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Guns N' Roses, Saint-Denis, Stade de France, 7 juil. 2017

par Nicko › samedi 19 août 2017


Style(s) : rock / hard rock

Guns N' Roses à Paris, au Stade de France, en 2017 avec Axl Rose, Slash et Duff McKagan réunis ! Qui l'eut cru ! Voici le récit d'une soirée qu'on n'aurait jamais pu imaginer, même dans nos rêves les plus fous il y a quelques années...

Affiche du concert

Ceux qui ont moins de 35 ans ne peuvent pas comprendre l'importance de ce concert. Au début des années 90, avant le grunge de Nirvana, Guns N' Roses est LE groupe de rock du moment. Les vidéos de "Don't cry", "November rain" et "You could be mine" (BO de "Terminator 2" - Schwarzy faisant même des apparitions dans ledit clip) tournent en boucle et pour le jeune adolescent que j'étais, c'était LE groupe fascinant par excellence ! Un sextette avec des membres aux personnalités et aux styles bien trempés et différents, des shows gargantuesques où tout pouvait se passer (cf. l'émeute à St-Louis en 1991), des tournées interminables dans les plus grands stades de la planète, un chanteur ultra-charismatique instable au possible, un guitar-hero absolument UNIQUE mi-homme mi-bête, un bassiste punk, des albums époustoufflants, bref un cocktail détonnant. Cette formation ultime donnera ses derniers concerts durant l'été 1993 avant de se séparer petit à petit, Axl Rose gardant à bout de bras le groupe en vie pendant une vingtaine d'années (avec concerts et tournées ainsi qu'un album), mais sans la magie de la première décennie d'existence de la troupe. Imaginez un peu pour ceux, comme votre serviteur, qui n'ont pas eu la chance de les voir à l'époque ce qu'une telle annonce peut provoquer chez eux ? Rarement je n'aurais été autant impatient et enthousiaste avant un concert (un peu comme lorsque j'ai pu voir Black Sabbath en 2013 après 4 concerts annulés par le passé - c'est une autre histoire...).

Voilà, Guns N' Roses, le groupe le plus dangereux et sulfureux de la planète à la fin des années 80 dont la formation historique se reforme aux 3/5ème (ou 4/6ème) avec Axl, Slash, Duff et Dizzy Reed (le claviériste historique - seul membre historique étant resté aux côtés d'Axl tout ce temps) auxquels se sont ajoutés Richard Fortus à la guitare rythmique, Frank Ferrer aux fûts et Mélissa Reese aux claviers, repart à la conquête du monde et passe par la capitale en ce début d'été 2017. La veille du concert, les horaires de passage des groupes (j'ai oublié les noms des premières parties, mais pour le coup, on s'en fout vraiment !) ont été modifiés pour permettre un temps de jeu plus important pour les américains. Certains parlent d'un show de 3h30 (!), leur record étant quand même de 3H40 à Tokyo il y a une dizaine d'années... Là, tous les paramètres sont au vert pour une soirée inoubliable.

C'est peu après 20h que les hostilités débutent vraiment. Quelques coup de feu, deux petites chansons d'intro et c'est parti comme lors du concert à Vincennes en 1992 avec "It's so easy" enchaîné à "Mr. Brownstone". C'est classique, c'est bien énergique, c'est l'explosion de joie partout dans le stade ! Oui, Axl, Slash, Duff réunis sur une même scène ! Très vite, on se rend compte que le groupe est en forme. J'ai quelques craintes au niveau du chant d'Axl, un peu fatigué, mais heureusement, cela va s'améliorer assez vite. Le son n'est pas fabuleux par contre, les guitares sont trop mises en avant (ainsi que la grosse caisse) mais surtout elles sont bien dégueulasses trop grésillantes. Cependant, le bon point, c'est que lors des solos de Slash, c'est optimal. Le rythme est bon, la formation enchaîne avec un "Chinese democracy" qui n'a rien à envier aux vieux morceaux du groupe. J'avais un peu peur du résultat, mais franchement, rien à dire. Slash a totalement intégré le morceau pour le jouer à sa sauce et ça prend direct ! Sans transition, voilà qu'on a "Welcome to the jungle" ! Franchement, ce début de concert, c'est que du bonheur ! On revient 25 ans en arrière, il y a l'envie, l'énergie, la puissance, l'interprétation, franchement, je suis sur le cul. Axl qui court un peu partout sur la scène, comme à l'époque (certes un peu moins vite, mais quand même !). Il a d'ailleurs perdu pas mal de poids par rapport à la dernière tournée européenne du groupe, 5 ans auparavant. Sérieusement, j'hallucine de voir comment le groupe se donne alors qu'on aurait pu avoir la crainte d'un concert pépère histoire de capitaliser sur le passé sans trop se fouler. Mais là, pour le coup, c'est plutôt l'inverse qui se produit. Le groupe est là pour en découdre, comme à l'époque !! Et ça fait du bien, bordel !!

Des gradins où je me situe, je remarque que l'avant-fosse est particulièrement énergique et ça fait du bien de voir ça ! Tellement énergique que pendant l'intro du morceau suivant, "Double talkin' jive", Axl interrompt le titre pour demander à la foule de reculer pour éviter des écrasements à l'avant (n'oublions pas que pendant les Monsters of Rock en 1988, deux personnes avaient été tuées, écrasées pendant la performance des Guns...) avant de reprendre le titre. Petite baisse de tension et de rythme, mais on peut facilement comprendre Axl. Pas d'enchaînement avec "Civil war" comme à l'époque, mais ici changement d'ambiance avec "Better" issu du dernier album en date. Là, pour moi, il s'agit d'un faux-pas, il casse le rythme. Bien qu'il s'agisse d'un single de "Chinese democracy", c'est l'un des morceaux les plus faibles de l'album selon moi. Heureusement la suite va être un enchaînement imparable de hits aux atmosphères variées mais tous de très haute volée. "Estranged" se place là comme premier grand morceau de la soirée, puis le rock rapide de "Live and let die" suivi par "Rocket queen" puis "You could be mine" ! Le tout avec changements de fringues de la part d'Axl, nous permettant d'admirer sa collection irrésistible de T-shirts plus classes les uns que les autres !!!

Jusque là, le concert tient toutes ses promesses. On a en face de nous un groupe soudé, a priori heureux d'être là. Ce qui marque ici, c'est Slash qui marque le concert de son emprise, de ses solos incroyables, de son charisme et de sa présence. J'appréciais la précédente version des Guns, mais là, on est dans une autre dimension, il n'y a rien à dire. Et Slash est directement responsable de ce fait. Il électrise le stade et transcende les morceaux, même ceux où il n'était pas présent. Je pense que s'il avait été dans le groupe pendant "Chinese democracy", les compositions n'auraient peut-être pas été forcément beaucoup différentes, par contre, l'interprétation auraient été bien plus impressionnante grâce à lui (et pourtant, j'apprécie l'album !). Pour le reste, concernant les nouveaux membres arrivés ces dix dernières années, Frank Ferrer derrière les fûts est admirable. Bien que je suis super fan de Mat Sorum (mais pas de Steven Adler !), il réussit sans problème à s'approprier le répertoire des Guns sans le dénaturer, gardant à la fois l'énergie brute de la formation d'origine tout en y injectant un groove terrible ! Richard Fortus quant à lui relève haut la main le défi de seconder Slash à la guitare comme le faisaient à l'époque Izzy Stradlin puis Gilby Clarke. La petite dernière, Melissa Reese, fait bien le job pour épauler Dizzy aux claviers. On sent vraiment tout ce p'tit monde content de jouer ensemble, et ça, ça fait rudement plaisir à voir !

La soirée prend véritablement son rythme de croisière. Axl va prendre une petite pause et laisse Duff au chant pour l'instant punk du concert. On avait l'habitude d'"Attitude" des Misfits à l'époque, là, ça sera un "New rose" des Damned (morceau aussi issu du "Spaghetti incident?" - le seul de la soirée) bien pêchu avant un changement drastique d'ambiance avec le magnifique slow "This I love" du dernier album, inclus un énorme solo de Slash qui montre bien à quel point il s'accapare les morceaux de "Chinese democracy" ! Puis retenti la voix de Strother Martin tirée du film "Luke la main froide" (que je ne peux que vous conseiller !), introduisant un autre gros morceau plus calme et varié, "Civil war" ! On se croit vraiment revenir dans les années 90 et ce n'est pas fini ! Imaginez qu'on n'est même pas à la moitié du concert et on a que des morceaux exceptionnels qui s'enchaînent. Les morceaux sont tellement variés, dans leurs styles, leurs constructions, leurs ambiances, qu'on ne ressent aucune lassitude. Sérieux, cette soirée, pour moi, c'est du caviar, du bonheur total ! Je prends un pied complet et j'en redemande ! Ca continue avec le "Use your illusion II" avec un morceau sans prétention mais admirablement bien interprété, "Yesterdays", qu'on n'attendait absolument pas sur la set-list et qui fait un bien fou avant LE morceau que j'attendais ce soir, à savoir "Coma". Ils ne l'avaient joué qu'à seulement 4 reprises dans les années 90. J'ai toujouts trouvé ce titre ultra-fascinant, très visuel, avec une structure progressive, des parties très différentes, presque sans lien entre elles sans que le morceau ne perde en intensité ou en cohérence, à l'instar d'"Estranged". Et encore une fois, le groupe sonne juste avec une énorme interprétation, un Axl bien en place et un Slash ahurissant lors des solos. Il faut se remettre de nos émotions après ces 10 minutes ultra-intenses. C'est le moment que choisit le groupe de manière très judicieuse pour placer un bon solo de guitare avant d'enchaîner sur le thème du "Parrain" de Nino Rota, comme à l'époque. Là encore, c'est avec mes oreilles d'ado de 12-13 ans que j'apprécie ce moment inoubliable ! Et comme à l'époque, c'est enchaîné avec l'incontournable "Sweet child o'mine" et son intro de folie, qui marque aussi le retour d'"Appetite for destruction" sur la set-list, parce que mine de rien, ça faisait près d'une heure qu'on n'avait pas eu de morceaux de leur premier album ce soir !! La voix d'Axl ne faiblit pas et je trouve même qu'elle s'améliore par rapport au début du set, c'est plutôt rassurant ! L'intensité ne baisse pas avec "My Michelle", autre extrait d'"Appetite...", rageux, hargneux et toujours avec ce Slash aussi impressionnant.

On arrive maintenant dans la dernière partie de ce concert. Et là, on a une sacrée surprise avec une version personnelle et sublime du "Wish you were here" des Pink Floyd, en duo de guitares avec Slash et Richard Fortus, un peu comme à l'époque où ils jouaient "Wild horses". Sauf que là, il faut bien avouer que cette version est bien plus prenante et intense, et a plus de gueule que le morceau des Stones il y a 25 ans ! On voit ensuite l'arrivée du piano à queue, synonyme de "November rain" et ce coup-ci en intro un petit "Layla" d'Eric Clapton ! Encore une fois, on a droit à un sublime morceau de 10 minutes, intenses, fortes et avec des solos finaux de Slash ahurissants une nouvelle fois ! Ce qui est bon avec Guns N' Roses en concert, c'est qu'on ne sait jamais trop à quoi s'attendre, quel morceau va enchaîner, quelle surprise on va avoir. Eh bien là, c'est exactement ce qu'il se passe ! Sans présentation, ni introduction, les voilà qu'ils nous interprètent de manière absolument admirable le "Black hole sun" de Soundgarden en hommage à Chris Cornell, décédé quelques mois plus tôt ! N'oublions pas que Soundgarden avait assuré la première partie des Guns au début des années 90. Voilà un titre qu'on n'attendait pas et qui a été exceptionnel. Axl a fait honneur avec un chant très juste et approprié. Slash commence l'intro d"Only women bleed" d'Alice Cooper et comme il y a 25 ans, il enchaîne avec le "Knockin' on heaven's door" de Bob Dylan qui sera joué dans une version assez similaire à ce que le groupe avait l'habitude de faire en live, avec le pont reggae ainsi que la fin où Axl fait chanter le public ! Encore un grand moment où on se retrouve 25 ans plus tôt quand on regardait les VHS live du groupe à Tokyo, sauf que là, on est DANS le stade !! Et ce n'est pas fini ! 2H30 que ça dure et le groupe est toujours là, à se défoncer pour nous donner un concert géant ! "Nightrain" enfonce le clou, toujours intense, un Slash fidèle à lui-même et un Axl de haute volée avant que le groupe ne s'éclipse momentanément !

Le rappel débute doucement avec un "Sorry" qu'on n'attendait pas forcément ici mais qui est finalement assez judicieux avant la magnifique balade "Patience", seul titre du "G N' R lies" de la soirée, que je n'espérais plus ! L'intensité remonte avec une autre reprise ! "Whole lotta Rosie" d'AC/DC !! Le groupe la jouait déjà dans les années 2000 et comme depuis, Axl a rejoint le groupe australien sur leurs dernières tournées, ce n'est pas étonnant de voir le morceau interprété ici, d'autant plus que le timbre de voix éraillé d'Axl correspond bien à la formation australienne. Là encore, que du bonheur, du gros rock bien burné avec un Slash qui s'adapte super bien au style inimitable d'Angus Young. Pour nous achever, voici une nouvelle petite surprise du chef : "Don't cry" ! On ne l'espérait même plus d'autant plus que ce slow avait tendance à être zappé des précédentes tournées du groupe. Que de vieux souvenirs qui remontent en tête ! On a dépassé allègrement les 3h de show, mais la formation n'a pas encore envie de nous laisser là ! On ne sait plus trop à quoi s'attendre à ce moment-là. Après pas loin d'une trentaine de morceaux interprétés, que vont-ils nous sortir de leur chapeau ? Une nouvelle reprise ! Et là encore, de l'inattendu ! Les voilà qui nous déterrent un morceau des Who, du début des années 70, "The seeker", petit rock endiablé de même pas 3 minutes histoire de nous maintenir sous pression ! C'est à ce moment-là que Slash entame l'intro de "Paradise city", traditionnellement le morceau final des concerts de la formation californienne, LE hit imparable avec final déjanté, feu d'artifice et cotillons inclus ! Alors bien évidemment, on est content de se délecter une nouvelle fois de cet hymne du groupe, mais je dois avouer que même après plus de 3H15 de show, j'en aurais bien repris une bonne heure sans sourciller !! Franchement, quel concert, quelle performance !

Vraiment, en sortant du stade, je me suis dit que j'avais réalisé un rêve de gosse ce soir, et je ne pense vraiment pas être le seul. J'appréhendais un peu ce concert, j'avais peur d'une performance pas à la hauteur du passé, au rabais. J'avais tort. J'ai l'impression que ce concert, c'est celui qu'on aurait dû avoir 20 ans plus tôt, si le groupe ne s'était pas déchiré au milieu des années 90, s'ils avaient composé et enregistré "Chinese democracy" tous ensemble à la suite du "Spagheti incident?", vers 1995-1996, et qu'ils seraient repartis en tournée des stades comme ils le faisaient par le passé. C'est juste dommage d'avoir attendu autant de temps surtout qu'au lieu d'avoir 35 ans, ils en ont 55... Cependant, il faut bien avouer que malgré ces deux décennies d'attente, le bonheur est intact ! Et franchement, ça fait tellement plaisir, tellement ! La set-list a été admirable avec très peu d'impasses, tous les grands hits interprétés, rien à jeter. Je n'ai même pas envie de parler de l'avenir, d'un futur hypothétique album, de nouvelles tournées... Je veux juste profiter de ce moment, de ce concert qui restera graver dans ma mémoire ! Le rêve de gosse a été réalisé ! Merci à eux et bravo !

Set-list :

  • It's So Easy
  • Mr. Brownstone
  • Chinese Democracy
  • Welcome to the Jungle
  • Double Talkin' Jive
  • Better
  • Estranged
  • Live and Let Die
  • Rocket Queen
  • You Could Be Mine
  • New Rose
  • This I Love
  • Civil War
  • Yesterdays
  • Coma
  • Slash Guitar Solo
  • Speak Softly Love - Thème du Parrain
  • Sweet Child O' Mine
  • My Michelle
  • Wish You Were Here
  • November Rain
  • Black Hole Sun
  • Knockin' on Heaven's Door
  • Nightrain
Rappel :
  • Sorry
  • Patience
  • Whole Lotta Rosie
  • Don't Cry
  • The Seeker
  • Paradise City

Mots clés : Nicko, concert, Guns N' Roses, Stade de France, rock n' roll, Slash, Duff et Axl Rose

Dernière mise à jour du document : samedi 19 août 2017

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