Blaine L. Reininger › Glossolalia

Blaine L.Reininger est un globe-trotter. Connu pour avoir quitté son Colorado natal au profit du climat tempéré mais toujours grisonnant du vieux Bruxelles d'où il a prodigué sa bonne parole sous les traits de Tuxedomoon en compagnie de Steven Brown, Peter Principle et Winston Song, à la fin des années quatre-vingt, son jouet cassé, il est reparti de plus belle s'exiler définitivement sous le soleil de plomb d'Athènes, seulement perturbé par deux ou trois autres aller-retour dont les destinations sont connues de lui seul. Acteur de l'ombre dont l'élégante discretion confine à l'art de la disparition, "Glossolalia" est son dernier exercice solo en date, le premier à paraître après quasi dix ans d'un désert discographique, le premier aussi à paraître sur label Off, branche plus expérimentale du label Stilll, géré notamment par Alain Lefebvre qu'on avait pu entendre jouer des percussions sur "Holy Wars" (ceci pour refermer la paranthèse Tuxedomoon). "Glossolalia" est bien le reflet de son auteur ; un patchwork d'idées parfois saugrenues mais qui font toujours preuve de personnalité, où sérieux et légerté se côtoient sans que l'un ne l'emporte sur l'autre. Ça commence par un improbable "Paris, Texas" revu et corrigé par "My Life In The Bush of Ghosts", ça se veut foutoir altermondialiste à la "Clandestino" avec ses appels du pied aux folklores grecs, italiens et mexicains, ça peut-être aussi poignant qu'une musique de film traîtant des jardins anglais du dix-neuvième siècle ("Lemonaki"), ça rock'n'roule, ça Residents sans en avoir l'air ("Hank and Audrey", "Lunar Rose Oubliette"), ça revisite les sonorités plastiques des années quatre-vingt mais surtout ça n'oublie pas de rester moderne par le biais d'une electronica de salon intelligente ("Drippy", "Dance In Your Blood", "Look Like A Rube"). Bref, ça voyage un max, et ça faisait tellement longtemps qu'on sent bien que Blaine a un plaisir non feint à partager avec nous ses dernières photo souvenirs qu'il nous a ramené de vacances.