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Ministry › The mind is a terrible thing to taste

cd • 9 titres

  • 1Thieves5:00
  • 2Burning inside5:16
  • 3Never believe4:58
  • 4Cannibal song6:07
  • 5Breathe5:38
  • 6So what8:12
  • 7Test6:02
  • 8Faith collapsing4:00
  • 9Dream song4:50

informations

Produit par Hypo Luxa/Hermès Pan. Enregistré et mixé aux studios Chicago Trax.

line up

Paul Barker (basse, programmation), Al Jourgensen (voix, guitares, programmations)

Musiciens additionnels : Chris Connelly (voix), Bill Rieflin (batterie, programmation), Mars Williams (saxophone sur Cannibal Song), The Grand Wizard (voix)

chronique

Après quelques albums (deux, je crois…) plutôt cold-new-wave qui leur valut fans et groupies, Ministry s'en était allé visiter le pays du viol et du miel, opérant un revirement plutôt spectaculaire et dérangeant, mettant les deux pieds dans le malaise indus et l'agression electro… mais alors là, avec ce nouveau crachat nommé « The mind... », quelle plongée, quelle chute dans l'abîme... et quel album , aujourd’hui encore ! Première seconde et tout est dit : electro-riff sur une seule note, boîte à rythme sèche et claquante, gueulante, sons courts, synthétiques et intrus en lieu et place des atmosphères et percussions, coups de fouet électriques. Puis l’accélération thrash, Alien qui gueule sur les temps tandis qu’un bruit de robot inquiète le tout, puis retour abrupt au rythme mid-tempo du couplet… Ministry travaille à la serpe et à l’angle droit. Tout cela sonne de fait assez expérimental : la répétitivité, la récurrence, la simplicité des textures décoratives, tout cela provient encore de la découverte des systèmes, Ministry les livre bruts, tels quels, il les fait durer pour mieux les voir et les donner à entendre, et on s’en régale. « So what », « Cannibal song » jouent notamment de la longueur, tout cela dure, se répète, nous plombe… nous aplatit. Expérimental, oui, comme le dit l’intro du morceau bien nommé : « This is a test », masse techno-noisy assez dérangeante et confuse, comme l’est la transe vaudou au rire distendu « Faith collapsing », toute de toms et de basse… indus. C’est souvent si primitif et répétitif qu’on ne peut pas y résister. Que Ministry cherche à nous imposer le malaise glauque de « Cannibal… », qu’il veuille nous entraîner dans les landes de suie de « So what », nous offrir le rêve sombre, sidérurgique et oriental de « Dream song », ou carrément nous bomber la face avec le surpuissant « Burning inside »… il arrive toujours à l’efficacité redoutable, quel que soit le niveau de complexité de sa recherche, brute, ou plus fine. Et bien qu’installant à l’arrache tout un vocabulaire depuis largement usité et exploré, cet album n’a pas pris une ride. Ces sons crus, stridents ou robotiques, ses lignes droites électro-metalliques… tout cela ne cherche que le glauque et le sale, l’usine à gaz, les hauts-fourneaux et le malaise, et ça, ça ne vieillit pas. Textures indus éparses, linéarité impitoyable, guitares en zinc, détails sonores et breaks minimaux, césures et rythme au marteau… et une voix dont la rage revendicatrice n’a pas peur de flirter à l’occasion avec les accents du rap, tout cela finit par créer une véritable transe… « Thieves », ou encore « Breathe », fonctionnent sur ce balancement de la nuque et du corps, jusqu’à la transe sorcière. Alien est énervé, sa voix et son phrasé sentent la revanche, la révolte, le dégoût et la rage, et ses effets multiples l’éloignent encore un peu de l’humain. À la découverte d’une musique au potentiel énorme, Ministry nous présente un recueil à la fois monochrome, brut, et très varié. L’efficacité pure de « Burning… », la réelle finesse de « So what », avec son rire samplé qui vient se payer notre gueule… harmoniques de guitares étoilées, electro-rim shot et refrain de gueulantes primitives… 8 minutes… 8 minutes de répétitions, d’alternance récurrente… jusqu’à ce que ça te soit une bonne fois pour toute entré dans le cerveau ! Et pour ne plus en sortir. Non, il n’y a plus grand chose d’humain là dedans, plus de chair, pas de touché, pas une voix qui ne soit filtrée, violée et déconstruite, vidée de son sens, pas un détail qui ne sonne synthétique, grésillant, saturé, plastique ou métallique. Mais le déballage, in fine, de tant de dégoûts, de saletés et de tripes, relève de l’organique. À cette entrée géniale dans un son et une dynamique inédits, Ministry joignait ici l’intelligence du simple, mais aussi le sens du juste détail. Cet album n’a pas halluciné seulement les anciens fans du groupe ; il a halluciné beaucoup, beaucoup de monde… Voici un album vraiment noir, métallique et froid… un album hautement toxique.

note       Publiée le mardi 16 juillet 2002

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allobroge Envoyez un message privé àallobroge

Je me souviendrai toujours de la 1ère écoute de Burning inside en boite rock à l'époque, un gym tonic du tonnerre !

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo  born to gulo est en ligne !

Faut avouer, la chro donne vlà l'envie de le sortir séance tenante.

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo  born to gulo est en ligne !

"On additionne pas des abricots et des aubergines"

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Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
avatar

J'ai passé seize ans à tenter d'aimer Godflesh alors que Ministry était là, juste devant moi.

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SEN Envoyez un message privé àSEN  SEN est en ligne !

Je trouvais qu'il y avait une familiarité avec P.I.L. sur certains titres de cet album ! C'est donc pas une grosse surprise de voir qu'ils reprennent le morceau "Public Image" en concert !

Message édité le 21-02-2023 à 20:22 par SEN

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