Au programme de ce 7" : la libération par la peur. La chirurgie sonore, une décennie avant IRM. Par les machines, par les découpages soudains, par les cris disproportionnés d'un Eraldo à la gorge ensanglantée. Inutile de chercher un sens aux textes en anglais approximatif dont la ridicule complexité (Kenji Siratori avant l'heure) ne sert qu'à alourdir l'ambiance scientifico-médicale de l'ensemble. Comme le disait un confrère, ce n'est pas tant les instruments en soi qui font la puissance et la singularité de Sigillum S mais la manière totalement hystérique et exhortatoire qu'ils ont de s'en servir. À mi-chemin entre les accumulations de textures métalliques d'Einstuerzende Neubauten et les construction bruitistes mystico-cathartique d'IRM, ils vont et viennent sur des chariots de fer, concassent dans des tunnels de réverbérations ruisselantes ; cisaillent métaux et chair avec égale ardeur dans un fracas d'étincelles, de limaille et de sang. La puissance de l'objet est décuplée par sa courte durée, même si ceux qui en redemandent trouveront leur bonheur sur Hallucinated Moisture Of Synaptic Slaughterhouse et Cybertantrick Quantum Leaps, tous deux un peu plus dilués dans cette terrifiante ambiance de morgue pas tout à fait inhabitée. À noter que la réédition Cdr comprend deux vieilleries plus ambient tirés de compilations du très controversé label AWB : l'obscur et percussif "Suck Inside Thee Ov Bulb" plutôt typique de l'époque (Memorandum, Deutsch Nepal, anyone) ainsi qu'un coda très lent et solennel proche des vieux Archon Satani. Bref, je ne vois pas ce qu'il vous faut d'autre, à part prendre rendez-vous.