Phoenix Catscratch › Nectar & wrinkles

Phoenix Catscratch ou l'art de débuter avec trois fois rien et de te scotcher derrière tes écouteurs moins d'une minute après...Voilà exactement comment débute 'Faces are lying, bodies are dying': beat binaire de boîte, bonne basse minimale mais vite la ligne de guitare attire l'attention, de même que le synthé glacé planqué au second plan...Rien de complexe, rien de spectaculaire, rien de grandiose, juste des bouts de puzzle qui mis ensemble forme un ensemble absolument irrésistible. Vient le chant masculin, sympa, vite secondé d'une voix de femme plus décadente, dans la lignée d'une jeune Siouxsie. C'est cette dernière qui va conférer aux morceaux leur côté le plus torturé. Il y a dans la manière d'enregistrer du groupe une touche lo-fi qui donne à cet étrange mélange de rythmique minimal plutôt typé cold wave et de deathrock pour les guitares une atmosphère souterraine personnelle. Leur configuration est d'ailleurs inhabituelle pour une formation de cinq personnes: , basse, guitare, claviers, deux voix. Voilà qui rappelle, la batterie en moins, les Virgin Prunes et si la musique des Grecs est moins chaotique, il y a probablement un petit quelque chose dans la démarche, notamment le goût de tordre les fréquences, user de grattements, grincements; je songe aussi à une version batcave du Attrition des 80's particulièrement dans cette capacité à tirer le meilleur de la dualité vocales qui habite littéralement le premier-plan. Le rôle du clavier est déterminant lui-aussi, pour l'aspect légèrement expérimental et pour renforcer l'impression spectrale des chansons. Rien à jeter sur ce disque vraiment original qui puise dans bien des styles pour cuisiner son propre potage aux saveurs puissamment goûteuses. Visiblement, Phoenix Catscratch a splitté, ce qui est regrettable, leur performance au Drop Dead Festival, à lire les commentaires, avait réellement scotché les spectateurs qui leur ont fait un triomphe. Reste ce disque (au livret somptueux avec photos et paroles) que je vous conseille vivement de ne pas louper, preuve que le batcave peut aussi se réinventer avec talent !