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Giant Drag › Swan Song
- 2010 • Roar Scratch RS0001 • 1 CD digipack
cd • 4 titres • 16:42 min
- 1Swan Song05:12
- 2Stuff to Live For03:54
- 3White Baby03:34
- 4Heart Carl04:02
extraits vidéo
informations
Produit par Joe Cardamone & Giant Drag
line up
Annie Hardy (chant, guitare), Micah Calabrese (batterie, synth bass)
Musiciens additionnels : Joe Cardamone (guitare ryhtmique, Wurlitzer), James Striff (guitare)
chronique
- noise-pop fragile et tourmentée
Quand sort cet EP en 2010, Giant Drag n'existe plus de facto depuis déjà plusieurs années. Le batteur Micah Calabrese a jeté l'éponge peu après la tournée suivant la sortie de Hearts & Unicorn, singulier et dérangeant manifeste de noise-pop un peu crado, vestige brillant d'un shoegazing agressif perdu sorti de nul part en ce milieu d'années 2000. Annie Hardy n'a plus de label, plus de backup et plus franchement la santé. D'ailleurs elle a toujours été fragile, prisonnière d'un corps qui la trahit un peu trop aisément. "Swan Song", quel titre parfait pour un faux retour de Giant Drag, juste une façon de se rappeler à notre bon souvenir, nous qui avions été troublés par cette nana sur le fil. Et c'est même pas chercher à faire la maline de sa part, c'est un morceau enregistré à l'époque. Mais ressorti des limbes cinq ans plus tard, sa mélancolie bruitiste infuse une amertume d'autant plus tenace, les volutes de guitares grésillantes et la voix acidulée/abimée de Annie résonnent d'une blessure profonde. Sublime comme du Sonic Youth qui n'aurait pas oublié leurs mélodies magiques. C'est encore un peu aux New-Yorkais qu'on pense sur "White Baby" qui vibre pourtant d'une presque candeur pop sous les vagues ondulante de fuzz. Annie Hardy se fait moins allumeuse, plus directe, plus franche dans sa déroutante volonté de se faire aimer. Fleurter avec le bruit, Annie sait faire, elle le connait bien le bruit, elle sait comment tirer profit de la disto, les pédales sont ses amies. Mais elle sait aussi s'ouvrir sans fard, tout en acoustique, sur un "Heart Carl" qui évoquerait d'autres schyzos tiraillés entre le bruit sale et simplicité folk des coeurs trop sensibles (et oui c'est bien à Mark Linkous que je songe en écoutant alors la petite Annie, surtout au refrain, délicat et pas loin de la brisure). Alors quoi, Annie n'était pas cette Marie-salope qui disait des gros mots et qui prenait des pauses vulgaires, toujours prompte à choquer les mecs hésitants à aller vers cette fille insaisissable et provocante ? Les masques, c'est la meilleure façon de se dévoiler. Les masques, comme ce que les filles se collent sur le visage pour avoir la peau plus douce. Ou d'autres substances un peu plus humiliantes. Ok, j'y viens au clip de "Stuff to Live For". Annie prend cher, Annie prend tout dans la gueule. Des matières gluantes qui lui dégoulinent dessus, lui sortent de la bouche, de l'organique, des matières qui s'avalent et se recrachent, des jets de liquide laiteux sans pitié aucune, Annie baisse la tête, se protège en vain, ferme les yeux, se résigne à être inondée. Je ne serai pas cuistre au point de devoir préciser ce que tout ce fatras bien cradingue évoque. Juste du timecode : à 2.19, Annie recrache et à 2.26 vous aurez un magnifique fond d'écran. Ne me regarde pas comme ça Annie. Faut croire qu'elle aime ça s'en prendre plein la tronche. Ou alors elle est maso. Elle a d'ailleurs affirmé avoir pleuré à la fin du tournage. Déjà, dans celui de "Kevin is Gay", Annie servait de meuble à des personnages peu amènes qui l'utilisaient sans ménagement, lui renversant déjà divers liquides sur le corps. Et elle, la face contre terre, inanimée, juste bonne à gueuler. Un goût pour la souillure, l'auto-humiliation ? Voyons, "Every three hours take more. Don't you tell me life's a bore. I got stuff to live for". Toutes les trois heures. Toutes les deux heures. Toutes les heures. Annie vit au rythme de ses prises. Annie attend avec impatience la prochaine. Annie se charge de plus en plus souvent. Annie fait gueuler sa guitare et pousse sa petite voix de petite fille contre le mur du son. Et puis à l'apogée du bruit et de la fureur, les justifications tombent et en exergue un cri de révolte contre soi-même : Annie voudrait que son corps la laisse enfin tranquille, Annie souffre d'un corps qui ne lui appartient pas, "I want to be mine. I gotta body that don't want to be mine." Inutile de préciser la raison médicale, on n'est pas sur Doctissimo ni Wikipedia, et puis chaque addict pourra y retrouver son propre mécanisme, son propre cercle vicieux. Le fait est qu'Annie brûle en permanence , alors allez-y, balancez la purée, sonique de préférence, que tout ça puisse s'expurger une bonne fois, pour anesthésier ce qui sourd de partout. Annie termine par un implacable "Every minute take more." Dur d'en arriver là, au bout de la spirale. Voilà ce que ça cache, les cochonneries. Et du coup, Annie, on a envie de la protéger, en espérant qu'elle nous revienne vite. Et que le chant du cygne de Giant Drag n'en soit pas vraiment un.
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Tiens, elle sort/ils sortent un nouvel album sous ce nom... (the Cult Indy Grunge Band... Sacré NME).
- (N°6) › Envoyez un message privé à(N°6)
Stuff to Live For est un morceau vraiment terrible. Le titre est toujours valable, quelle qu'en soit la signification profonde aujourd'hui.
- Klarinetthor › Envoyez un message privé àKlarinetthor
excellent aussi
- Note donnée au disque :