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ARCADE FIRE, Arenes de Nîmes, 22 Juillet 2007

par Dariev Stands › samedi 4 août 2007

Arcade Fire, tout le monde le sait à présent, c’est un groupe de live. Pas un groupe de stades, comme certains le prétendent (encore que « Wake Up », pour quelque raison que ce soit, passe diablement bien en stade, au point d’être utilisée par U2 pour leur entrée sur scène), mais plutôt du genre à terminer les concerts dans la rue, en impromptu, après que tout le monde soit parti, pour les derniers fans transis qui restent encore. C’est ce qui s’est passé à Paris il y a quelque mois. Précédés, donc, par une traînée de flammèches dorées représentant ses précédentes prestations, le groupe québécois se paie non pas un stade, mais une arène romaine ! Il fait ainsi parti du cercle très fermé des bons groupes ayant joué dans ce lieu mythique (plus habitué à recevoir Placebo, ou comme on peut le voir cette année, Muse et Tryo). Nous arrivons donc un peu avant la première-première partie, votre serviteur accompagné de deux amis que je salue ici (J’ai chopé votre rhinite, mais franchement merci encore de m’avoir permis d’y être), et profitons du soleil couchant qui caresse les bords de l’arène avant de voir arriver 4 chevelus sur scène : le groupe d’Albert Hammond Jr. Mieux vaut ne pas confondre avec Dinosaur Jr. Ce junior-là, c’est bien entendu un des sympathiques fils-a-papa du groupe The Strokes, dont le père était déjà compositeur à succès… Le voilà donc échappé en solo, pour faire du… stoner melvinsien abrasif !! Etonnant, non ?

ARCADE FIRE + ARTIC MONKEYS + Albert Hammond Jr. , Arenes de Nîmes, 22 Juillet 2007

Setlist

Keep The Car Running, Neighbourhood #2 (Laika), No Cars Go, Haiti, Poupee de Cire/Poupee de Son, Black Wave/Bad Vibrations, Windowsill, Black Mirror, Ocean of Noise, Neighbourhood #1 (Tunnels), The Well And The Lighthouse, Neighbourhood #3 (Power Out), Rebellion (Lies)

Rappels : Intervention, Wake Up

Tournée

Neon Bible

Première partie

Artic Monkeys + Albert Hammond Jr.

chronique

Non, en fait je plaisantais, il fait du Strokes. Et si ses chansons valent largement celles de son groupe, autant en fraîcheur poppy qu’en rythmiques bien catchy, elles sont également monotones et vaines, tout comme le sont les Strokes lors de leurs pires moments. Mais s’il y a bien une chose qui frappe (c’est le cas de le dire) l’oreille dès la première note du set d’Albert Hammond Jr, c’est le son !! Bien trop fort, voire carrément douloureux, il a forcé votre serviteur à affabuler un vigile pour sortir de l’arène et revenir avec des bouchons d’oreilles ! Je tenais à garder un peu d’audition pour Arcade Fire… Visiblement, ce problème de volume – car en terme de qualité, le son était plus que correct – a été corrigé pour le set du groupe suivant, qui malgré son indécrottable aspect Série Z/groupe de potes sans prétention partageait en fait la tête d’affiche avec la bande des frères Butler. Les Astic Monku enchaînent donc ce qui parait être l’intégralité de leur répertoire en un peu moins d’une heure vingt : 25 chansons de deux minutes trente ou quelque chose comme ça. Si au début, on s’amuse bien, les plus connues restant des grosses machines à dancefloor, l’affaire tourne à la redite vers la fin du set, lorsqu’on constate avec regret que le groupe est incapable de varier sa formule d’un iota. Alors, évidemment, le public aime bien… ça saute, ça se trémousse, ça pogote quelque peu… Mais le groupe lui, reste un brin figé... Le flegme british, n’est ce pas. Le même que tous les groupes britpop depuis 15 ans. Enfin, ceux qui n’aiment pas appellent ça du je-m-en-foutisme, qu’importe…

Mais la nuit tombe et l’heure finit par sonner. Après une assez longue installation de leur décorum de scène baroque et serti de néons rouges de toute parts, ainsi qu’une intro aussi inutile que mystérieuse (si quelqu’un a une explication) Arcade Fire fait son entrée ! Et là, plus besoin d’earplugs… Le groupe entame ce concert riche en poussées d’adrénaline par « Keep the car running », un des morceaux de bravoure les plus immédiats de leur nouvel album. La setlist des précédents concerts à changé, se dit-on, puisqu’ils commençaient par Black mirror… Les interrogations commencent à fuser : vont-ils jouer plus de morceaux de « Funeral » ? La réponse ne se fait pas attendre : deuxième morceau joué, Laïka ! On y croyait plus, et les voilà qui attaquent dans le vif avec ce morceau anthologique… « When daddy comes home, you always start a fight… ». Des paroles qui résonnent assez étrangement à ce moment-là, puisque le percussionniste et le claviériste sont tout simplement en train de se foutre sur la gueule sur le côté de la scène ! L’un d’entre eux fera même tomber l’autre dans la fosse… Quelques instants de chaos incontrôlé (les instruments sont franchement malmenés lors d’un concert d’Arcade Fire), compensés par un peu de silence et de concertation du groupe peu après, avant d’attaquer le sublime « No Cars Go » en rang serrés. Comme prévu, la relecture de ce vieux classique du groupe (que de chemin parcouru depuis 2003) fait mouche sur scène, d’autant plus que les très flippantes projections derrière la scène (des visages de jeunes filles, mais toujours le même visage en réalité… très étrange) renforcent l’atmosphère déglinguée et étrangement malsaine qui règle à ce moment-là. Arcade Fire ressemble vraiment à une secte de mormons ou d’amish, avec leur immense vieux rideau rouge et leur simili orgue d’église... (le vrai étant bien sur impossible à déplacer). On arrive ensuite au quart d’heure Régine Chassagne, qui – sans lâcher son accordéon – enchaîne « Haïti » (bonheur intense, cela va de soi), « Black waves/bad vibrations » et … une reprise de « Poupée de cire, poupée de son » de France Gall ! Survitaminée, et c’est rien de le dire.

Le concert est déjà bien engagé pour rester dans les mémoires quand Régine s’installe derrière les futs (l’échange d’instruments a encore été pratiqué… as usual) pour continuer le show, qui commence ralentir un peu d’ailleurs. On a droit à un bout de « Neon Bible » la chanson, tiens, c’est pas courant. Ça continue assez calmement donc, jusqu’au moment tant attendu : « Tunnels ». La chair de poule, l’impression de s’évaporer sous le plaisir d’entendre enfin cette chanson en live, à peine entaché par les problèmes de voix de Win Butler, à qui les autres membres prêtent main forte, dans un élan de solidarité assez touchant. Un des points noirs de ce concert : Win Butler n’était pas toujours au top. On sentait qu’il luttait parfois, ce qui explique peut-être les deux ( !!) concerts annulés à Lyon à quelque mois d’intervalle, ce qui a du éprouver les nerfs de certains… Après un « Well and the lighthouse » sympathique, sans plus (argh, « Antichrist television blues » à la place aurait été parfait), c’est la surprise : le morceau vient a peine de se conclure que Win eructe « One two three four » et entame la folle course de « Power out » ! L’effet est monstrueux. La foule jubile, le sol tremble, et le groupe en rajoute encore une couche, prolongeant le morceau d’une cavalcade supplémentaire ! Mais en fait, c’est pour mieux en moduler le riff pour en extirper l’intro de « Rebellion » ! Stop ! N’en jetez plus ! Le public est totalement extatique, assure les chœurs du morceaux, continue même de les chanter alors que le groupe quitte la scène, comme si le morceau ne s’était arrêté… C’est le rappel. Le groupe revient avec deux morceaux plus « religieux » que jamais, « Intervention » et l’inévitable « Wake Up ». C’est ce qu’on pourrait appeler du gospel blanc. « Wake Up » est vraiment très bien exécutée, et le break « lust for life » a le mérite de surprendre tout le monde, malgré le statut ultra connu du morceau. Tout le monde saute sur place une dernière fois, et c’est la fin du concert. Un peu moins d’1h30 au final (pas d’impromptu dans les couloirs de l’arène, dommage). Résumé de l’affaire : si un groupe comme celui-là cartonne, alors tant mieux ! Arcade Fire n’a vendu son ame à personne, et reste un des meilleurs groupes du monde en live à l’heure actuelle… Toujours aussi sauvages, toujours aussi férus du lancer de tambours, bref, toujours avec la flamme. Alors bien sur, en contrepartie, ils sont humains, et le concert n’était exempt de défauts, mais bigre que c’était bon. Et le dernier album passe à merveille sur scène, même s’il est beaucoup moins hymnesque que « Funeral ». Merci Arcade Fire, merci d’exister et d’être venu jouer dans le sud… quel groupe de malade.

Mots clés : arcade fire artic monkeys albert hammond arenes nimes

Dernière mise à jour du document : samedi 4 août 2007

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