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Zion Train › Secrets of the Animal Kingdom in Dub

cd • 14 titres • 73:54 min

  • 1Funnelweb3:30
  • 2Wild Boar4:21
  • 3Gavial5:11
  • 4Sea Otter5:15
  • 5Wallaby5:18
  • 6Fox5:28
  • 7Rhinoceros4:50
  • 8Condor5:43
  • 9Elephant10:45
  • 10Reindeer4:49
  • 11Scorpion4:25
  • 12Fiddler Crab3:44
  • 13Crown of Thorns5:31
  • 14Manta Ray4:58

informations

Enregistré en 1993, au Wibby Wobbly World of Music.

line up

Colin Cod, David Tench, Neil Perch

chronique

Zion Train ou le Novo Dub à l’anglaise – dans tous ses avatars et tous ses aléas, ou presque… Toute une époque, qui les a vus « naître » – la première partie des années 90. Un son bien typique de cette scène – plus sound-system que scène à proprement parler, d’ailleurs, une musique faite davantage pour le mix, la « session » que pour le concert « classique », rock. Plutôt : une forme hybride, les machines qui font tourner le rythme – par eux programmé d’abord, remodelé, les « patterns » combinés en direct au moment de rendre la chose publique, les mesures qui peuvent se boucler, se dupliquer à l’infini. Les instruments, là-dedans, là-dessus – essentiellement des synthés, des claviers, pour ce qu’on entend là – qui peuvent tisser, varier tant qu’ils veulent, balancer du chorus jazzy ou des motifs house, club. Les séquenceurs et les effets qui changent l’angle de rotation de boucles carrément trance, rave, qui varient l’angle selon quoi la lumière les frappe… La même chose sur album, d’ailleurs – chaque disque ressemble à un « showcase », à l’enregistrement d’une de ces soirées en hangar, pas forcément déclarée, les jeunesses mélangées du quartier – des rastas de toutes les nuances, des cheveux-ras-survêtement, des étudiants arty avec ou sans le sous… seraient venus se la coller (buvards, stout et fleurs vertes en vente régulée localement aux abords de la salle).

Bon… Pour eux, Zion Train, c’est « à thème », souvent, en sus – un par disque. Une idée générale en ligne de mire plus ou moins vaguement suivie, rappelée, embrassée. Parce qu’ils sont joueurs – moins mystiquement perchés que d’autres du secteur, aussi (Alpha & Omega, Irration Steppas quand ils s’y mettent…). Et puis : le thème, en plus de ne pas être forcément Jah Jah ou Haile the Most High, ce n’est en plus même pas toujours la beuh – encore elle – et ses vertus thérapeutiques et spirituelles. En 1994, sur Natural Wonders of the World in Dub, c’étaient divers sites naturels réputés extraordinaires. (Et bon… LOK, la pochette représentait tout de même un champ de weed dans une vallée miraculeuse… Et leur tout premier album s’appelait Passage to Indica – il faut croire que ça les travaille quand-même, faut admettre… Étonnant ?). Pour le présent Secrets… – qui a été enregistré, nous disent-ils, directement dans la foulée dudit Natural Wonders, bien que sorti seulement en 1999 – ce sont les animaux. Pas vraiment des « portraits », pas des chansons qui les décrivent, en feraient l’éloge ou divers tableaux d’effroi ou de pamoison devant ramage/plumages/pelages… Chaque plage, plutôt, s’efforçant de saisir l’allure de chaque bête, son cheminement dans l’environnement, le paysage. C’est le chat d’un des gars – ou de plusieurs ou de tous, je ne sais pas s’ils cohabitaient ou quoi, sur la pochette. En détails d’abord pas évidents à identifier. (Un chat qui s’appelle Truite – Trout – d’ailleurs… Et pourquoi pas). Et dedans – en sons – ce sont : Araignée Entonnoir (Funnelweb), Sanglier, Gavial (le crocodilien à longue gueule emmanchée), Loutre… Un défilé de devenirs-griffes ou mandibules, devenir-toisons, devenir-pas-pesant-et-rebondi, devenir-vol-gracieux (ou vol-cassé, ou vol-plané… etc., encore). On verra plus ou moins le rapport, à la lecture des titres/totems/index. On appréciera qu’ils aient évité pour certains les gros clichés – pas de mélodie « des Andes » pour le Condor, mais un motif (de guitare) assez beau, qui tourne, est repris avec un autre son, pendant que le rythme s’élève, que les bruitages filés font tournoyer la ritournelle, que l’écho lâche les percussions en pleine vastitude, en le démultipliant. J’aime bien aussi quand ils s’en amusent, des figures obligées – la marche lourdaude du Rhinocéros, celle également massive mais néanmoins gracieuse, sûre, enlevée, de l’Éléphant – avec les volières de synthés dziou-dziou qui s’égaillent au-devant, autour, notes qui s’éparpillent, font des arcs et se posent... Sans doute ma plage préférée du disque, avec ses presque onze minutes (un peu dommage seulement qu’elle s’interrompe si abruptement – l’effet « conçu pour les DJ » plus tôt cité ?). Ce dub-ci doit beaucoup aux machines, oui – mais tout là-dedans reste d’une fluidité assez « organique » (en parlant de clichés, tiens…). Pas de raideur robotique comme dans d’autres formes hybrides – le dub-indus de Mark Stewart, celui de Gary Clail ou de Tackhead chez On-U Sound (ou même celui du Dub Syndicate). Pas d’instruments ou de formes « orientales » déclarées tels comme chez d’autres encore (Suns of Arqa – dont la musique par ailleurs peut sembler cousine de celle entendue ici, quand elle ne s’égare pas dans un « raga-rave » qui finit par tourner au kitsch à force de viser le troisième œil sans jamais en cligner), pas de samples « ethniques », comme chez African Headcharge…

La musique de Zion Train ne prend jamais aussi bien consistance que quand elle s’écoule ainsi – « au kilomètre » diraient certains, ou en bruit de fond. Et c’est vrai – le genre induit ça, on dirait – que sur d’autres disques, d’autres plages, ça peut tourner, chez eux aussi, aux tours sans fin où jamais rien ne se passe, dont on décroche au bout de trois minutes ou trois plages, tant ça peut ressasser sans jamais rien tenter d’autre la même orbite. Ici, pourtant – pour moi ; et comme rarement sur la durée d’un album, les concernant – je ne m’ennuie jamais. J’aime comme ils y traitent le son – en manières franches (de compressions parfois pas loin du brutal, noise-gate qui coupent façon souffle ravalé les échos de caisse-claire… ; delays et réverbs qui font tout enfler), en nuances parfois étonnamment subtiles (il y a vraiment, décidément, quelque chose de jazz, de soul-funk, dans les claviers, qui tournent orgues quand ça les prend, sur ce disque, dans ce que ça développe, planqué dans le mix, aux premières écoutes). Les gars ont sans aucun doute écouté les « pionniers » jamaïcains (Lee Perry, King Tubby, Scientist, Augustus Pablo, etc.) et des aînés plus directs, des générations d’entre temps (Mad Professor ou Jah Shaka, Dennis Bovell, le Dub Syndicate – la connexion anglo-jamaïcaine des années 80/90). Ils ne s’en sont pas fait un dogme, un canon à reproduire. Il s’amusent, j’insiste, sans que ça tourne pour autant à la gaudriole. Ils se laissent aller sans cesser de faire de la musique à la fantaisie…

Du dub fantaisiste, voilà – c’est ça. C’est assez rare, finalement, il me semble – tant la révérence des sus cités pionniers fait souvent barrage, à force, à toute idée prise hors-champs dudit, hmmm ... Corpus. « Habeas », ils semblent en dire – en étendant ici la proposition à toutes les espèces à quoi on voudra bien, on pourra bien penser. Eh bien : je prends ! Ils m’apaisent et me vivifient – ce dub particulier, ces zoomorphes et leurs morphologies. Je m’ébats dans les biotopes avec eux. Ne vous attendez pas, pour autant, à ce que je me mette à glatir ou grogner, ou baréter, feuler, cacarder… Au fait tiens : ils l’évitent aussi, eux, cet écueil-ci, cette facilité – de sampler bêtement les cris des animaux évoqués par les titres… C’est bien. Ça laisse une latitude qui manque aux catalogues – Buffon et cie., et autres collections un peu trop bien rangées.

note       Publiée le dimanche 10 mai 2020

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Tenté en bagnole l'autre jour mais expérience frustrante - le moteur ronflant du gros wagon qui avalait les basses, le moment mal choisi (l'arrivée sur Lyon à guetter la bonne sortie du périph et attendu/bien à la bourre sur l'heure que j'avais annoncée... Pas idéal pour se laisser porter par le truc). Pour me rattraper je le mets avec le son bien poussé sur les enceintes... Ben je me demande si je vais pas lui ajouter une boule officielle, celui-là. Bien délectable comme ça, au volume immersif sans partir dans le rouge - basses (décidément) hyper solides, énormes mais stables, nettes, rythmes attrape-cervelle, textures tripées qui s'irisent dans les boucles... Il perche (pas que Neil), même sans batavia, et de mieux en mieux au fil des années. (EDIT : allez ouais, hop, longueur du disque ou pas, je le passe à cinq boules vertes, euh, dorées).

Message édité le 30-12-2021 à 17:08 par dioneo

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Oui, j'ai jamais eu l'occase des les voir (je suis pas sûr qu'ils tournent des masses en France, pour le coup) mais ça m'étonne pas... Comme je disais (ou essayais de dire) dans la chro, ça me paraît typiquement le genre de groupes qui se fout complètement du "format concert de rock" mais a tout pour faire passer la "culture sound system" dans un contexte live qui ne soit pas non-plus celui de soirées "purement" DJ/dancehall, avec uniquement platines et micros... Et j'aime bien cette "hybridation" chez eux (avec quand-même un préférence pour leurs trucs où c'est pas "tout le temps avec vocalistes").

Le côté électro/trance/tek ressort bien, tiens, d'ailleurs, en live, chez eux, où ils appuient au contraire plus sur le côté "roots" ? (Ou... C'est encore autre chose, d'ailleurs, j'en sais rien ?)

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The Gloth Envoyez un message privé àThe Gloth

Zion Train, je les ai vus plein de fois dans les années 90, ils passaient souvent en Belgique. Très bon groupe live.

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Ben j'aime les deux (même si je lui préfère Need to Control {before posting whole loads of bullshit comments}, et les deux groupes aiment coller des feuilles de cana dans leurs visuels, mais en effet.... (Et ça va, j'avoue : c'était pas ta pire ! Et j'ai moi-même tendance à penser à l'autre titre quand je lis celui-là, OK).

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nicola Envoyez un message privé ànicola

Aucun rapport avec Sounds of the animal kingdom (de Brutal truth) sorti deux ans plus tôt.