Mule › Mule

Mule, dans la catégorie second couteau, ça sonne tellement 90's, Jesus Lizard Killdozer & cie, qu'on se demande si ce serait pas en plus produit par Steve Albini. Et quand on se rend compte que c'est effectivement produit par Steve Albini, on se demande si Mule, tellement que ça sonne Steve Albini, ce serait pas juste un exercice de style de Steve Albini apeuré à l'idée de perdre la main. Et alors ça, c'est avant qu'on se rende compte qu'en plus Mule c'est signé chez Quarterstick, sous-label de... Touch & Go. Ben voyons. Le monde est petit dans le rock à tracteurs. N'empêche, ce serait rendre trop peu d'attention à Mule. Car derrière cette façade 100% relou, y'a justement des vrais mecs 100% relous qui se cachent, et qu'il serait dommage de louper. Tout autant fascinés par le vie à la mode white-trash que leurs aînés, ils sont même presque aussi doués dans la formule : incestes, pick-ups et basses-cours au programme de toute une série de contines électrisées qui fleurent bon la bouse et les MST. Tout ça c'est mené en main de maître par la session rythmique des Laughing Hyenas, débarquée ici comme pour finir son cahier de vacances, et surtout le chanteur des Wig, assez admirable de débilité crasse et de salopettisme dans son genre (il nous fait même le coup du vieux tube country besogneux au milieu du disque, histoire d'en rajouter une couche, le con). Bon. On va pas non plus se mentir. Mule c'est sûrement pas le groupe de l'année, fut-elle 1993. Et Mule c'est encore moins le sujet aux $15 qu'il faudrait probablement lâcher sur eBay, en recherche d'un alt-rock un peu beef jerky AOC. Mais c'est cool quand même Mule. Et ça a l'avantage de donner envie de ressortir son Alice Donut du même nom.