Autechre › Garbage

‘Garbage’ clôture la première partie de la discographie d’Autechre, à savoir celle de l’electronica-ambient d’’Incunabula’ et ‘Amber’ (dont on retrouve même une trace sur la pochette), et la seule chose que l’on puisse dire, c’est qu’il le fait de façon remarquable. Déjà largement affranchi des notions de temps (‘Garbagemx36’ et ses quatorze minutes) et des rythmiques stables (le très subtil roulement évolutif de ‘Bronchusevenmx24’) mais pas encore de son potentiel émotif, Autechre fascine, émerveille, ouvre ses pétales pour nous éclairer sur le devenir de sa musique (des rythmiques plus cohérentes, à quelque chose de plus en plus minimal et dépouillé jusqu’au final uniquement fait de nappes). Une pente douce et parfumée au dub, à l’electronica, à la techno, puis plus le temps passe et plus les nœuds se délient, les perles s’échappent, ne reste que l’émotion et la tristesse que semblent véhiculer ces quelques vibrations (‘PIOBmx19’), de plus en plus seules et froides jusqu’à ‘VLetrmx21’, le seul titre d’Autechre sans le moindre beat, la moindre pulsation, le moindre crépitement : seules d’immenses collines numériques, ondulantes, répétitives glissant le long de nos tympans avec une sérénité quasi-monacale, comme s’il s’agissait de l’évidence même, de la dernière bande mélodique qui n’a pu trouver de compagnon rythmique, et qui décide de nous parvenir tout de même, glaciale et nue, pour nous envelopper une dernière fois avant les assauts déstructurés qui feront la suite (et la plus grande réussite) d’Ae, jusqu’alors insoupçonnés. Indispensable, d’autant que l’EP commence à se faire rare, n’attendez pas trop longtemps : vous le regretteriez.