Il n'y avait que peu de risque que la bande originale de The Fear (Terreur, chez nous), une des séries B horrifiques des années 90 vendues sous le label publicitaire Wes Craven (même Wishmaster était mieux, c'est dire le niveau), soit pire que le film... Aucun doute sur la cible commerciale : la B.O. de Judgment Night ayant eu plus de succès que le film lui-même quelques temps auparavant, l'idée de réunir quelques rappeurs pour un film d'horreur n'était pas une mauvaise idée. Nulle surprise d'y retrouver Gravediggaz (leur titre-signature tout de même, déséquilibre avec le reste des intervenants assuré question charisme et classe), ni les maquillés de Detroit Insane Clown Posse ou les Flatlinerz, mais regret évident qu'on aie pas affaire à des inédits (encore que pour les clowns débiles on s'en foute un peu). Passé l'anecdotique mélange de Cypress Hill et de Run-DMC en intro torché à l'arrache par Esham (dans l'esprit de ce qu'il faisait sur Judgment Day), plus inspiré quand il rappe sur des nappes de synthé (le Natas est guère mieux, issu de leur tout premier skeud encore bien rudimentaire, mais ça reste du Natas old school ce qui veut dire assez malsain), on savoure un panel 100% horrorcore de l'époque... enfin 100%, hem, à condition de mettre de côté la daube finale de Kim Waters, dans un style axé variété-jazzy de série US ringarde, probablement un single refusé pour le générique de Melrose Place mais on s'en tape, car l'attention de l'amateur sera attirée sur les patronymes les moins éloquents : Half Pit Half Dead par exemple, dans un style très proche des vieux Onyx (z'auraient d'ailleurs bien eu leur place ici, les vilains crânes d'oeufs), mais on peut également citer Black Peter et Machete, dont on peut se demander si ne sont pas simplement des alias bidon, vu qu'on n'en retrouve aucune trace en dehors de ce disque, en même temps pour eux il faudra que vous vous sentiez d'attaque pour accepter le style "ragga horrorcore cheap", et pas dit que ça parle à d'autres qu'à moi... même questionnement sur les origines moléculaires concernant Terror et Infared, inconnus au bataillon ou alors tellement UG qu'ils n'apparaîssent sur aucun radar, pourtant "Graveyard Tales" au parfum de vieux M.O.P. (en moins gueulard) coupé à une ambiance à la DITC le fait carrément, et "Infared's Terror" envoie du lourd dans le genre horrorcore malsaine et odorante, le flow bien rauque et aigrelet en sus... alors bon dieu, est-ce que cette B.O. a initialement été prévue comme un mini-tremplin pour ces quelques MC's sortis d'on ne sait quelle nébuleuse, en plus de mener l'air de rien le chaland à se ruer sur la tuerie qu'est le premier album des Fossoyeurs... ? Et, bon sang d'bon soir, est-ce que quelqu'un de socialement équilibré en aurait quelque chose à cirer ? Ô fonds de tiroir poussiéreux pétris de mystères... puissent blattes et cancrelats emporter à jamais vos futiles secrets !