Kabbal › Synthetically revived

Dans le volumineux paquetage de promos qui attend régulièrement le chroniqueur, il y a vraiment de tout. Et c’est bien ce qui rend la tâche ardue. Alors lorsque l’on reçoit un album comme ce premier Kabbal, où on retrouve un frisson death perdu depuis plusieurs années (pour votre serviteur en tout cas), on se demande si on entend bien… «Synthetically Revived» du groupe français m’a fait replongé dans les moments hallucinés que je connus à l’époque où sortirent de concert «Arise» et «Cause of death», même si le groupe se réclame à juste titre plus de Morbid et de Slayer que de Obituary et de Sepultura. Ce premier album possède cette atmosphère oubliée et typiquement death metal, le souvenir d’un monde totalement apocalyptique et terrifiant que nous peignait Michael Whelan, ciel clos, horizon désespéré… un esprit death roots et typiquement old school, alors que le groupe n’a rien de rétrograde dans sa musique. Très lourd et très vite, très sombre. Kabbal possède un son sourd et puissant, un vocaliste à l’unisson du tout, et le sens de la brutalité maligne. Une technique implacable et bourrée d’énergie, des riffs lourds comme la terre entière, thrash jouissif, death totalement impitoyable, ruptures et breaks incontestables, Kabbal est porteur de la lourde chape d’horreur et de cauchemars qui fait que le death est death. Mélodique et brutal, très brutal, Kabbal pèse, ruse, frappe tout droit où mitraille… Kabbal enfonce dans le sol jusqu’à ce que noir s’en suive. Pour ceux qui veulent autant de lourd que de violent, autant de vite que de plomb lent, autant de coups de poings que tirs groupés. Entre les vocaux très gutturaux, le son opaque des deux guitares, leurs soli stupéfiants et réellement dévastateurs, le batteur en flagrant délit de perfection, les quatre français ont pondu une grosse grosse bombe… une bombe sale comme disent les experts en terrorisme : c’est à dire avec des bouts de dégueulasse dedans. Nucléaire, biochimique, morceau de fer, acier rouillé et tétanos… Kabbal dès son premier album est nocif à l’oreille et à l’humeur : une fois sur la platine, l’album vous plombe la gueule et il ne vous reste plus qu’à errer dans la rue à la recherche d’un type à égorger… à moins que le trop plein d’enfer qui jaillit de ces mélodies franchement violentes ne vous cloue pour la semaine dans votre lit de déprime. L’ambiance, l’esprit, la violence très prononcée et accentuée par les choix mélodiques, la puissance rythmique… le frisson death. Attention donc, une grosse pointure est à l’orée de l’explosion et elle est bien française : Kabbal.. Kabbal… Kabbal… les yeux vides et les tripes retournées, on ressort de «Synthetically revived» avec 30cm de cheveux en plus et la preuve que ces atroces chimères qui sentaient la folie comme la mort et la merde sont bel et bien vivantes… et qu’elles reviennent en France.