Vous êtes ici › Les groupes / artistesMGérard Manset › La Mort d'Orion

Gérard Manset › La Mort d'Orion

  • 1996 • EMI records 7243 854 686 2 • 1 CD digipack

cd • 5 titres

  • 1La mort d'Orion: Introduction/La mort d'Orion/Où l'horizon prend fin/Salomon l'ermite /Final
  • 2Vivent les hommes
  • 3Ils
  • 4Le paradis terrestre
  • 5Elégie funèbre

extraits vidéo

informations

line up

Gérard Manset (chant, musique, production)

Musiciens additionnels : Anne Vanderlove (chant féminin), Gianni Esposito (récitation)

chronique

J'ai hésité avant d'oser m'attaquer à un album de la longue et inclassable discographie de Gérard Manset, discographie que je connais très très mal. C'est peut-être parce qu'il n'est pas le plus représentatif que j'ai fini par prendre ma décision, dissimulant ma méconnaissance culturelle derrière l'ambiguïté de cet enregistrement. Atypique, discret, Gérard Manset est un ovni dans la musique française, l'un de ces pèlerins séculaires en quête d'une plénitude qu'eux seuls sont capables de comprendre car ils la portent déjà en eux sans le savoir...Hors de toute chapelle, de toute catégorie, l'homme a tissé une oeuvre fascinante et unique, abordant les genres comme on ouvre des livres, comme on noircit des pages blanches. 'La mort d'Orion' pourrait être classé dans la rubrique 'rock progressif' de par sa ligne conceptuelle et ses structures alambiquées, surtout sur le premier morceau qui, à l'instar du 'Atom heart mother' de Pink Floyd, emplit la plupart du disque. 'Où l’Horizon prend fin, où l’œil jamais de l’homme n’apaisera sa faim, au seuil enfin de l’Univers, sur cet autre revers trouant le ciel de nuit, d’encre et d’ennui profond, se font et se défont les Astres ', ainsi débute cette épopée trompeuse car ne semblant pas suivre une narration précise, le thème paraissant n'être prétexte qu' à l'évocation poétique pure, à la création musicale...Les paroles peuvent laisser parfois perplexes dans leurs étranges coquilles ('Les grands arbres se dressent, les yeux mouillés, leurs cheveux comme des tresses qui cachent le soleil, les fleurs sont comme des oreilles, et tout homme est pareil'), même si les allusions pourraient laisser croire à un avertissement aux Terriens quant à leur manière de gérer leur planète. Paradoxalement peut-être, le message en tant que tel n'est pas si important, il se glisse entre l'étrangeté des mots, les lignes musicales mêlant aussi bien des influences néoclassiques que rock avec des breaks, des ponts, dans lesquels se croisent orgue funèbre, sitar, piano, roulement de tambours, violons tziganes, mêlés dans un jeu d'arabesques complexes qui tissent une trame abstraite mais emplie d'espace. Il se dégage de cette première pièce et ses multiples actes une beauté obscure pareille à l'éternité de l'espace. Et puis, il y a le chant de Gérard Manset que pour ma part j'aime beaucoup. Un peu frêle, proche d'un Francis Cabrel tragique à qui on aurait retiré l'accent, d'un Sheller triste, elle se savoure dans la séduction des mots qu'elle prononce, des mots qui font de 'La Mort d'Orion' une sorte de pièce de théâtre, une tragédie cosmique que le renfort de la récitation du poète Gianni Esposito et de la chanteuse Anne Vanderlove. Quelle est donc cette mystérieuse Orion qu'ils nous chantent ? Ne s'agirait-il pas de notre terre ? Et les notes, ces étranges collages tissages crées par le musicien ne sont-ils pas là pour cultiver cette réflexion ambiguë ? Certaines bandes sont passée à l'envers, étouffées, recomposées, préfigurant la technique de l'échantillonnage et plombant toujours les aspects atmosphériques d'une forme de danger qui, franchissant quelques structures cabaret déglingué, rock tranquille, défigurées de quelques envolées symphoniques atteint le final 'Elégie funèbre' étrangement sobre avec pour tout accompagnement une mélodie de piano passée à l'envers, parchemin brute où s'égrènent des paroles dures et glauques ('Couvrez-moi de fleurs s’il le faut, laissez venir l’homme à la faux, et si me coudre les paupières, au moins ne me riez derrière') en suivant une technique inspirée du Moyen-Age, lesquelles s'égarent dans un bref écho final. Ecrite à 24 ans, cette oeuvre atypique de Manset aurait laissé son géniteur mal à l'aise avec l'idée d'avoir écrit quelque chose d'aussi noir si jeune. Toujours est-il qu'elle fit le délice des collectionneurs jusqu'à cette réédition cd avare de renseignements, intrigante et sombre à l'image de la musique. 'La Mort d'Orion' est un album spécial, de ceux qui parlent aux uns et laissent les autres sceptiques, un diamant noir ouvert sur un infini prisonnier de quatre murs.

note       Publiée le dimanche 23 septembre 2012

dernières écoutes

Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "La Mort d'Orion" en ce moment.

tags

Connectez-vous pour ajouter un tag sur "La Mort d'Orion".

notes

Note moyenne        10 votes

Connectez-vous ajouter une note sur "La Mort d'Orion".

commentaires

Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "La Mort d'Orion".

Seedzel Envoyez un message privé àSeedzel

Pur objet musical non identifié et chef d’œuvre que celui-là, pourtant complétement à part dans la discographie de Manset... et la scène musicale française du XXème siècle. Seulement trois chroniques d'album de cet artiste hors du commun sur Guts ?

Note donnée au disque :       
Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
avatar

je connais un mec qui a interviewé Manset (des jours et tout un jeu de piste pour le retrouver finalement dans un café, comme si le mec était plus traqué que Mesrine); confirmation: il se fout complètement de ses albums, de leurs rééditions...Il retravaille ce qu'il n'aime pas, réarrange, vire ou oublie complètement ce qu'il n'apprécie pas; ses premiers travaux sont durement touchés par cette manière de 'travailler'...

SEN Envoyez un message privé àSEN

J'ai l'impression que Manset lui même ne fait pas beaucoup d'efforts pour rendre accessible ses premiers albums avant 1975, alors que c'est précisément ceux qui m'intéressent... J'ai réussit à mettre la main sur le vinyle de "La Mort d'Orion" mais pour son album de 1972 "Long Long Chemin" et pour le 1er ça va être un peu plus chaud, ou alors en y mettant le prix !

Note donnée au disque :       
Raven Envoyez un message privé àRaven
avatar

Faut tâtonner dans le marché de l'occasion, ils se trouvent tous sans se ruiner, à part la première édition du premier qui coûte un bras (la rééd' de 70 est mieux de toute façon, y a Golgotha et Dernière Symphonie dessus). Et faut bien faire gaffe aux rééditions ré-agencées par le père Gégé, qui a chamboulé l'ordre de tous ses albums sur les CD ! Mieux vaut les vinyles originaux pour le coup, gare à la Mansetlandia. Oui il y a des merveilles dans le Manset années 70 (Long Long Chemin argh), et pas que sur ses premiers, ça continue par le Royaume de Siam, jusqu'à Matrice (même s'il faut passer par le Marin' Bar, attention)... Et même après... En fait, faut tout avoir.

Note donnée au disque :       
SEN Envoyez un message privé àSEN

Les premiers Manset sont vraiment classes (et introuvable) ! Aucune rééditions bordel, alors que tu trouves tous les albums de Christian Morin à la clarinette sans problème ! Son morceau de 14 minutes "2870" daté de 1978 est ouf ! Y'a des trésors sur ses premiers albums (suffit d'écouter Jeanne pour s'en convaincre) !

Note donnée au disque :