Yabanci › Chaoss

Le mystère, la quête, l’obscurité, la beauté…Yabanci est tout cela; un groupe qui a resserré la production pour se délester du superflu, remonter à l’essence de manière plus exacte…La rythmique est sèche, claquante, les guitares cristallines de Valerio dégagent leur parfum hivernal mais de manière légèrement plus inquiétante qu’aux débuts de leur carrière. Quant à la voix de Laura (alias Ladyghost), elle est parfaite une fois encore avec ses accents qui raviront les fans de Siouxsie. Yabanci paraît donc avoir trouvé la formule adéquate, ce qui lui permet de parfaire ses ambiances. J’avais trouvé ‘Grimorium’ assez grandiose mais le trio franchit un pas supplémentaire en diversifiant la base gothic rock traditionnelle en y injectant une passion écorchée plus typique de la vague anglaise des débuts. La musique n’a pas perdu son caractère ample, nocturne, mais paraît ancrer ses racines plus profondément dans la réalité, comme si les chansons nous parlaient de manière plus directe. C’est d’autant plus remarquable que beaucoup des instruments sont programmés (basse, batterie), sans nuire une seule seconde à la force des compositions. Il faut dire que vu la solidité des mélodies, aucune faiblesse n’était vraiment à craindre. On pourrait parler de chaque pièce tant elles renferment toutes une histoire spéciale, que ce soit dans la mélancolie de ‘Star in man’, l’énergie noire de ‘Coma’ ou le côté plus occulte de ‘Chaoss 1’ (magnifique récitation extraite de Gustave Meyring). Pour chercher le détail qui cloche, je dirais que l’enchaînement entre les deux parties de ce dernier manque un peu de logique et que la fin de la chanson sonne un brin moins maîtrisée. Mais qu’importe, Yabanci sont des esthètes alchimistes, leur gothic rock classieux en est l’impressionnant témoin.