Tartharia › Abstract nation

Moyen... pourtant y a du boulot. Tartharia nous offre un metal

extrême à la fois crade et précis, complexe, légèrement

symphonique, brutal et sombre. Le niveau technique est

irréprochable, le son est puissant mais franchement moche,

mais surtout : la plupart des plans tombe à plat, que ce soit

en raison de leur médiocrité intrinsèque, ou plus

insidieusement du fait que l'art de l'enchaînement semble

echapper au duo finlandais, qui multiplie pourtant les

changements de riffs et de rythmes, avec un goût prononcé pour

le bourrinage façon marteau pillon. Très influencée par le

thrash, la musique de Tartharia s'apparente principalement au

black metal, avec quelques brutalités toute death, et semble

avoir pour but principal de destabiliser et de malmener, usant

pour cela de constructions à tiroirs où progression ne rime

qu'avec enchaînements aveugles. Antti Ihalainen s'est

largement creusé la tête pour distribuer des riffs compliqués

et sans temps mort, usant régulièrement du jeu à deux guitares

pour plus d'harmonies louches, sur lesquels la batterie

pillonne, pillonne... pillonne...

pillonne...pill..zzz...roonnfflll..*hein? quoi? hum..

pardon!*. Alternant le gros guttural qui tache et la tentative

black, Tahvo Audry Kennonen n'est pas à proprement parler

déméritant, le problème de Tartharia étant plus global,

enfoncé plus encore par un son un peu faux, aussi crade que

synthétique, une alliance plutôt rare, et on comprend

pourquoi. Alors certes : aligner 9 titres travaillés en juste

30 minutes augmente le sentiment d'urgence et de frénésie qui

se dégage d'une musique rivée sur le rapide et le puissant,

l'aspect syncopé de bons nombres de riffs finissant d'assommer

l'auditeur courageux. Par ailleurs, ce serait mentir que de

nier la qualité de certains riffs, l'impact de certaines

harmonies, mais tout cela est noyé dans cette course inutile

en apnée prolongée dont on ne ressort en fait que pâle et

migraineux. Je n'aime pas trop dire ça mais il faut bien

l'admettre : "Abstract Nation" est laid, tout simplement.