Genocide Organ › Archive II

J'avais bien envie de casser en règle ce deuxième numéro de la série «Archive», oui, vraiment ça me démangeait très fort de vous reparler des déboires du petit épargnant allemand. Enfin, qu'on se comprenne bien : je n'ai rien contre l'exhumation de titres rares et/ou inédits. Là où je m'insurge, c'est plutôt lorsque ladite exhumation ne se fait qu'au compte-gouttes mercantile, sur des supports de surcroît ultra-limités, qu'on ne peut in fine dénicher qu'à des prix tout bonnement scandaleux. Bref, donc, j'avais bien envie de casser ce «Archive II», sauf que, contrairement au premier numéro, il se trouve qu'il envoie du tout bon. «God Send Us I», par exemple, est une énorme baffe dans ta face, de la même trempe que «Klaus Barbie» : une déferlante de bruit blanc saturé à souhait, éjaculé avec une rare énergie galvanisante, pendant qu'un incessant flot de vociférations rendues incompréhensibles par le flanger déboule sans vergogne. «Genocide» poursuit dans une veine toute aussi linéaire et saturée, mais encore plus sinistre, le chant étant cette fois bien plus torturé, sans doute mécanisé par un modulateur en anneaux. Un morceau pas très finaud, mais bien efficace. Face B : «Body Parts» se vautre dans une fange death industrielle que n'aurait pas reniée BDN. Une oscillation lo-fi bien dégueulasse, quelques échos de percussions au loin, une voix mortifère, le ton est donné : la vie est une chienne pour ses victimes et le charnier n'est pas loin. Enfin, «White Slavery» vient clore ce 10'' par un collage étouffé de saturations, de samples, de MS-20 grisâtre, et de lambeaux anxiogènes. Là encore, une pièce sombre, efficiente sans être transcendante, qu'aurait pu composer Karmanik dans sa période Lille Roger, et qui pourrait parfaitement servir d'introduction au déchaînement de «White Power Forces», les thématiques restant très proches. Je n'aurai au final pas l'indécence de recommander ce disque au vu de sa cotte actuelle, mais si vous avez la possibilité de l'acquérir à prix raisonnable, sachez à minima que sa première face vaut le détour.