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Autechre › Tri repetae

cd • 10 titres

  • 1Dael
  • 2Clipper
  • 3Leterel
  • 4Rotar
  • 5Stud
  • 6Eutow
  • 7C/pach
  • 8Gnit
  • 9Overand
  • 10Rsdio

informations

chronique

  • avant garde

Les sons ont des formes, anguleuses, rondes, texturées et maléables; un son porte en lui autant d’éléments qu’un principe mélodique, et c’est ce qu’Autechre va de plus en plus s’acharner à explorer. On est entre deux. Entre le doux «Amber», et les déconstructions à venir. Les sons ont déjà gagné en agressivité, les rythmes, aussi, sont parfois un peu abrupts. Et pourtant certains vieux chorus, des illusions de ligne de basse persistent, en squelette des pièces, comme une sorte de vieille culture assumée et qui fédère l’auditeur. Là est une des qualités de cet album charnière d’Autechre. Ils attirent l’oreille à l’aide d’évidences efficaces, beats prenants et ambiances mélodiques immédiates, le tout très sobre et sitôt digéré, et une fois que l’on s’est tranquillement installé dans cette musique, les travaux de détails d’Autechre sur leurs sons, en parfaits technoïdes, peuvent parler et révéler leur intérêt au plus profane d’entre-nous. «Leterel» installe rapidement deux-trois récurrences mélodiques séduisantes qui nous permettent le confort d’un morceau d’ambiant, alors que la véritable âme du morceau va ensuite se dégager de ses sons difficiles, suraigus et parasités qui ne vont cesser par leurs interventions de distendre le rythme, de gêner l’apaisement mélodique, et ainsi révéler leur pouvoir identitaire. La musique est encore assez lente et atmosphérique, même s’il ne s’agit pas d’ambiant. «Eutow» est une pièce de facture assez classique avec un beat très distinct et entraînant, des nappes de synthés un peu agressifs sur une base mélodique envoûtante… mais Autechre, sobrement sur cette pièce particulière, va abîmer un peu tout ça, en tirant soudain sur une nappe comme sur un élastique, la rendant dissonante, trompant le rythme. «Rotar» ou «Stud» sont des travaux sonores magnifiques ; sur un fond extrêmement tempéré de mélodies planantes, les sons rythmiques s’acharnent, tous plus définis les uns que les autres, et l’on assiste à leur rencontre dans les moindres détails : de l’attaque du premier qui percutent l’écho du second en passant par la texture mouvante d’un troisième qui va chercher l’écho métallique du premier… de ces pics dynamiques soudains naît une autre partition, superposée à celle que l’on écoute instinctivement. A l’instard des maîtres du genre ( the Orb…) Autechre pratique ici la mélodie sonore, qui n’est plus basée sur le rapport des notes entre elles, mais sur celui des textures entre elles, qui se succèdent dans le temps et se superposent dans l’espace. Dans cet esprit, «Stud» est à la fois un morceau purement bruitiste, et totalement mélodique. Dans cette pièce comme dans «Clipper», les variations dynamiques des sons sont telles (ces aigus, nom de Zeus !) que Autechre va nous chercher dans le fond du tympan des poils qui n’ont encore jamais vibré. Et tous le reste du corps le sens très précisément passer. Avec cet album, Autechre nous apprend à écouter la suite de leur discographie. Nous avons encore droit à quelques cadeaux offerts à notre soif de références, ambiances planantes, mélodies et beat réguliers… mais déjà le duo nous émerveille de ce nouveau vocabulaire qu’il tient entre ses mains. Mention particulière pour «Overand», morceau d’un calme indescriptible, et pourtant éprouvant. Autechre dans cet album définit bien les véritables enjeux de la musique techno digne de ce nom. C’est une musique à l’allure purement intellectuelle et dont la gestation est de fait parfois très cérébrale. Mais le but de cette désincarnation, par l’affranchissement progressif des émotions et des pathos mélodiques, acoustiques voire rythmiques, pour ne plus se concentrer que sur l’effet produit par les variations sonores, verticales ET dans le temps, cette désincarnation a pour but de s’adresser directement au cerveau, afin que celui-ci, qui n’y comprend plus rien, renvoie le message, tel quel, dans les membres, les os, et la peau. C’est une musique profonde, et aussi épidermique. En passant directement par la tête et en évitant le cœur, cette musique vient nous envahir le corps… elle coule dans les veines, elle hérisse le poil, elle tend les muscles et chatouille le fond de l’oreille. Elle détend les jambes… pour que, à l’arrivée, on ouvre très grand les yeux et la bouche…. Whaaaa….

note       Publiée le mercredi 15 mai 2002

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Note moyenne        33 votes

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ProgPsychIndus Envoyez un message privé àProgPsychIndus

Le meilleur Autechre pour moi, la meilleure période pour mes goûts musicaux, l'album parfait.

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Reflection Envoyez un message privé àReflection

D'ailleurs... hâte de les voir/écouter aux nuits sonores (Lyon) prochainement... !

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Reflection Envoyez un message privé àReflection

Compagnon de route nocturne n°2... ce finish... Rsdio !!!

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Damodafoca Envoyez un message privé àDamodafoca

Dialect / Aotèkeur. En vrai, Autechre ça se prononce comme on veut.

Raven Envoyez un message privé àRaven
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Ah, ce fameux split Dälek-Autechre !