Skinny Puppy › Remix Dystemper

L'ouverture est démente. 'Rodent', une des bombes déjà furieuse de 'Rabies', dévale le champ sonore avec la délicatesse de l'armée d'Attila et martèle le sol sans pitié aucune grâce à sa rythmique surgonflée (cette production, mes amis !). Ca fleure bon le cyberpunk 90's, Front Line Assembly en tête : tout dans la sueur, les guitares compressées sous vide et les gueulantes saturées. Malheureusement, c'est aussi le meilleur titre de cette compilation de remix, commandée par Nettwerk avec les meilleures intentions en tête mais moyennement appréciée car assez indigeste. Sur papier, les confrontations ne manquent pourtant pas de piquant : le classique 'Spasmolytic' par les Deftones, 'Chainsaw' par monsieur deep-house Josh Wink, Killing Game (!) par Autechre (!!)... oui mais voilà. D'un côté, il y a la moitié des titres qui sont remixés par la famille et les copains (Ken Marshall, Mark Walk, Ogre lui-même) ce qui donne un résultat sans grosse surprise ; ensuite les dignes descendants du chiot (la portée Nine Inch Nails via Chris Vrenna et Adrian Sherwood ; KMFDM) puis les quelques étrangers qui font leur sauce dans leur coin. Dans l'ordre cité, on retrouvera donc un 'Smothered Hope' sonnant beaucoup plus moderne et assez lourdingue à mon goût, un 'Dig It' en version quasi-acoustique dont les paroles sont récitées par une voix synthétisée ainsi qu'un très bon et épique 'Worlock' version breakbeat martial par Rhys Fulbler. Le remix de 'Spasmolytic' par les Deftones remplace la violence effrénée de l'original par un dub industriel ULTRA lourd dans les basses et ma foi pas mal du tout à ceci prês qu'il peut démolir tout subwoofer à volume suffisant. On retient aussi dans la série cinoche le grand 'Love In Vein' revu par Neotropic en beaucoup plus brûlant et carmin. Et puis vient le reste. Chris Vrenna a son Tweaker, et il fait du Tweaker : électro-rock et choeurs synthétique, Adrian Sherwood bidouille 'Tim Omen' pour en faire une mélasse ennuyeuse quand Gunter Schulz (quel nom) de KMFDM retravaille 'Addiction' pour nous le restituer en plus sage et clubby. Et puis il y a ceux qui font ce qu'ils veulent. 'Censor' se voit soudainement transformé en dub semi-acoustique inoffensif, Josh Wink aplatit 'Chainsaw' au rouleau compresseur pour en faire de la techno minimale plutôt réussie ; quant aux gusses d'Autechre, ils semblent ne pas s'être foulés outre mesure, même s'ils conservent ici leur obsession pour l'acoustique "visuelle" : les boucles sont tour à tour étirées artificiellement, projetées dans un écho infini, pitchées vers le haut et le bas ; bref tout le morceau est trituré et malmené comme un chewing-gum sans aucun état d'âme pour la moindre musicalité ; en tout, il n'y a pas plus de quelques secondes du morceau d'origine qui sont encore reconnaissable... Bref, pour conclure, "poussif" serait le mot qui résumerait au mieux 'Remix Dystemper' : si chacun préfèrera ce titre ou un autre, personne n'est encore à même de nier le fait que le disque dans son ensemble est un semi-ratage boursouflé et inévitablenent voué au bac à soldes.