Wasteform › Ignorance through sovereignty

Putain... ça a l'air décidément super dur de faire du bon brutal death, surtout aux états-unis. Déjà, faire du brutal death, ça doit être costaud. Moi qui suis batteur par exemple je me demande bien comment vibrer à cette vitesse sans se chier dessus. Par ailleurs comment ce fait-il que tous ces groupes ne passent pas leurs journées au tribunal pour vols de riffs les uns aux autres??? Et puis le brutal death est tout de même une musique aux alchimies véritablement mystérieuses: frapper aussi vite et jouer aussi fort, avec des accords aussi sombres et des vocaux aussi extrêmes et un son aussi abyssal sans pour autant se faire lever le moindre atôme de puissance, de violence ni même d'efficacité, ça nécessite, sans aucun doute, une science des vacuités musicales particulièrement avancée. Heureusement pour nous, Xtreemmusic nous a déniché un groupe d'américains peu doués en la matière; à ce point à côté de la plaque qu'ils ignorent même les poncifs les plus pénibles et représentatifs du genre. La voix par exemple : où sont ces rots informes et grotesques à base de "bibubobaaa" qui engluent tout bon disque de US brutal death qui se respecte?? Ici c'est très guttural certes, mais on comprend ce qui se passe, et même, malgré cette gravité, les vocaux gardent une violence ravageuse et hurlée qui se souvient du mot brutal, dans "brutal death". Et c'est pareil pour la vitesse! Y a bien ces enchainements surspeed et ces breaks hallucinants, ces ruptures de rythmes totalement radicales et ces effets de pas d'éléphants... mais rien à voir avec cette habituelle sensation de n'importe quoi... pire: les parties semblent fonctionner entre elles, comme si un morceau de musique pouvait notamment se constituer et s'enrichir des rapports dynamiques étudiés entre ses différentes parties??!!? Alors voilà : en lieu et place de ce décor de porcherie peuplée d'animaux abrutis et fourrant leur groin dans tous les coins possibles, on se retrouve avec de la noirceur, des gouffres, des pures baffes dans la gueule et une authentique dimension d’agressivité malsaine. Mais le plus abusé, c'est sûrement ces coups d'arpèges claires aux mélodies belles et sombres qui reviennent nous remettre une couche d'ambiance, comme si elles repeignaient les murs de la grotte avec de la houille pour mieux nous permettre de nous faire écraser par le morceau qui suit. Les riffs sont bien US brutal death, ça c'est clair: extrêmement rapides et glauques, entrecoupés de breaks coups de poings et frisant la folie hystérique et débile... seulement faut pas déconner : ceux-là expriment quelque chose, leurs mélodies sont efficaces et les fameux breaks ne sont là que pour mieux nous retourner après que le riff nous a cuit la première face, plutôt que d'être à la fois super pénible, et de servir d'alibi de complexité et de démonstration technique. Non vraiment, je vois pas... je vois pas ce qui a poussé les quatre musiciens de Wasteform dans les rues du US brutal death parce-que visiblement, malgré leur bonne volonté incontestable et l'indéniable ressemblance de leur musique avec le genre convoité, ils ont oublié l'essentiel : le ridicule...