Von Haulshoven › Between Live

Enregistré lors de différents concerts en Allemagne et en Angleterre, Between Live démontre la versatilité d’un artiste qui allie l’approche électronique d’une Berlin School à des éléments psychédéliques très près d’un Krautrock éthéré. Pour son 24ième album, Eppie E. Hulshof nous entraîne dans les méandres d’une musique plus atmosphérique où le rythme se moule à une approche plus cosmique, sur des sonorités très près des premières œuvres de Klaus Schulze, période Blackdance et Picture Music ainsi que d’Ashra et les premières moutures de Tangerine Dream.
Des arpèges isolés planent en ouverture de Dark Stress. D’entrée de jeu, Von Haulshoven nous plonge dans ce chaleureux univers analogue des années 70 avec un doux synthé aux ondes flottantes qui valsent dans un univers sonore aussi éclectique qu’atonal, avec ses balbutiements analogues qui rappellent autant Ways of Changes du maître Schulze que les errances psychédéliques d’un Pink Floyd éthérisé. L’intro de Between Live est aussi hallucinogène qu’hétéroclite avec cette nuée de sonorités électroplasmiques qui pavent la voie à une étrange ode psychédélique parsemée de vagues synthétisées qui roucoulent sous une mer étoilée de stries aux sonorités analogues fragmentées, comme à la belle époque d’un Schulze expérimental où la sonorité d’une orgue malfamée régnait dans une discorde musicale. Au travers cette pigmentation sonore se développe de douces strates aux délires valsants d’où émerge une cadence minimalisme qui sillonne ce néant synthétisé, truffé de brefs solos aussi mélodieux que chaleureux qui traversent une constellation sonore dont l’écho des séquences s’arrime aux résonnances magnétiques qui déferlent parmi de suaves strates enveloppantes. Du délire Schulzien juxtaposé par l’approche audacieuse d’un Von Haulshoven parfois troublant, tantôt émouvant. Un titre qui se déguste avec les écoutes, comme plusieurs titres de Von Haulshoven.
Grunny Rain est tout simplement superbe. Une fine séquence dessine une tendre rythmique qui se faufile parmi des effets sonores analogues et une belle guitare au parfum de solitude et de mélancolie. On dirait une version plus doucereuse et rêveuse de Stardancer, mais avec une approche encore plus poétique. En mi-parcours la séquence s’isole pour se dandiner dans un cosmos sombre trituré d’effets sonores cosmiques, avant de replonger dans un univers musical plus lourd et plus dramatique avec un synthé lunaire, aux lentes réverbérations fragmentées. Un montage sonore coloré et très énigmatique qui se moule à une séquence devenue moins discrète et qui se déhanche en forme de spirale ascendante dans cosmos musical aussi ténébreux que caustique. L’intro de Space Echo nous entraîne dans d’obscurs corridors musicaux où l’atonie subsiste sur de belles sonorités d’orgues vieillots, débouchant vers de sombres tunnels sonores aux musicalités patibulaires. Sonorités éclectiques aux échos réverbérants, Space Echo se déroule sans rythmes, mais animé par une intensité sinueuse qui serpente tout au long de cette longue transe morphique. In Live conclût cette compilation de titres en concerts avec la même approche asthénique, sauf que les fins arpèges limpides qui s’entremêlent créent une spirale séquencée aux doux mouvements nuancés, donnant une étrange impression d’un rythme oppressé qui s’étouffe dans un néant de sonorités bariolés.
Between Live n’est pas aussi accessible que les autres œuvres de Von Haulshoven. C’est un album axé un peu plus sur les sinuosités cosmiques et les effets sonores autant galactiques qu’hétéroclites que les rythmes proprement parlé. Ceux qui aiment l’ambiant cosmique éclectique en seront ravis, de même que les fans de Schulze et Tangerine Dream de la première heure. Un album qui va aux confins des souvenirs enfouis par une technologie froide et qui en ressort avec une belle noblesse onirique, surtout sur Grunny Rain; un très beau titre.