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OVERMARS - Interview avec Ben et Xavier

par Nicko › dimanche 11 septembre 2005

1/ Salut, bienvenue sur Guts Of Darkness. Pourrais-tu tout d'abord nous faire un bref historique de la formation ?

Ben : On a commencé en 2001 ou un truc comme ça. Xav (chant) est arrivé sur Lyon et voulait remonter un groupe. Il m’en a parlé et tout c’est très vite mis en place… Tous les membres sont arrivés très vite (pas mal jouaient dans un autre groupe - Donefor – avant). Y’a que pour le bassiste que ça a été un peu compliqué. Après pas mal de changements, Marion est arrivé et on est très content qu’elle reste un peu avec nous. Et puis sur l’avant-dernière tournée européenne, on a perdu notre clavier. Donc on continue sous une formation plus classique.

2/ Vous sortez votre premier album, "Affliction, endocrine... vertigo", cette année. Peux-tu nous en parler et donner ton avis à son sujet ?

Ben : bah moi je suis plutôt content de l’album, même si je lui trouve plein de défauts. C’est l’artwork du cd qui me déçoit le plus en fait, mais y’a eu pleins de problèmes, ça a été assez chiant. Sinon, j’au toujours du mal à prendre du recul par rapport à ce qu’on fait. Je peux difficilement juger de la musique que je produis.

Xavier : Pour moi, c’est le fruit naturel de ce temps de travail et de passion que nous avons partagé tous ensembles. Je pense qu’on a bien fait de ne pas se précipiter et de faire ces split-CD avant l’album. Ça nous a permis de davantage nous découvrir musicalement, de voir ce qu’on était capable de faire et évidemment de mûrir et d’être en mesure de mieux assimiler nos influences et casser certaines barrières. Evidemment, je peux faire le perfectionniste et dire que de nombreuses choses auraient pu être meilleures ou mieux travaillées mais dans l’ensemble, j’en suis très fier. Mais ‘‘Affliction, endocrine… vertigo’’ est aussi le polaroid d’une époque du groupe, représentatif de ce que nous sommes aujourd’hui. Je ne sais absolument pas à quoi ressemblera la musique du groupe dans un futur plus ou moins proche. Nous n’avons rien composé de nouveau depuis l’enregistrement de l’album. J’ai personnellement envie d’expérimenter plein de choses tout en me faisant plaisir et je pense que mes petits camarades sont également dans cette optique.

3/ Je trouve que cet album se rapproche plus du metal qu'auparavant. Es-tu d'accord avec cette opinion ?

Ben : mmmh, musicalement oui, sans aucun doute. Mais moi ça ne sera jamais mon monde. Disons qu’on cultive encore un peu plus le paradoxe… ça c’est une idée qui me plait.

Xavier : Tu n’es pas le premier à me faire cette remarque. Oui, certains riffs et certaines atmosphères sont davantage connotés metal qu’auparavant mais bon… Je suis un grand fan de vieux death metal et de doom donc j’ai certainement du intégrer ces influences dans notre musique. Certaines chroniques ont qualifié ma voix de ‘‘deathcore’’, ce qui me fait marrer parce que si je dois avouer avoir essayé de me rapprocher d’un certain type de chant, ce serait plus du côté d’His Hero Is Gone qu’il faudrait chercher les influences. La plupart d’entre nous écoutent ou ont écouté du metal mais on tourne quasiment tous autour de la trentaine et on a eu le temps de découvrir et d’assimiler de nombreux styles musicaux. Même si le metal est très présent sur l’album, il y a des influences crust, new wave, sludge, blues, dub, indus, post rock…

4/ Niveaux paroles, vous restez toujours très imagés. Peux-tu nous expliquer le concept de l'album ?

Ben : pas vraiment de concept dans cet album. On a juste parlé de ce qui n’allait pas dans nos vie et essayer de brouiller un peu les cartes parce qu’on n’aime pas les discours univoques… tout simplement parce qu’on considère que le monde n’est pas simple et qu’on ne peut pas juste dire aux gens de se comporter d’une manière ou d’une autre. On essaye donc de dire comment on aimerait que le monde soit, mais à travers nos expériences, donc pas objectivent, et pas explicitement. Y’a déjà pas mal de groupes qui ont des discours politiques directs, et c’est très bien, mais on estime que ça sert à rien de reprendre leur discours et de les répéter bêtement. Autant essayer d’aller dans le même sens mais avec une manière différente de le dire.

Xavier : Benjamin et moi écrivons les paroles et l’un comme l’autre nous ne voulons pas asséner des (nos) vérités vaines aux gens qui sont amenés à nous lire. D’être imagés nous permet de faire passer nos idées d’une manière moins prosélyte et de laisser au lecteur la possibilité d’interpréter le texte qu’il a sous les yeux selon son propre vécu et sa sensibilité. Et puis finalement, ce n’est pas si facile que ça d’écrire des textes directs et pas tellement imagés sans verser dans la machine à slogans, chose que nous voulons à tout prix éviter. Qui sommes nous pour donner des leçons et dire aux gens ce qui est bien ou mal ? Pas vraiment de concept sur cet album, si ce n’est certains fils rouge qu’on peut extraire. Les thèmes abordés par ‘‘Affliction, endocrine… vertigo’’ traitent principalement de rapports humains et de leurs difficultés, de la tension et du rapport de force et de domination / soumission qui s’instaure souvent entre plusieurs êtres. L’idée de recherche d’identité est aussi sous-jacente dans les paroles. La recherche de l’identité en tant qu’individu perdu dans une masse sociale qui définit un cadre, une marche et des règles à suivre. C’est très dur de savoir vraiment qui on est quand on évolue dans un cadre où notre profession ou statut social, notre niveau de vie, notre religion, notre situation de célibataire / en couple / avec ou sans enfants, notre orientation sexuelle, notre âge, etc. nous définit. Personnellement, je ne me sens pas uniquement chômeur célibataire de 28 ans mais socialement, c’est ce qui me définit en premier. Etre un chômeur célibataire de 28 ans, c’est un état de fait, de l’état civil, ça ne définit pas ce que et qui je suis vraiment. Mais ça m’est rabâché à longueur de temps par l’administration, les médias, etc. Et au final, c’est que qui compte pour la plupart des gens, parce qu’ils sont persuadés que l’identité c’est ça. Finalement un numéro de Sécu semble suffire à la majorité des gens. Moi, je suis et je veux plus.

5/ D'ailleurs, que représentent pour toi les rêveurs, par rapport à votre titre en 5 parties, "Destroy all dreamers" ?

Xavier : Le rêveur, c’est un peu comme le hippie, une espèce à exterminer ! Plus sérieusement, le rêveur est pour moi quelqu’un en étape de réalisation d’un projet. C’est fantastique de rêver de choses mais tant qu’à faire, autant que cela devienne réel. Détruire le rêveur, c’est lui permettre de passer à l’étape suivante, celui du bâtisseur de ses envies et ses désirs, c’est lui permettre de ne pas sombrer dans l’apathie, puis dans l’aigreur et le conformisme.

6/ Aussi, le monde marin a l'air de vous inspirer particulièrement pour vos métaphores si j'en juge par certains titres comme "A spermwhale's quest" ou "The mistaken one", tiré du split avec Donefor, qui d'ailleurs s'intitule... "In the arms of octopus" !!! Y'a-t-il une raison à cela ?

Xavier : La mer me fascine. Depuis toujours. Pourtant j’habite à Lyon ! Il se passe tellement de choses sous la surface. Je trouve que ça représente très bien ce que nous sommes, une surface facilement identifiable, calme ou en colère, mais avec tellement de choses dessous, un véritable univers riche et complexe avec ses lois et ses mécanismes. L’univers marin m’offre de nombreuses images pour représenter ce que je peux ressentir. A Spermwhale’s Quest et les deux Mistaken One en sont les parfaits exemples. Et certains textes à venir jouent également sur le même champ lexical. La mer m’angoisse aussi. Nager en mer sans avoir pied, sans voir ce qu’il y a en dessous me fout très mal à l’aise. Syndrome Dents de la Mer ? Peut être, hé hé ! Le jour où je n’aurai plus rien à faire sur Lyon, je n’exclue pas d’aller vivre au bord de l’océan. Mais bon, j’ai encore des tonnes de projets ici.

7/ Toujours concernant les paroles, vous aviez écrit pour chaque titre du split avec Donefor un commentaire expliquant les raisons qui vous ont poussé à écrire cette chanson. Pourquoi n'avez-vous pas continué sur ce premier album ?

Ben : Parce qu’on préfère laisser les auditeurs se faire leurs propres idées. Nos discours étaient plus directs à l’époque et avec le temps, on a ressentit le besoin d’être moins directifs.

Xavier : Ce n’est pas exclu qu’on explique les textes à nouveau sur d’autres disques (pas forcément des albums) mais pour ‘‘Affliction, endocrine… vertigo’’, on préfère en parler directement avec les gens ou dans le cadre d’interviews.

8/ Comment s'est passée la signature avec Appease Me... ? Etes-vous satisfaits de ce label jusqu'à présent ?

Xavier : Appease Me… nous a contactés peu de temps après la sortie du split avec Fugüe. Enfin… Disons qu’on s’est bien couru après à cause d’e-mails n’arrivant pas à destination mais finalement, on s’est trouvé et bien trouvé ! A la base, on évolue dans un milieu punk hardcore Do It Yourself, milieu très engagé politiquement et très hostile à tout ce qui peut avoir trait au capitalisme et au music bizness. Signer sur Appease Me…, ça signifiait sortir de cet univers punk DIY, être confrontés et exposés à d’autres scènes que nous ne connaissons pas ou avec lesquelles nous partageons peu ou rien. On aurait pu sortir le disque par nous même ou sur Alchimia (qui a sorti la version 2xLP et qui est tenu par des gens qui nous sont très proches) et continuer comme avant. Certains d’entre nous s’en seraient parfaitement contentés. En ce qui me concerne, c’était l’occasion de toucher d’autres personnes, de présenter notre musique et nos idées à des gens qui n’y auraient pas eu accès car ce n’est pas leur univers. Si ce qu’on peut raconter en interview permet de toucher un public autre que celui de la scène punk hardcore, que ce public fasse l’effort de s’intéresser à ce dont on parle (qu’il y adhère ou pas, ce n’est pas mon problème), et bien pour moi, la signature sur Appease Me… et par extension Candlelight prend tout sons sens. La chose à savoir, c’est que j’ai beaucoup discuté avec les gens du label, pour savoir qui ils sont, quelles sont leurs motivations et sur de très nombreux points, je m’y suis reconnu. J’adhère à 100% à leur démarche artistique. On a également vécu en direct un grand moment dans la vie dans ce label, à savoir le rattachement à Candlelight et Plastichead. Ça a évidement influé sur notre choix de signature mais pas que. Les discussions avec Appease Me… nous ont aussi obligés à nous poser des questions sur ce que nous voulions réaliser avec Overmars, sur ce qui importait vraiment. Alors bien sûr, on a du faire quelques compromis, avoir un code barre sur les disques, accepter que ces derniers soient vendus chers en magasin et dans les supermarchés de la culture mais au final, ça ne change pas grand-chose pour nous. On fait plus d’interviews, on a plus de possibilités de concerts, on est bien distribués mais artistiquement, nous n’avons aucune limite, aucun cadre à respecter. Nous ne travaillons avec eux que pour ce disque. Libre à nous après de réitérer l’expérience si nous le souhaitons. Nous n’avons aucune obligation contractuelle, aucune contrainte. A mon sens, vu le jeune âge du groupe, c’est le meilleur deal que nous puissions avoir. Pour l’instant, comme tu peux le deviner, je suis satisfait du label et puis le catalogue d’Appease Me… est vraiment excitant artistiquement. Sans être fan de tout ce qui se fait, chaque groupe possède sa propre démarche, sa propre identité et surtout, ne cherche pas à coller à un quelconque phénomène de mode. Et tant mieux. Le seul point noir a été au moment de la finalisation de l’album (packaging) et est du à un problème de communication. Quand tu es sur Appease Me…, tu es aussi sur Candlelight et Plastichead et c’est une véritable organisation pyramidale façon armée mexicaine et c’est dur au début de s’y retrouver. Maintenant, tout est plus clair.

9/ Que penses-tu du rachat d'Appease Me... par Candlelight ?

Xavier : Très bien dans le sens où Appease Me… garde une liberté artistique totale et bénéficie de tous les avantages de Candlelight et Plastichead. Mais je ne crois pas que ce soit véritablement un rachat. Candlelight poursuit d’ailleurs cette politique de licence avec d’autres labels, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis. J’ai l’impression que ce label veut se donner un coup de fouet et se redynamiser et ce n’est pas plus mal.

10/ D'où vous est venue l'idée d'inclure un DVD à l'album ?

Xavier : Je crois que c’est Arno qui a proposé l’idée. On a toujours voulu qu’Overmars soit plus que de la musique et intégrer un DVD qui présente d’autres facettes du groupe est quelque chose de logique et naturel pour nous. Notre site fonctionne aussi sur ce système avec les textes en ligne. Faudrait qu’on réactualise cette section d’ailleurs…

11/ A l'instar de Neurosis, dont votre style se rapproche sensiblement je trouve, le côté visuel a-t-il une place importante dans votre univers ?

Xavier : Oui, Overmars n’est pas qu’un groupe de musique. Même si le média principal du groupe est la musique, nous accordons énormément d’importance aux visuels et aux écrits. D’ailleurs, les réalisations du groupe vont au-delà du support sonore. En concert, nous distribuons des fanzines regroupant des textes, des dessins et des photos réalisés par les membres du groupe et des gens qui gravitent autour, plus ou moins directement.

12/ Aurons-nous l'occasion de vous voir bientôt en concert ?

Ben : la prochaine tournée sera au mois de décembre… 10 jours en Angleterre avec Axis of perdition. Mais on a de moins en moins de temps pour les concerts.

Xavier : Nous tournons fréquemment en France et en Europe, donc oui. La rubrique concert de notre site est updatée dès que de nouvelles informations sont disponibles.

13/ Que penses-tu de la scène metallique française actuelle que ce soit au niveau des groupes, des labels, des assos, des tourneurs, etc... ?

Xavier : Pas grand-chose, c’est un univers que je connais finalement assez mal. Pour les groupes français, des formations (pas forcément metal) comme Amanda Woodward, Tantrum, Year Of No Light, Spinning Heads, Comity, Blut Aus Nord, Doppler, Daitro, Mihai Edrisch, Dirge, Submerge, Monarch, Carmina, P.H.O.B.O.S, Disagio sont réellement talentueuses et sont un bon exemple de la richesse et de la qualité des groupes français. Pour les labels, à part Appease Me… et Listenable, je ne suis pas trop au courant des activités metal nationales, idem pour les assos et les tourneurs. Je connais davantage le réseau punk hardcore et malgré quelques différences de fonctionnement entre ses différents acteurs, je le trouve très intéressant et dynamique. Bien qu’ils ne fonctionnent pas de la même façon, des labels comme Stonehenge, Overcome, Exutoire, Alchimia ou encore Shogun proposent des visions intéressantes de l’alternative et de l’underground, ainsi que des moyens de les diffuser. Sans parler d’unité (ce fabuleux concept de rugbymen et de skinheads repentis en hardcoreux), quand les différents protagonistes de ce mouvement arrêteront de se juger, de se tailler et de définir ce qui est punk / hardcore ou ce qui ne l’est pas, ce dernier sera peut être plus fort et solide. Petite parenthèse sur les tourneurs, pour des groupes de notre envergure ou plus petit, je trouve ça mieux de s’occuper soit même de monter ses tournées, du moins les premières fois. Ça permet de bien se familiariser avec tout cet univers, de créer de réels liens avec des gens véritables, d’apprendre certaines réalités du monde des tournées et ne pas tout prendre pour acquis. Maintenant, hors France, on passe par un tourneur mais depuis 4 ans, nous avons géré directement tous les aspects de nos concerts et tournées, ce qui nous a beaucoup appris et apporté. Je profite d’ailleurs de cette interview pour remercier toutes les personnes nous ayant aidées depuis nos débuts en nous faisant jouer chez eux, en nous hébergeant et en nous accueillant comme des amis.

14/ Quelles sont vos influences dans Overmars ? Quels sont les albums qui tournent le plus souvent dans vos platines ?

Ben : ouch, ces questions c’est toujours l’angoisse parce que y’a tellement de réponses… en ce moment j’écoute spazz, jean seberg, tumult, his hero is gone, wolfbrigade, black heart procession, assück… bref, tu vois que c’est très varié et complètement différent de la semaine prochaine… mais sinon, le groupe que j’écoute le plus régulièrement, c’est certainement condense… et catharsis quand même.

Xavier : J’ai déjà un peu répondu. En ce moment, j’écoute beaucoup Electric Wizard, Today Is The Day, Lisabö, Tarentel, Ulver, Esoteric, The Swans, Angels Of Light, The Body Lovers.

15/ Voilà, je te laisse conclure cette interview si tu as quelque chose à ajouter. Merci pour ton temps !

Ben : merci beaucoup pour ton intérêt. A bientôt sur une prochaine tournée. Up the punx !

Xavier : Merci beaucoup pour ces questions. Si les lecteurs de GOD veulent nous en poser d’autres, qu’ils n’hésitent pas à nous écrire. Je fais aussi un appel à l’activisme dans les scènes underground, que ce soit en tant que groupe, organisateur de concert, zine ou même simplement spectateur. Tant qu’il y aura des gens pour maintenir en vie tout cet univers et ce réseau underground, on pourra encore écouter des musiques fraîches, qui prennent des risques et se contrefoutent des modes. On pourra aussi découvrir et diffuser d’autres formes d’arts alternatifs et c’est très important si nous ne voulons pas finir uniquement nourris par les majors et les médias de masse.

Mots clés : interviews, Overmars, hardcore, punk, metal, Nicko et France

Dernière mise à jour du document : dimanche 11 septembre 2005

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