Witch › Paralyzed

Vieilles gloires burinées sur le retour, deuxième salve : Witch – Paralyzed. Un nom bien early nineties pour un groupe qui ne l’est pas moins : Witch ressuscite le grunge sale et ventru de Dinosaur Jr. Cette fois, le buzz part de Jay Mascis, leader desdits dinosaures, véritable figure tutélaire du rock américain au même titre que le roi Buzzo. Sauf que pour l’occasion, le président de la Daydream Nation (d’après Thurston Moore, éternel fanboy) et dieu de la saturation notoire retrouve son premier instrument, la BATTERIE, qu’il malmenait au début des années 80 dans Deep Wound ou Upsidedown Cross, avant d’empoigner le manche avec le raffut que l’on sait. De raffut, il est heureusement question ici : pour faire revivre d’entre les morts ce noble art qui n’a disparu que dans la tête des rock critics, (le groundge, suivez au fond) Mascis s’est acoquiné avec deux zouaves échappés de Feathers, collectif néo-hippie de la côte est chouchouté par Devendra Banhart ! Après un premier album dont on avoue ignorer l’existence en 2005, Witch revient donc et prouve qu’il est plus qu’un side-project d’un soir pour hippies déguisés en punk et star vieillissante de l’underground… Enfin, quand on sait que le groupe ne répète pratiquement jamais, il y a de quoi douter de la qualité du projet… Eh bien, tout simplement, là où le premier disque comportait quelques plans stoner ou heavy, celui-ci sera joué en mode bourrin, 100% punk sans fioritures, plus proche de Mudhoney où de Nebula que de Kyuss ! Une désinvolture que les groupes punk eux-mêmes oublient souvent. Enfin, relativisons : malgré les apparences et le son bien cradingue comme il faut, Kyle Thomas, leader du groupe, semble avoir quelques années de gratouillage dans les doigts. Ça s’entend sur tous les nombreux solos psychés et bizarres du skeud (avec des morceaux de heavy dedans), dès celui de Eye qui mets les gaz d’emblée… Les effets font bien garage dès ce premier titre, où pendant les grumeleux épanchements de fuzz du bien nommé Psychotic Rock. Sweet Sue, seule chanson réellement composée du disque (ceci n’est pas un défaut, attention), a même des accents 60’s inédits. On pense au Brian Jonestown, bien sûr, comme à la vue de la mention « Tee Pee Records ». Paralyzed crie de bout en bout son envie d’être un pur disque de punk-grunge à écouter à fond les manettes et à apprécier d’emblée : mission accomplie !