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Gang Starr › Step In The Arena

cd • 18 titres • 50:36 min

  • 1Name Tag (Premier & The Guru)
  • 2Step In The Arena
  • 3Form Of Intellect
  • 4Execution Of A Chump (No More Mr. Nice Guy Pt. 2)
  • 5Who's Gonna Take The Weight?
  • 6Beyond Comprehension
  • 7Check The Technique
  • 8Love Sick
  • 9Here Today, Gone Tomorrow
  • 10Game Plan
  • 11Take A Rest
  • 12What You Want This Time?
  • 13Street Ministry
  • 14Just To Get A Rep
  • 15Say Your Prayers
  • 16As I Read My S-A
  • 17Precisely The Right Rhymes
  • 18The Meaning Of The Name

informations

Calliope Productions, Firehouse Studios & Such-A-Sound Studio, Brooklyn, New York, 1990.

line up

DJ Premier (production), Guru (MC)

chronique

"Le DJ s'appelle Premier, et moi je suis le Guru". Façon assez simple de présenter les choses, qui résume finalement l'approche à la fois brute et subtile de Gangstarr sur l'équation hip-hop. Le logo, aussi. Une chaîne bling-bling + une étoile noire, pour représenter de façon un peu rudimentaire la dualité entre volonté de plaire à la masse et exigence absolue d'élaborer un son d'une pureté hip-hop totale... et nouvelle. Après un album de percée totalement ancré dans son époque et qui ne présente pas le moindre intérêt gutsien, nous voici enfin arrivés au pied d'une entité hip-hop tenant du manuel scolaire, ce qui n'a rien d'excitant, mais la métaphore est employée à dessein : Gang Starr n'est pas un groupe excitant. Exigeant, plutôt. Step In The Arena a été le vrai début pour les auteurs, une façon de reprendre à zéro. Et, en se plaçant plus haut, Step In The Arena a dans un sens été LE premier album de rap des années 90, la base du genre de prods qui domineront ensuite, celui qui a immédiatement sonné le glas des instrus funky-synthétiques et des beats robocop en proposant un travail méticuleux sur l'échantillonnage de samples, leur altération experte, la sculpture perfectionniste de beats et la création finale de véritables décors pour le MC. Pourtant, c'est aussi ici qu'il sera aussi l'occasion pour moi de mettre quelques points sur les "i" concernant Gangstarr, groupe-équation pour lequel j'ai toujours voué une fascination mêlée d'incompréhension. Fascination car, bon sang de boudiou de merde mais bien sûr, ce foutu Texan débarqué à New York ayant amassé sa thune en faisant de l'or en prod, mérite sa réputation, absolument unanime, et un peu comme Kubrick pour le cinoche : incontestablement méritée. Essayez un peu de vous concentrer sur ses instrus, n'importe laquelle, ces boucles tellement évidentes, tellement ciselées, et pourtant tellement "autres"... mais tellement instinctives. Oui, le son New York appartenait à Premier et personne d'autre, entre 90 et 95. Un art de la trouvaille et du sample qui reste encore à ce jour une énigme... "ces sillons n'ont pas été creusés en vain", comme qui dirait. Ecoutez "Execution of a Chump (No More Mr. Nice Guy Pt. 2)", ou mieux : parcourez le lancinant "Just To Get A Rep" (une des prods les plus mortelles de tous les temps, j'ai écouté ce morceau des centaines de fois et je continue pourtant de rester fasciné), saisissez les sifflements de "Who's Gonna Take the Weight?" comme du Muggs avant l'heure, "Here Today, Gone Tomorrow" ou le séminal "Check the Technique" et ses basses insatiables... et comprenez que derrière ce voile en apparence désuet aux oreilles oisives, Premier maniait ses crêpes avec un instinct de créateur farouche, pour en extraire des toiles sonores à la beauté abstraite. Pas un génie : un travailleur forcené, capable de passer des nuits penché sur ses consoles pour trouver la boucle qui tue... Mais assez parlé de compréhension, il y a aussi le scepticisme ; et là, je vous la ferai basiquement façon yin et yang... Car, bon dieu de bon soir mais comment, Guru, quand bien même il était loin d'être le plus insignifiant des rappeurs, est sans doute un des MC's les plus surestimés de sa génération - et l'un des plus plats et anti-passionnés. Une sorte de Rakim aplati du flow, dont le charisme vocal de son vivant n'avait pas plus de relief que la courbe de son cardiogramme actuel, et j'aimerais bien que ça ne soit juste qu'une vacherie de plus pour rendre moins laborieuse la lecture d'une de mes chros. Invariable. Monocorde. Monotone. Et c'est volontaire, car Guru ne visait que ça, de façon un peu sadique... Pour la forme. Pour le fond : un philosophe de rue humain et un décrypteur authentique du flow et du rap game. Tel a toujours été Guru, de ses débuts à sa fin. Plus que tout autre : neutre. Tel le PH impeccable d'une eau de piscine dans laquelle l'esprit du rap-addict pourra nager la brasse coulée à loisir sans risque de lésions. Seulement la certitude d'une régularité absolue. Une force, sans nul doute, ce contrôle détaché sur sa propre technique tenant d'une forme de génie pas éloigné de l'art de l'épure à la japonaise... Et ses verses aussi nets que des coups de katana. Souvent, je l'avoue - et celui qui connaît Premier dans ses collaborations hors-Gangstarr de la première ère ne pourra qu'acquiescer - j'ai rêvé que Gangstarr soit le groupe de Primo et Nas, de Primo et Jeru... avant de piger que la réalité avait un autre plan, et que l'Histoire, entre les guerres et les génocides qui existent avant tout pour empêcher les élèves de s'endormir pendant les cours, est surtout constituée de miracles tranquilles, invisibles au commun des mortels. Premier a assuré son apprentissage autodidacte sous couvert d'oeuvre de groupe, et Step In The Arena est le témoin des origines de ce miracle, de cette force simple de la nature, tels les combos jambon-beurre, steak-frites, jean-basket. Un album qui révèle au mieux sa richesse en isolant ses meilleurs titres et en les écoutant en boucle séparément, à mon avis... Objectivité, puisses-tu me donner la force de ne pas mettre 3. Subjectivité, puisses-tu m'empêcher de mettre 5. Lucidité, toi seule saura trancher.

note       Publiée le mardi 30 octobre 2012

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    commentaires

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    Jean Rhume Envoyez un message privé àJean Rhume

    Oui bon, j'avais pas trop le temps de chercher un exemple crédible :) Et j'ai mis "aurait été" au conditionnel...

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    absinthe_frelatée Envoyez un message privé àabsinthe_frelatée

    "Monica Bellucci aurait été plus sexy avec les yeux de Charlize Theron"

    Je suis convaincu que non.

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    Jean Rhume Envoyez un message privé àJean Rhume

    "Sympa sans plus" non mais qu'est-ce qu'il ne faut pas lire, t'es sûr que t'aimes le TRVE, le real hip-hop ? (genre le gars qui s'emballe :)... Pas le temps de développer là tout de suite mais pour moi, Gang Starr c'est la très grande classe, le dessus du panier, la quintessence du bon hip-hop, l'excellence. Sans chipotages du genre "et si on avait mis Nas à la place de Guru ça aurait été mieux", popop, Gang Starr c'est Premier + Guru, point. On ne va pas organiser des colloques pour savoir si Monica Bellucci aurait été plus sexy avec les yeux de Charlize Theron, beh là c'est pareil.
    Ceci étant, on a tout à fait le droit de se faire chier en écoutant Gang Starr, je ne saurai dire aux gens quoi écouter et de quelle façon mais l'expression "sympa sans plus" j'ai beaucoup de mal dans ce contexte. Il y a suffisamment de trucs moyens pour ne pas dire ça d'un groupe aussi important, quand bien même Guru manquerait de charisme vocal ou je ne sais pas quoi d'autre...

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    Int Envoyez un message privé àInt

    Groupe qui souffre un peu du symptôme "sympa sans plus". J'aimais bien No More Mr. Nice Guy de mémoire... ou ptet que non...

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