Invisible Empire › Chants before the last battle

Mystérieux projet que ce Invisible Empire (première signature du défunt label italien Oktagon)...A priori, ses membres aiment à brouiller les pistes car s'ils n'hésitent pas à user d'une icônographie et d'un patronyme un brin sulfureux (l''Empire invisible' ayant à maintes fois été utilisé pour désigner le Ku Klux Klan), leur musique n'a rien d'un quelconque indus martial. Certes, les thèmes traités sont assez proches de ceux du genre ainsi que du dark folk puisque le groupe propose une réflexion philosophique et occulte sur l'évolution d'un nouvel âge, l'honneur, la place de l'homme dans l'histoire, et cite dans ses influences autant Mishima que Type O Negative, Léon Degrelle que Wumpscut, Brasillach que Paul Roland. Musicalement pourtant on se rapproche d'une sorte de mélange de dark ambient, d'électro dark, voir de touches gothiques. La voix profonde de Corvus d'ailleurs évoque volontiers celle de Dave Vanian (The Damned) ou Mercy (Malombra, Helden Rune, Ianva); quant à mon morceau favori 'Rockin' odal', c'est un pure morceau de gothic rock occulte avec percussions rituelles, orgues pesants, gémissements de guitare, chant incantatoire et désespéré, atmosphère que l'on retrouve sur 'The real war' (pas si loin de Kirlian Camera) et 'The Puppet's master', ces derniers étant caractérisés par une touche légèrement dark wave. Mais difficile de s'arrêter là, chaque pièce explorant quasiment un nouveau genre à chaque fois. Des exemples ? 'Fragment of honour' très lithurgique avec orgues et choeurs féminins en arrière-fond, 'The modern death' nettement plus dark ambient avec ses nappes synthétiques étouffées et ses vocaux lointains, 'Tribute to the German cosmic couriers' qui évoque des échos d'une versions glauque de Tangerine Dreams, 'Behind the azure of Adelphi' et 'Holy Roman invisible empire', plus orientés dark électro, 'And they prepare a new age', indus, sans parler d'interludes musicaux à l'orgue. C'est peut-être l'un des principaux reproches de ce disque, il est trop panaché, part dans trop de directions musicales à la fois pour être suffisamment cohérent. La seconde faiblesse est l'aspect un peu brouillon de certains titres, Invisible Empire donne l'impression d'expérimenter et comme les enregistrements ont été réalisés à la maison, la qualité est parfois un brin aléatoire (les vocaux du pourtant très bon 'Fragments of honour'). D'un autre côté, des morceaux comme 'Rockin' Odeal', 'The Puppet's master' ou 'The real war' valent à eux-seuls l'achat, sans compter que cette atmosphère, parfois un peu brouillonne a quelque chose de fascinant, et je ne parle pas du livret qui est de grande qualité...La moitité des titres pourtant aurait suffi. 3,5/6