Watain › Trident wolf eclipse

Watain fait partie de ces groupes majeurs du black metal de ces vingt dernières années, cela ne fait aucun doute. Autant musicalement que spirituellement, ce trio est d'une intégrité qui force le respect. Pour marquer leurs vingt années d'existence, ils nous sortent un sixième album faisant suite à l'ambitieux "The wild hunt", sorti cinq ans plus tôt. Avec le temps, le groupe d'Erik Danielsson est passé d'un black metal noir et brutal, sans compromis, à un style plus mélodique tout en gardant une base brutale, à l'image d'un Dissection, influence majeure chez eux. "The wild hunt" représentait d'ailleurs une sorte de paroxysme dans cette évolution. Il s'agit d'ailleurs certainement de l'album qui a le plus divisé les fans et franchement quand ils ont annoncé la sortie d'un successeur, j'appréhendais beaucoup le résultat vu que j'avais très moyennement apprécié le précédent, autant en terme d'évolution de style que d'inspiration. Déjà, ce qu'on peut dire dès la première écoute de ce "Trident wolf eclipse", c'est qu'il s'agit d'une véritable antithèse du précédent, un virage complet à 180 degrés. Le disque est très court, moins de 35 minutes, et direct, sans fioritures. 8 titres dans la même veine, aucun ne dépassant les 5 minutes et seul le premier titre ne dépasse pas les 4 minutes. Ce "Nuclear alchemy" d'ailleurs qui ouvre l'album est un pur hit black metal ultra-destructeur qui annonce la couleur. Sans dire qu'on assiste ici à un retour aux sources (c'était mon premier constat à chaud ceci-dit), Watain revient à une efficacité bienvenue avec un format très traditionnel, sans structures alambiquées mais surtout, surtout, ce qui fait la force de l'album, c'est ce côté immédiat, ces riffs totalement inspirés et ces arrangements parfaits. Watain a retrouvé la formule de ce qui fait qu'un morceau de metal (au sens large) défonce tout. Il n'y a aucun morceau un ton en-dessous, l'album s'écoute tellement facilement, tout s'enchaîne à merveille, tout est incisif au possible, on sent la rage, la noirceur, le souffre, la haine, la destruction, bref, l'essence même du black metal sur toute la durée de l'album. Il n'y a pas de temps mort mais en même temps, les morceaux et les rythmes sont suffisamment variés pour ne ressentir aucune lassitude à l'écoute de ce disque. Il y a aussi ici une plus grande influence de Mayhem ("Sacred damnation" fait tellement référence à "De mysteriis dom Sathanas") et d'ailleurs Attila Csihar fait même une petite apparition sur "Ultra". Seul le bonus track de la version Digipack est en décalage avec le reste de l'album, un long morceau en mid-tempo mais là aussi très bien réussi dans le plus pur style Bathory. Bref, ici, Watain revient à ses racines et ce "Trident wolf eclipse" devrait même ravir les fans qui ont été déçus du virage plus mélodique pris par la formation depuis "Sworn to the dark". Voilà en tout cas un sérieux prétendant au titre d'album de l'année déjà, une véritable bombe, maîtrisée de A à Z, un chef d'oeuvre !