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Black Widow › Sacrifice

cd • 8 titres

  • 1In ancient days
  • 2Way to power
  • 3Come to the sabbat
  • 4Conjuration
  • 5Seduction
  • 6Attack of the demon
  • 7Sacrifice
  • 8Come to the sabbat (single edit version)

extraits vidéo

informations

Produit par Pat Meehan Junior - Ingé-son : Roy Thomas Baker

Le disque est paru à l'origine chez CBS. Le titre 8 est un bonus.

line up

Kip Trevor (chant), Jim Gannon (guitare, violon, choeurs), Bob Bond (basse), Jess ?Zoot' Taylor (orgue), Clive Box (batterie, piano), Clive Jones (saxophone, hautbois, flûte)

chronique

  • progressif occulte

Les USA ont eu Coven, L'Angleterre, Black Widow; les ex-Pesky Gee! sont en effet une référence incontournable (bien que discrète) dans l'histoire du rock occulte. Leur premier album, 'Sacrifice', fut semble-t-il l'objet de controverse...Non pas quant à leur musique, somme toute assez banale pour l'époque, plutôt par l'usage de références à la magie noire et à l'occultisme dans leurs textes mais également dans leurs concerts où le chanteur Kip Trevor invoquait des démons et mimait le sacrifice d'une femme nue. Le groupe avait même consulté le magicien Alex Sanders (l'un des maîtres de la Wicca) pour l'authenticité des rites et invocations, ainsi que pour faire bénir le poignard. Ce dernier serait même allé jusqu'à les mettre en garde car leur démarche se rapprochait trop des pratiques dangereuses déconseillées aux amateurs. Mouais, très joli, tout ça, aujourd'hui, ce genre de spectacle fait sourire et n'a pas l'air si méchant; toujours est-il que ces éléments ont fait sensation à l'époque. Le problème est que si l'on retire les références sulfureuses Black Widow a nettement moins à offrir, non pas que ce premier essai soit mauvais, il est même plutôt sympathique, mais quand les musiciens, pour s'attirer les grâces d'un public plus large, abandonneront la touche 'messe noire', l'intérêt pour leur musique déclinera de même, un peu à raison d'ailleurs. C'est un orgue funèbre qui démarre 'In ancient days' mais très vite le ton général est donné, nous avons affaire à un rock mâtiné d'éléments folk et jazz, pas si glauque que ça, même si certains passages sont plutôt bien sentis (les intros généralement, ainsi que quelques envolées folles préfigurant le hard rock). Les orchestrations sont assez classiques avec un accent porté sur l'orgue mais aussi le saxophone et la flûte. Cet élément fait parfois la force du morceau ('Come to the Sabbat') mais fait aussi sonner le tout de manière un peu trop joyeuse à mon goût ('Seduction' qui part dans des touches limite bossa nova). Parmi les indéniables qualités, je citerais la voix de Kip Trevor, chanteur plutôt doué, la rythmique précise et impeccable dans tous les changements de tempi, ainsi que le jeu d'orgue qui apporte quelques touches hantées, même si souvent on songe plutôt aux Doors et Jethro Tull. Pour être très honnête, il faut être intéressé par l'histoire du rock occulte et s'accorder quelques écoutes, d'une traite si possible, pour entrer dans l'ambiance de 'Sacrifice'. Nous sommes loin de la noirceur de Black Sabbath à la même époque (ce qui explique pourquoi Black Widow ne reçoit bien souvent qu'un simple paragraphe dans les ouvrages consacrés au style) même si leurs textes sont réellement documentés sur la magie noire, contrairement à leurs collègues qui ont toujours réfuté cette étiquette de groupe occulte. Il n'empêche, en se replaçant dans le contexte, cet album dégage quelque chose de particulier et presque séduisant; une sorte de bande-son d'un film de la Hammer sur le satanisme, un peu kitsch mais un brin malsaine tout de même. Un peu à l'image du premier opus de Coven, 'Sacrifice' a le mérite de son audace dans des thèmes légèrement épineux à une certaine époque et pour beaucoup Black Widow reste le premier groupe de rock satanique...

note       Publiée le dimanche 30 août 2009

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Satan in the 70's

chronique

  • doorsien > satan superstar

Ce n'est pas que je ne sois pas d'accord avec Shelleyan (MERCI pour toutes ces chroniques !), mais ce premier album de Black Widow recèle pour moi, derrière un style pratiqué au fond assez terre-à-terre, trop agréable à l'écoute pour évoquer le Diable, une abondance de surprises et de boucles d'orgue catchy qui nous attrapent et ne nous lâchent pas. Le maître-mot ici est "séduction". Le Démon ici invoqué, au nom souvent répété, Astaroth, serait un peu comme le Mick Jagger de "Sympathy For The Devil" un lord anglais richissime et juste un peu érotomane, à la recherche de jeunes londoniennes en mal de frissons pour venir participer à ses agapes dans son manoir... Oui, on dirait un pitch de comédie musicale rock des 70's, et c'est un peu ce qu'est ce disque, avec quelques années d'avance sur la mode : une sorte de "Satan Superstar" plutôt que de "Jesus Christ Superstar" (laissez donc ce pauvre Jésus tranquille et occupez-vous donc un peu du Grand Cornu... Comme ne disait pas l'autre, "il faut s'occuper de Satan avant que Satan ne s'occupe de nous").

Donc oui, Black Widow fait sourire, danser, pourquoi pas chantonner, s'émerveiller devant ses développements prog extrêmement simples et à vrai dire très apaisants... Comme le sensuel "In Ancient Days" tube inexplicablement méconnu du genre "Light My Fire" ou "Hurdy Gurdy Man", un classique intouchable qui aurait du faire le tour du monde... Si si. Quasiment aucune guitare ici, peu de riffs, beaucoup de déclamations assez inoffensives avec le recul (mais à l'époque, on avait le frisson facile, les taboux religieux dans toutes les têtes étaient un puissant accélérateur de sens et des sens), et un style pratiqué qui était très courant au tout début des 70's mais s'est vite fané... Je veux parler de cette génération de groupes quasi-sans guitares, basés sur un orgue en général proéminent et aux généreuses lampées, et donc, pour tenir le rythme, sur des échafaudages de groove basse-batterie un poil plus "tight" que du côté des guitarreux, avec l'inévitable influence du jazz et de la soul (bien perceptible ici). ça donne des atmosphères cinématographiques et chaudes, des ritournelles médiévales dignes de Tri Yann (la joyeuse bourrée "Come To The Sabbath", souvent moquée depuis, mais sans doute plus fidèle que tout le Metal et le Neofolk à tout ce que l'Europe a pu compter de paganisme anti-chrétien pendant des siècles), ou tout simplement de célébrer l'arrivée du printemps... Et je ne dis pas ça seulement parce le torride "Sacrifice" recèle quelques bruits suspects en fond (ça reste très sage, on est pas chez White Noise non plus).

Car au fond Sacrifice est à la fois un album vitaliste, très rythmé et enjoué, d'une façon vraiment très personnelle, et un grand disque de défonce, malgré la rigueur de ses structures (il y a genre 4 secondes saxo free jazz à la fin de "In Ancient Days", censées représenter le démon qui se réveille...). Le groovy Attack Of The Demon par exemple, derrière son côté faussement inachevé et répétitif, contient des trésors d'atmosphère cannabique, lourdement infusé d'hypnose pré-transe et d'encens... On n'est vraiment pas si loin, niveau épaisseur de l'ambiance, du premier Magma, qui faut-il le rappeler, ne dédaignaient pas eux aussi un certain folklore proto-goth à l'époque (ils allaient d'ailleurs rebasculer assez loin du mauvais côté du kitsch 8 ans après, niveau visuel s'entend !).

Malgré ça, Black Widow est infiniment plus poppy, et pour cette raison, souffre encore aujourd'hui d'être littérallement occulté par cette pochette franchement dérangeante, qui aurait pu faire un tout autre effet sur un disque moins typé 60's, sorti plus tard... Une pochette en soi très réussie, à la fois prog-moche et creepy à souhait, mais qui induit tellement en erreur, fait tellement augurer d'une esthétique de caveau proto-doom et sombre (mais Black Widow n'a RIEN de sombre !), qu'elle en est devenue le pire handicap du disque, je crois... À mesure, précisément, que ladite esthétique doom-horror-goth-occultiste-du-rock etc s'est développée dans les années suivantes, et que le caractère foncièrement hors-sujet de Black Widow dans ce cadre est apparu. Parce que si on met de côté la recherche d'une ambiance sombrex authentique (il y a Phallus Dei d'Amon Duul II pour ça, entre autres grands malades de la fin 60's), eh bien je ne sais pas ce qui me retient de ne pas mettre 6. Peut-être le passage jazz au milieu de "Seduction", un peu trop "brochure touristique pour Tanger" pour être honnête ? "Seduction" qui est, au passage, l'un des meilleurs morceaux du groupe, languide et contemplatif comme "Planet Caravan" de vous-savez-qui, mais avec des relents du 2ème Pink Floyd, une légère touche Legendary Pink Dots (avec de vraies cordes, enfin !), et cette ambiance découverte d'un paysage de S-F organique, façon Druillet ou Moebius. Dans des moments comme ça, et dans l'ensemble, Black Widow est plus original que toute la cohorte proto-hard rock de l'époque, et que bien des groupes psyché qui jouent vite et fort...

Quitte à sacrifier (lol) à grand coups de superficialisme snob toute ma crédibilité de mélomane, j'assume de dire que le même album, avec la même musique, avec une pochette bien lumineuse à la Alphonse Mucha en forme d'affiche pour spectacle cabaret, montrant pourquoi pas un bout de sein entre deux fleurs de lys, aurait eu droit aux honneurs du 6 (chiffre du diable, non ?)...

Je dois dire aussi que quiconque aime cette musique doit écouter dès la prochaine lune le mégalo, mirifique et très adolescent deuxième album de The Ultimate Spinach. Là, c'est le blaze du groupe qui cherche à vous leurrer.

note       Publiée le samedi 23 mars 2024

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Note moyenne        7 votes

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Rikkit Envoyez un message privé àRikkit

Délicieux cet album. J’adore ces arrangements 60’s.

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zugal21 Envoyez un message privé àzugal21

Come to the Sabbat a été repris de façon assez saisissante par Bewitched (pas le Bewitched Chilien, l'autre, les Suédois Black-Thrash), sur leur intéressant ep de reprises Encyclopedia of Evil, où un seul titre est d'eux. Sinon, ils reprennent Bathory (Sacrifice), Mercyful Fate (Evil), Venom (Warhead)

Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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Clive Jones vient de décéder :0(

empreznor Envoyez un message privé àempreznor

C'est un bestov?

Note donnée au disque :       
Solvant Envoyez un message privé àSolvant

Oui, et si vous trouvez "Come To The Sabbat: The Anthology" (2cd) ne vous privez pas, c'est grandiose.

Note donnée au disque :