Généralement au restaurant, on se réjouit de et on vient pour le repas mais on aurait tort parfois de négliger les amuse-gueules, un art encore plus délicat dans sa conception. Les Danois de Moth n’auront duré que deux ans (à relativiser cependant, ils ont apparemment sorti un nouveau single en 2021) mais ont quand même trouvé le moyen de sortir un album, six singles, sans oublier les collaborations. Pour casser la logique, considérons le dernier 45-T (de l'époque), ça me laissera de la matière pour la présentation de leur album, le menu en quelque sorte, en temps voulu. Les ingrédients de base ne sont pas si exotiques, voilà des jeunes gens ayant beaucoup écouté les Cure sous l’angle post punk bien davantage que new wave mais tout est dans la manière de s'en servir... Cette galette, telle un écu, offre deux faces de la même monnaie. La première, la plus torturée, oeuvre entre rythmique post punk, guitares deathrock et un chant féminin bien désespéré. Il y a la mélodie, il y a l’ambiance, il y a la noirceur grise ou la grisaille noire selon les points de vue. Le verso se présente comme plus brumeux, plus calme dans le tempo, évoquant furieusement le brouillard Curiste de l’époque ‘Seventeen seconds/Faith’ mais comme un cadet plus assuré dans ses pas, les ainés ayant balisé la piste. Guitare discrète, neigeuse, un clavier funèbre en toile de fond, boîte sèche, une basse ronde et un chant masculin grave pas vraiment plaintif, presque résigné dans sa tristesse malgré le soutien des choeurs féminins. Le danger avec des antipasti de cette qualité, c’est qu’on s’empiffre presque trop et qu’on n’a plus si faim en arrivant au moment d’un repas pourtant succulent.