À défaut d'en être vraiment un, le second album des Trettioåriga Kriget se veut chant guerrier. L'année qui s'est écoulée depuis la publication de leur premier disque éponyme leur a permis de roder le nouveau matériel sur scène avant de rentrer en studio afin de bénéficier d'une production nettement plus soignée. Là, comme toujours, la bataille fera rage entre les adeptes du fignolage à l'extrême et ceux qui privilégient les instants de vérité sans la moindre fioriture ; car "Krigssång" arrondit les angles un peu malgré lui, bien que le propos soit resté sensiblement le même. La balance entre les instruments permet aux discrètes percussions, aux nappes de mellotron et autres parties de guitare acoustique de se faire entendre là où autrefois il ne semblait y avoir de place que pour la distorsion d'une guitare électrique qui n'en demandait pas tant. Dans de telles conditions, on prend pleinement la mesure de la prétention du groupe suédois à nous proposer une musique finalement plus riche qu'il n'y paraît, bien que réfugiée derrière une atmosphère relativement pesante mais toujours introspective. L'oreille drillée notera au passage que la relative influence qu'exercait autrefois sur eux un groupe comme Van Der Graaf Generator laisse désormais sa place plus volontiers à des plans à la Yes (la section acoustique de "Jag Och Jag Och "Jag" ou encore certains passages enlevés de "Krigssång II", pièce incontournable et relativement speedée de l'album, entre "Roundabout" et "Tales From Topographic Oceans") ; on n'y perd pas vraiment au change, il s'agit juste de deux approches différentes qui permettront sans doute à chacun de tirer les conclusions qui s'imposent en fonction de nos sensibilités respectives. L'histoire du groupe ne s'arrêtera pas là, ô que non, mais contrariée par une brutale rupture de contrat voulue par leur label, c'est dans encore plus de confidentialité que le groupe va partir s'enterrer.