Billy Cobham › Crosswinds

Il est toujours difficile de succéder à un disque qui, bien malgré soi, finit, à force, par s'élever au rang de valeur étalon. L'énergie et la fougue sont pourtant au rendez-vous de cette nouvelle session réunissant autour de Billy Cobham une formation aux changements drastiques. Plus aucun membre de son mythique "Spectrum" ne participe à la fête, mais trouve des remplaçants de choix avec le fluide et élégant John Abercrombie aux guitares, le mesuré et entraînant George Duke, ainsi que la paire des frères Brecker pour donner du souffle à l'ensemble. C'est peut-être dans ce choix de requins de studio (qui pourtant n'ont rien à envier aux Tommy Bolin, Jan Hammer et Joe Farrell qu'ils remplacent) que se situe la faiblesse de l'album. De part en part, l'album sonne totalement maîtrisé. Le résultat est néanmoins séduisant et nous propos une fois encore des parties instrumentales diaboliques, mais le côté disparate et fou furieux de "Spectrum" qu'on a canalisé ici fait, en définitive, cruellement défaut. Seul "Heather", nébuleux comme sa pochette, est à même de nous réveler une facette plus obscure du bonhomme. En dépit de ses qualités, "Crosswinds" révèle un Billy Cobham qui déjà va s'entêter à vouloir renouer sans cesse avec son premier coup d'éclat sans jamais pouvoir y arriver.