provenir de synthés et de samplers ?) permettrait d'éviter à l'auditeur de se perdre au milieu des mouvements les plus minimalistes. Me vient aussi en tête la question de l'esthétique gothique et de certaines récurrences (ruines, chants ralentis, cloches...) mais après quelques éclaircissements de notre ami Twilight, il n'a pas tant souhaité s'imposer que de simplement nourrir ou récupérer des images archétypales et symboliques. Adoncque, un album timide et fragile, à la démarche sincère et qui à mon sens mériterai bien une suite si l'intention et les moyens sont remis en oeuvre ; encore faut-il que la Fraternité des Anges du Crépuscule souhaite refaire tinter les carillons ? Je prierai pour elle, dimanche prochain.