Von Haulshoven › A Taste of Time

Comme toujours, c’est agréable d’écouter du Von Haulshoven. Même si Eppie E. Hulshof multiplie les réalisations musicales à un rythme d’enfer, il y a toujours un petit quelque chose d’attachant à travers chacune de ses œuvres. Peut-être parce qu’elles ont cette poésie analogue des années Phaedra ou Body Love. Une approche musicale chaleureuse, basée sur le rêve et la mélancolie. Mais toujours est-il que le synthésiste et bibitte de studio Hollandais réussi à tout coup à surprendre ou à émouvoir, lorsque ce n’est pas les deux, à chaque nouvelle parution et A taste of Time ne déroge pas de cette conclusion.
Avec A Classic Move, nous sommes en territoire connu. De délicats accords sautillent dans un univers cosmique à la Schulze, traversé par des souffles synthétisés qui se délectent parmi une ondée d’étoiles filantes. De subtiles et douces permutations cadencées, circulant en boucles, modifient un environnement séquentiel qui se nourrit de fines lignes de basses qui ondule parmi une mer d’accords scintillants. Des notes qui hoquètent dans un univers sonore légèrement rêveur et aux délices analogues proche du terroir de Klaus Schulze. Un beau titre qui ouvre un des albums très serein de Von Haulshoven. Realizer flotte dans une douceur cosmique entrecoupée par de lourdes réverbérations avec de beaux accords qui voltigent et dansent légèrement dans une nappe mellotronnée. En mi-parcours un lourd vent atonal balaie le mouvement, insufflant aux souffles synthétisés, qui roulent en boucle, une approche plus plaintive, alors que les délicats arpèges continuent leur hypnotique danse sur une structure qui devient plus moelleuse et rêveuse.
Over the Top est le morceau le plus animé de Taste of Time. Des pulsations aux amplitudes irrégulières pavent la voie à une séquence névrotique qui entreprend une étrange danse sautillante avec les pulsations d’ouverture. Une fascinante intro qui plonge dans un univers séquentiel anarchique où les accords fusionnent avec fracas, sur un tempo qui évolue vers une tangente aux voltiges nerveuses et un synthé aux solos bouclés. Des solos qui tentent de percer une opacité cadencée où les rythmes s’entrecroisent dans une discorde supervisé par un synthé agressif.
The Time Randomnizer est un superbe mouvement atonal qui valse sur un synthé flottant, aux rêveuses incursions de flûtes mellotronnées et d’une guitare solitaire qui se perd dans un cosmos sombre. Un doux moment de rêverie qui s’anime légèrement en toute fin, avec une superbe progression mellotronnée, qui ne brise en aucun moment cette tranquillité oisive. Un très beau titre qui défini la poésie qui anime Von Haulshoven.
Une lente intro dodécaphonique et lugubre ouvre l’épique The Taste of Coffee. Nous sommes plongés dans un néant sonore linéaire, truffé de réverbérations métalliques et menaçantes dans l’œil d’un cyclone aux rotations statiques. Après cette tempête sonore atonale, émerge une fine séquence qui ourle sous un mellotron flûté, qui évolue parmi de lentes oscillations. Une séquence feutrée et discrète qui s’agite finement pour entreprendre une course minimalisme étouffée, sous des ondes sinueuses métallisées dans un cosmos toujours aussi sombre et énigmatique, teintée d’une finale aux arpèges scintillants.
A Taste of Time est une belle incursion de Von Haulshoven dans un monde musical très poétique et doucereusement rêveur. Un voyage sonore au temps de l’analogue où l’inertie était l’apanage des valses cosmiques qui tournoyaient sans fin, tel un rêve qui n’aboutissait jamais. Un très bel opus qui plaira à coup sûr aux amateurs de l’époque Phaedra et Body Love.