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Noir Désir › En Public

  • 2005 • Barclay 983 152-6 • 2 CD

cd1 • 12 titres

  • 1Si Rien Ne Bouge
  • 2Septembre En Attendant
  • 3One Trip One Noise
  • 4A L'envers A L'Endroit
  • 5Les Écorchés
  • 6Le Grand Incendie
  • 7Le Fleuve
  • 8La Chaleur
  • 9Des Armes
  • 10Enestine
  • 11Tostaky
  • 12Lazy

cd2 • 12 titres

  • 1Pyromane
  • 2À L'arrière Des Taxis
  • 3Lolita Nie En Bloc
  • 4L'Homme Pressé
  • 5Des Visages Des Figures
  • 6Bouquets De Nerfs
  • 7Le Vent Nous Portera
  • 821st Century Schizoid Man
  • 9Ces Gens-Là
  • 10Comme Elle Vient
  • 11À Ton Etoile
  • 12Ce N'est Pas Moi Qui Clame

informations

Enregistré en 2002 pendant la tournée Des Visages Des Figures.

line up

Bertrand Cantat (guitare, harmonica, chant), Serge Teyssot-Gay (guitare, clavier, voix), Jean-Paul Roy (basse, clavier, voix), Denis Barthe (batterie, samples, voix)

Musiciens additionnels : Christophe Perruchi (clavier, samples, chœurs), Akosh Szelevényi (clarinette), Isabelle Sajot (violoncelle), Vincent Debruyne (alto), Dominique Juchors (violon), Anne Lepape (violon)

chronique

Dies Irae ? Pour la pochette oui, pour l'ampleur, non. Ce sera l'ultime concert, plutôt, pour moi. Vendu pour surfer un peu sur les dernières effluves nauséabondes du drame, probablement, aussi. Certainement même : la mort ça fera toujours vendre on y peut rien. Mais ce gâchis intégral ne devait pas étouffer le fait que ce groupe a été tué alors que son envol sombre et expérimental continuait. Préférez donc En Public pour le son, et préférez-le pour le presqu'autisme de certains moments, et aussi parce qu'il s'imprègne tout entier de l'humeur d'après Des Visages, de l'humeur d'un Noir Désir qui n'offre pas le concert tubesque attendu par certains, préférant entamer par une intro sur laquelle n'aurait pas craché un Jaz Coleman. Bon... on ne va pas tourner trente-six fois autour du tipi pour mieux scalper le visage pâle : ce Live est une tuerie. Il est souvent imparfait, parfois à la limite de la branlette, mais il montre un groupe qui était sur le point de sortir quelque chose d'immense, d'au moins très très grand, après Des Visages Des Figures. Sauf qu'on le saura jamais. Pour vous situer le niveau de ce bloc sensuel, j'ai acheté ce double uniquement pour la reprise du grands Jacques, qui m'avait proprement troué lors d'une soirée, et qui rend hommage, oui, sans heurt... avant de faire mine de trébucher, de rater par excès (le passage sur les chats, je crisse des dents en craie sur le tableau à chaque fois) et puis finalement, de fesser sauvagement l'originale, sans prévenir, à coups de riffs malotrus, de piétinements minotaures. Rock. Comme ce putain d'album en public, un public jamais convié, sans doute décontenancé aussi pour ceux qui savaient pas que Noir Dez n'est pas "un grand groupe de rock français" mais "un grand groupe de rock alternatif"... et je pense que le report un peu dubitatif de ce même live par mon collègue Nicko confirme cette sensation de "décontenancement" (report accessible sur le côté à droite de cette chronique, si si, document d'époque !). Le public oui, cette espèce de machin moche qui nous agace toujours les orteils des oreilles sur les albums live et qu'il faudrait éliminer dans le mix dans 99% des cas. Mais au-delà de ces scolopendres audio heureusement assez discrets, il y a le scaphandrier Cantat : en chute libre dans ses abysses, le beau ravagé est haut perché. Clair qu'il était à un genre de sommet, un genre de danse, au limites du hululement, parfois peut être même trop à se la toucher de l'androgynie. Le groupe est tout : ils défigurent magistralement un "One Trip One Noise"... Ce groupe était grand... Et puis merde, pour y revenir : cette reprise de Brel encule en beauté. Désolé, c'est pas assez élégant, mais dans le fond... c'est une chanson qui se moque d'élégance, qui va dans les tripes du vécu. Celle du Roi Pourpre est pas au même niveau, même si elle est nécessaire et qu'elle sublime la chose à sa façon. Un peu comme ce premier morceau lâché : un morceau de leur album délaissé, qui est ici sublimé. Il me redonne souvent envie de ressortir Du ciment sous les plaines... Et puis après... ça part en embardées, sauvages. Noir Désir est libre, peu concerné par le "grand public", faisant ce qu'il veut, sans aller dans le radical hein, ça reste encore timide - mais on sent qu'ils y allaient, quand même, un peu, qu'ils tournaient le dos à des attentes, tournaient le dos à ces tous ces petits branleurs à guitare manouche partageant alors les ondes avec eux... Teyssot-Gay et les autres décortiquent leur son, changent son ADN, parfois il changent en surface, pour ne pas faire trop totalitaires. Parfois il changent tout, prenant par l'aspect le plus expérimental, se souvenant sans doute des leçons de leur album de remixes : ce truc-là, ils peuvent le faire eux-même, et mieux. Noir Désir avait presque un culte de son réputé "intéressant" en live, après sa "période Gun Club", il a eu sa "période Fugazi"... et après Des Visages Des Figures, dévisager-défigurer leurs titres cultes était un jeu. Ils ont été marqués par L'Imprudence de Bashung, leurs relectures de Brel et ont enfin eu leur "période Noir Désir". Ils seraient à coup sûr allé encore plus loin avec le temps, ne plus jouer que comme un groupe religieux, à la façon de Swans - car Bertrand Cantat est après tout le même genre de chanteur que Michael Gira, un proche parent : le genre qui voit les choses en rituel, en religieux, en grand. Cantat est libre comme l'était Morrison, on l'a souvent dit. Post-morrissonien. Il est parfois embarassant, dans le genre couineuse "indie rock", il peut sonner comme la pire miaulerie de Raphaël... et après il te plombe d'un chant guttural aussi magnétique du Mark Lanegan et qui te détruit cette image furtive peu reluisante comme un uppercut de demi-dieu. C'était leur papa vocal à tous, jusqu'à la fin du groupe. Sur ce live : il échoue, souvent, magnifiquement - en tentant des trucs, en allant là où les oreilles du public veulent pas aller. Il fonctionne par échappées, lui aussi. Noir Désir a grandi en fuguant. En concert surtout sur la fin, ils prenaient souvent leurs chansons par leur versant le plus difficile, le plus abrupt. Sur "Lazy", sur d'autres. Pénibles, grandes, selon l'humeur. Cantat chante comme une vieille connasse, ou un petit branleur des quartiers bobos.... il fait ce qu'il veut, il a le mojo. Il a l'aura. Sur "Le Fleuve", Noir Désir donne de la version gutsienne, Cantat lévite sur une instru ambient sans percussion, avant de se mettre sur les rails de la version originelle. C'est différent, c'est beau. Comme ce "Des Armes", brûlé et respecté. Ce live, c'est ce navire un peu étrange qui traverse la nuit, et ne sait pas encore qu'il va heurter un an plus tard un terrible récif, qui le fera sombrer... Lost in the sea...

note       Publiée le vendredi 23 mai 2014

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Autre double live du terroir, bien classieux, sorti dans ces années.

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Note moyenne        9 votes

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Ahahahahahah (n'empêche que ça se tient aussi, le Noir Dez pour hipsters...même si je porte ni lunettes noires ni barbe)

p2h Envoyez un message privé àp2h

Je n'aurais pas mieux dit que Ramon, il m'a profondément déçu ce live, mais je suis très certains qu'il a également plu aux habitants de Belleville (je parle des barbus en chemise de bucheron qui portent des lunettes noires et exercent tous une profession se rapprochant de webdesigner ou infographiste)

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Chris Envoyez un message privé àChris
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Tout simplement énorme.

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Peut-être mais pas tout de suite... c'est un peu come Courtauld Talks de KJ, pour la motiv à chro... j'ai la grosse flemme si tu veux...

Thomas Envoyez un message privé àThomas

Pour moi Dies Irae et En Public relèvent de 2 approches différentes, 2 époques distinctes, et les 2 valent le coup. Et je ne trouve pas le rendu "en deça", ou alors seulement pour les titres les plus "rock" : les écorchés, la chaleur, tostaky, l'homme pressé, comme elle vient. Heureusement que le groupe a évolué et propose, 10 ans après, des versions différentes sinon qu'est-ce que ce serait chiant.

D'ailleurs petit aparté, dans le genre expé de la fin, "nous n'avons fait que fuir" est prévu ?

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