Si Heimat était un trip, je le verrais comme une bonne grosse fumette d’excellente herbe (du genre bien lourde dans le bong fabriqué maison avec une bouteille en PET) que j’interromprais de temps à autre histoire de sniffer un popper…Ralentir la cadence, se mettre dans une torpeur mi-coton mi-toxique, quelque chose de luxuriant, d’exotique, version toc avec quelques flashes grinçants trop colorés qui vrillent la tête. La pop de ce duo parisien ne ressemble en effet à rien de trop aisément classable; entre new wave et expérimentation, elle emprunte beaucoup, copie peu. Reposant sur des collages adroits de samples, elle dégage une impression orientale de par les sonorités utilisées, des rythmiques aux connotations faussement exotiques, mais se heurte à l’aspect purement européen du chant (majoritairement en allemand, hormis deux chansons en italien) qui évoque vaguement Nico dans le timbre et Siouxsie (époque Creatures) pour l’usage. Quand je dis ‘adroit’, c’est parce que le groupe assume un jeu bancal dévoilant clairement ses boucles sans chercher à prétendre à une fluidité trop facile. Contre toute attente, le tout sonne très cohérent, séduisant de manière légèrement interlope sans renoncer pour autant à une certaine aura pop au sens noble. Rien pour que la première composition, ‘Wieder ja !’ (ne cherchez pas un sens trop marqué aux paroles, je doute qu’il y en ait un), l’achat se justifie…Percussions au groove exotique, incroyable, léger effet de transe, chant prenant…Une formule gagnante dès le départ qui se retrouve tout au long du disque. Si elle constitue ma favorite (celle pour laquelle la touche ‘repeat’ a été crée), d’autres perles parsèment cet album. Un ‘Dein Arktekt’ que je trouve très berlinois, allez savoir pourquoi (le côté electro peut-être ?), ‘Afrikistan’ et son feeling délicieusement expérimental à ressentir au travers d’une fumée de ganja opaque, histoire de flirter avec le bad trip sans jamais y céder ou encore ‘Pompei’ pour son côté carton pâte mystérieux. Alors que la presse ‘alternative’ de l'Hexagone loue le ridicule second album de La Femme, ne passez pas à côté de Heimat; là, on tient quelque chose ! 4,5/6