Judith › La Rêveuse

Ambiances très 'art nouveau' pour ce second album des américains de Judith qui semblent avoir souhaité gommer les minimes défauts de jeunesse de leur premier opus ('Föhn'), notamment en évitant les variations trop brusques à l'intérieur d'un morceau, ce qui dégage un sentiment de plus grande cohérence quant aux structures. Si musicalement, on reste dans une ligne très deathrock, j'ai comme l'impression que cet album sonne un brin plus 'lumineux', moins torturé, les guitares sont un peu moins sales, les vocaux légèrement moins gutturaux, ce qui ne signifie pas pour autant que l'on nage en pleine gaieté. Il est certain pourtant que le groupe explore de nouvelles pistes plus claires, ainsi l'intro presque hispanique de la reprise du 'Andy Wahrol' de Bowie ou les atmosphères plus rock folk de 'Platinum walks' (qui, soyons francs, a des airs de cheveux dans la soupe sur cette galette). Un titre comme 'Autre éventail' s'aventure carrément dans des atmosphères néoclassiques avec roulements de tambour, violons (par contre la récitation du poème de Mallarmé en français maladroit manque clairement son but), avec un certain succès. Si l'on peut saluer l'effort louable de Christopher David de ne pas se cloisonner dans des schémas trop stricts, force est d'admettre qu'il n'a pas le talent de ses ex-collègues, les époux Hammer (Mors Syphilitica) et c'est finalement sur les pièces les plus deathrock que Judith laisse réellement exploser tout son potentiel. 'La rêveuse' est donc un bon album mais qui souffre quelque peu de quelques explorations musicales pas toujours à 100% heureuses. Le groupe a du potentiel mais dans certaines voies bien définies selon moi et s'il a aussi amélioré quelques maldresses de 'Föhn', il a peut-être perdu une étincelle de spontanéité. Ce sera à chacun de juger.