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Earth › Pentastar : In The Style Of Demons

  • 1996 • Sub Pop SPCD 361 • 1 CD

cd • 8 titres • 43:12 min

  • 1Introduction05:15
  • 2High Command05:51
  • 3Crooked Axis For String Quartet05:29
  • 4Tallahassee03:51
  • 5Charioteer (Temple Song)04:17
  • 6Peace In Mississippi05:56 [reprise de Jimi Hendrix]
  • 7Sonar And Depth Charge07:14
  • 8Coda Maestoso In F(Flat) Minor05:19

informations

enregistré par Mike Deming

line up

Dylan Carlson (chant, guitare, vibraphone, piano), Mike Deming (orgue), Ian Dickinson (basse, guitare), Sean McElligot (guitare), Michael McDaniel (batterie, percussions)

chronique

  • stoner sous lexomil

Ce n'est pas parce que ça ne va pas fort qu'il faut tirer la gueule. Ni s'embourber dans la ratiocination. Partant de ce principe, Dylan Carlson, la tête largement sous l'eau et dans des enfers artificiels, continue de faire évoluer sa planète Terre, en lui donnant cette fois-ci une forme ressemblant de plus près à un vrai groupe de rock. Une batterie, un bassiste, un organiste, une seconde guitare plus experte que la sienne, celle qui vrombit. Ce qui ne l'empêche pas de continuer à creuser son sillon, lenteur et répétition, toujours, "Intro" en atteste, un riff, un seul, génial, évident, accompagné de sa rythmique lourdaude, asséné une bonne trentaine de fois à l'identique avant qu'une pointe d'orgue ne vienne relever le plat pour une ou deux tournées de plus. Aucune crainte de voir Earth devenir conventionnel donc, on peut démarrer la bagnole et faire un tour dans le désert, "High Command", la voix de Carlson s'y fait entendre dans un brouillard de stoner enfumé, qui sent bon le matos illégal des seventies, on y décèle même une mélodie dessinée pataudement. De la défonce et des hallucinations, sublime "Crooked Axis For String Quartet", ambient hypnotique et planant, au détour de quelques cactus, du drone chaud et aqueux dans lequel on nage comme dans un océan infini sans côte à l'horizon, la plénitude totale ou l'angoisse absolue, selon l'humeur. Jamais encore le son de Earth n'aura sonné autant comme l'Americana, "Tallahassee", des échos de désert-rock qui pointent derrière le mur du son aux mouvements telluriques, on shoegaze sur ses bottes de cow-boy, c'est la dernière chevauché dans un paysage dévasté. Sans jamais quitter ses atours soniques de lourdeur graisseuse, on convoque nul autre que la légende Jimi Hendrix, pour une reprise instrumentale bien poussiéreuse et rentre-dedans, "Peace in Mississippi", psychédélisme mis en boucle. Alors évidemment ce n'est pas Carlson lui-même qui joue le rôle de Jimi, faut pas déconner non plus. Carlson bourdonne, comme la majesté qu'il est, poussant le son de son groupe de rock (yeah baby !) vers la limite physique des potards. Et puis malgré toute l'énergie qui se dégage de ce stoner un peu abimé aux entournures, au rythme trop trainant pour être vraiment honnête, quelque chose de plus triste affleure, une mélancolie, une inquiétude. "Charioteer (Temple Song)" refait le coup du riff simple qui tourne superbement en rond, accompagné de guitares acoustiques en contrepoint, la ritournelle en a visiblement gros sur la patate. Et quand Carlson se cale au piano, c'est pas pour apprendre à en jouer, "Sonar And Depth Charge", filiation directe avec le minimalisme qui l'osbède, deux notes à nue qui résonnent dans le vide, encore presque trop rapides pour bien profiter des silences, mais dont la répétition à l'infini provoque une sorte d'hypnose engourdissante, si bien que la moindre variation qui surgit, rarement et sur la fin seulement, fait figure d'événement majeur. Est-ce bien Earth qu'on entend toujours dans ce martèlement abruti de piano ? Quand surgit "Coda Maestoso in F(Flat) Minor", impression de déjà vu. Mais oui, c'est à nouveau l'Intro, le disque aurait tourné en rond dans les dunes ? Non, cette fois des couleurs différentes surgissent de suite, l'orgue remonte à la surface sans se faire désirer et se met lui aussi en boucle, règle son pas sur le pas de ce riff indiscutable pour avancer sans relâche. Et d'un coup, oh surprise, tout se lâche dans un solo de guitare qui ne demandait que ça, une jouissance, un orgasme vers lequel tout se tendait depuis le début. Ce morceau parfait, dernier de Earth avant de longues années, ressurgira logiquement lors de la résurrection comme un des classiques de Dylan Carlson, qui pour le moment, arrête son engin, et disparaît au loin dans le fuzz, dans son propre brouillard.

note       Publiée le samedi 4 août 2012

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    commentaires

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    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    Il est resté FRAIS, comme la carrosserie vert pomme de sa Plymouth Barracuda.

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    Rendez-Moi2 Envoyez un message privé àRendez-Moi2

    Il restera incroyable à jamais, et cette fin mêlant poussière et lave solaire.

    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Je confirme, c'est tellement beau le Roi-Bourdon qui se prend pour Phil Niblock.

    Raven Envoyez un message privé àRaven
    avatar

    Écouter "Crooked Axis For String Quartet" en boucle en regardant le ciel vide...

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    Demonaz Vikernes Envoyez un message privé àDemonaz Vikernes

    Le meilleur disque de Earth à écouter en bagnole. Assez varié, pas de titres à jeter, un final parfait. Encore une belle réussite.

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