Mergener & Hoffmann-Hoock › Visions of Asia

Peter Mergener et Klaus Hoffmann-Hoock sont 2 pionniers de la MÉ Allemande. En 1989 Mergener, alors membre du regretté duo Software avec Michael Weisser, participait à l’album de Mind Over Matter; Trance’n’Dance. Depuis ils ont collaborés sur plusieurs projets musicaux. Visions of Asia est une réflexion personnelle de Peter Mergener sur ses nombreux voyages en Asie. Connaissant l’immense passion de Klaus Hoffmann-Hoock pour cette culture, il lui a demandé de participer à ce projet, en y apportant sa vision musicale. Il en résulte en un album où les points d’origines culturels des deux vieux complices se croisent pour donner un bel album d’une MÉ aux effluves aussi variés que les approches musicales de Mergener et Hoffmann-Hoock.
Une légère strate violonée pave la route à une guitare chinoise, qui pince ses cordes avec adresse, et un superbe mellotron flûté aux odeurs d’Asie. Tôt de sobres percussions donnent un rythme léger, style ballade, à Cinnamon qui roucoule sur un beau mouvement de basse. Circulaire, et à peine hachuré, le tempo est enveloppé d’une richesse sonore harmonieuse; un synthé dense, des solos aux milles vrilles, des harpes spiralées et un petit refrain à guitare chinoise qui vient nous hanter laissant une cicatrice sonore après chaque passage. Des perles d’eau carillonnée ouvrent Waterchimes qui devient un carrousel harmonieux où des notes aux timbres limpides envoûtent autant que l’écho des souffles des sirènes. Le mouvement mue avec une douceur infinie, tracée par avec une flûte enchantée sur un mouvement légèrement sautillant qui se vêt de ses plus belles strates harmonieuses. Le tempo hypnotiquement lent de Road to Mandaly nous amène plus près d’une civilisation tribale. Le mellotron et la guitare flotte dans une ambiance désertique où l’on entend de courtes jérémiades en intro. Le rythme devient plus soutenu avec de lourdes strates qui voltigent lascivement alors que le tempo accélère le pas pour tomber sous les foudres des puissants solos de guitares de Klaus Hoffmann-Hoock. Ouf! Tout un solo. On se croirait à la belle époque psychédélique de Mind Over Matter. Road to Mandaly est un incontournable pour tous fans de KHH.
Si Road to Mandaly est un titre très MOM, Dreams of Tibet est un titre très Mergener. Un titre doux et très lyrique où une intro aux atmosphères cosmiques se transforme lentement en un carrousel spatial qui flotte parmi des strates mouvantes aux délicieuses harmonies mellotronnées. Un beau titre d’une infinie tendresse qui rappelle les premières œuvres de Mergener. Deuda est un atonique cantique Hindoue sur sitar électronique. Shakti poursuit cette brève incursion en territoire nomade avec des percussions tribales qui perdent leurs effluves ancestraux pour épouser un tempo de plus en plus cadencé. Une étrange strate coupe l’atmosphère en deux pour faire basculer Shakti dans une ère plus moderne par le biais d’un séquenceur hachuré et des effets sonores qui mordent sur un rythme limitrophe au soft techno. Visions of China termine ce fabuleux voyage avec une intro atmosphérique qui initie une impulsion rotative sur des percussions et des notes à forte essence Chinoise. Claquantes, les percussions augmentent un rythme circulaire caressé par un mellotron aux harmonies nostalgiques.
Visions of Asia est un gros titre. Mergener et Hoffmann-Hoock ont réussi à écrire 7 histoires d’une beauté sculpturale. Des superbes mélodies aux atmosphères et ambiances cosmiques à la fois féeriques et astrales. Une symbiose auditive d’une grande création où la sensibilité flirte avec la nostalgie. De la grande musique par deux légendes qui ont poussés les limites de la créativité au-delà des acquis et de leurs réputations. Visions of Asia est certes l’un des bons albums de MÉ en 2006. J’espère simplement que nous n’aurions pas à attendre un autre 20 ans avant d’entendre une autre collaboration de ses 2 légendes de MÉ.